Citations sur Laura Antonelli n'existe plus (20)
Une chaleur torride, africaine, pesait sur Rome.
Elle calcinait les pelouses, chauffait le bitume à blanc et vidait les rues. À certaines heures, l'ombre semblait immobile.
"On perd toujours son temps à vouloir comprendre les autres."
Avec d’autres collègues, on pourchassait les célébrités dans la rue, on les photographiait à la volée, à leur insu souvent, on s’ingéniait à les énerver, on les poussait à bout, le résultat n’en était que meilleur.
Hormis les cigarettes qu’elle consumait l’une après l’autre, elle n’avait aucun besoin et passait la plupart de ses journées à lire, à aider ses prochains, dans l’oubli de ce monde du spectacle « artificiel et frivole » qui renvoyait, disait-elle, une image « dégradée » de la femme. D’ailleurs, elle avait jeté sa télévision, craignant de tomber à l’improviste sur une rediffusion de l’un de ces films, cette part légendaire, déshabillée d’elle-même, qu’elle rejetait.
Dans la vie de Laura A. il y avait eu ce chaos, cette arrestation violente, arbitraire, à son domicile, dans la nuit du 26 au 27 avril 1991. Une nuit froide et lugubre en parfaite résonance avec les faits qui s’y produisirent. Elle avait quarante-neuf ans.
J’avais eu plusieurs vies, superposées, calquées l’une sur l’autre, qui me laissaient une sensation d’envasement. J’avais aimé Anna, pendant dix ans elle avait accaparé toutes mes pensées, maintenant qu’elle n’était plus là, son souvenir s’évaporait, sans plus d’imprégnation que l’empreinte d’un pas dans le sable.
Au centre de l’histoire, il y a une femme, elle souffre d’amnésie, la nuit, elle s’en va marcher seule dans Rome, se rend à des soirées privées à la recherche d’une autre femme qui pourrait très bien être son double… celle qu’elle était autrefois et qui se serait perdue en route.
« Laura prisonnière à domicile » Tout était résumé là, sous la forme d’une procédure chorale, tous ces raccourcis journalistiques déroulaient dans leur sécheresse la chronologie d’une lente déchéance sociale.
Vous savez, l’Italie ce n’est pas toutes ces cartes postales idylliques qu’on vend aux touristes du monde entier, ce n’est pas ce que les gens croient, c’est aussi le juge Falcone, Aldo Moro, le général dalla Chiesa… et sous les soleils palermitains l’ombre régnante de la mafia.
D’après lui, ce n’était ni le sexe ni l’argent qui gouvernaient le monde mais la laideur, tous ces gens laids qui font payer aux autres leur rancœur, leur amertume, leur incapacité à s’inscrire dans des rapports harmonieux de séduction, en réaction ils s’acharnent à détruire tout ce qui est beau, envoûtant, attrayant, tout ce qui les renvoie à leur propre disgrâce. « Regardez combien de gens moches, très moches chez les juges, chez les tyrans, les dictateurs, avait-il ajouté, pour moi, ce n’est pas sans rapport. »