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Citations sur Manuel de guérilla à l'usage des femmes (3)

Aux Etats-Unis, la bonne mère de famille se doit de concilier dévouement à sa famille et vertu civique et religieuse. Confectionner les gâteaux d'anniversaire, cultiver un potager bio, rester séduisante en toutes circonstances pour conserver l'amour de son mari et l'admiration de la société. Chez nous, Nadine de Rothschild ne nous dit pas autre chose. La femme mariée doit tendre à la perfection en tout, mariage, famille, intérieur, travail. Depuis des millénaires, l'ordre social repose sur cette soumission des femmes.
Mais les choses se déroulent rarement comme on le lui a fait croire.
La première surprise, la femme la connaît lors de son accouchement. Personne ne lui avait dit que c'était si abominable. La violence d'une naissance l'estomaque. Mais elle a été conditionnée à se taire et à endurer : comment se plaindre de ce que des milliards de consoeurs ont connu avant elle ? Donc, elle se tait.
La deuxième surprise vient de la découverte qu'être mère et femme suppose de jouer les superwomen. D'autant que - et c'est la troisième surprise - même élevé par la mère la plus féministe qui soit, le Prince Charmant, il l'est toujours, mais pour d'autres.
Le meilleur reste à venir avec l'âge, quand le Prince charmant, bien qu'un peu décati, part exercer ses charmes ailleurs. Quand, à force d'entendre leur mari les discréditer, beaucoup de femmes se retirent du marché de la compétition sexuelle, qu'elles ont fini par abhorrer. Elles vous déclarent qu'elles ont fait une croix sur leur sexualité. En réalité, elles ont renoncé de peur d'être une nouvelle fois déçues et trompées. Elles ont d'autres centres d'intérêt. Finalement, leur nouvelle vie leur plaît : beaucoup de liberté, des petits-enfants adorables, dont elles s'occupent avec mesure. Pas question de devenir une nounou bis. La quinqua a sa vie. Et d'ailleurs, elle n'est pas disponible : son emploi du temps est bourré à bloc. Si on veut la voir, il faut la prévenir.
Certaines se tournent vers des amitiés féminines, voire une relation homosexuelle, qui ne correspondait pourtant pas à leur orientation initiale. Le lesbianisme des femmes mûres est chose courante aux Etats-Unis et en Scandinavie. Réticentes au début, certaines femmes se rendent compte que personne ne les comprend mieux qu'une autre femme, sur tous les plans. Et puis, leurs relations sont plus complètes : il y a entre elles de l'amitié sincère, une vraie affection, de la solidarité, une complicité. Rien à voir avec ce qu'elles ont connu avec leurs partenaires masculins, qu'elles décident de bannir définitivement de leur existence au motif que "les mecs sont vraiment trop insupportables".
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Prendre sa revanche. Combien en ai-je vu de ces femmes qui, à mi-vie, deviennent enfin libres, nomades, fières d'affirmer leurs goûts ? Ce n'est qu'après quarante ans que la plupart d'entre elles osent revendiquer leur droit fondamental d'être elles-mêmes. Elles se rendent compte que leurs plaisirs et leurs dons, longtemps niés parce qu'il fallait se consacrer au mari, aux enfants, ne demandent qu'à s'épanouir. Qu'elles peuvent enfin se consacrer à ce qu'elles ont toujours eu envie de faire. Sculpter, peindre, chanter, voyager, écrire, voir leurs copines et leur famille...
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Toutes les femmes connaissent ce passage terrifiant qui signe leur entrée dans une autre ère, cette première mort qu'il leur faut affronter, pour renaître différente ou pour renoncer. Dans Les liaisons dangereuses (publiées en 1782!), Choderlos de Laclos écrit ceci : "Il n'est pas vrai que plus les femmes vieillissent et plus elles deviennent rêches et sévères. C'est de quarante à cinquante ans que le désespoir de voir leur figure se flétrir, la rage de se sentir obligées d'abandonner des prétentions et des plaisirs auxquels elles tiennent encore, rendent presque toutes les femmes bégueules et acariâtres. Il leur faut ce long intervalle pour faire entier ce grand sacrifice."
Trois siècles plus tard, la santé éclatante des quinquagénaires, les moyens dont elles disposent pour retarder l'échéance chronologique ne rendent pas ces propos anachroniques pour autant : les femmes se doivent toujours de refuser l'inéluctable le plus longtemps possible. Accepter que l'âge inscrive son empreinte sur les visages et les corps est perçu comme une forme de relâchement, presque d'indécence.
On ne dira jamais assez le rôle délétère que les magazines féminins jouent dans ce processus de dévalorisation de la maturité, avec leurs mannequins prépubères, leurs photos systématiquement retouchées, leurs publicités encensant la jeunesse sous toutes ses formes, avec toujours le même leitmotiv : "effacez les ravages du temps", "rajeunissez". La femme de cinquante ans se doit de nier le passage du temps, de lutter et de continuer à faire bonne figure, alors que l'inéluctable physiologie du vieillissement est déjà à l'oeuvre en elle.
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