Pendant qu'elle débouchait ses flacons, répandait ses poudres, Anouna ne cessait d'examiner les choses autour d'elle. De nombreux enfants trottinaient à travers les salles et les corridors, menant parfois un beau tapage. La parfumeuse ne leur avait tout d'abord prêté qu'une attention distraite, à présent elle était en train de réaliser qu'ils étaient tous de sexe féminin. Il n'y avait que des filles. Des gamines dont les age s'échelonnaient jusqu'à dix ans, et qu'on avait paré de bijoux de grande valeur. Des filles...pas un seul fils. C'était étrange.
Ce furent les miaulements qui réveillèrent Anouna.
Les miaulements chats, et l'odeur du sang.
D'instinct, dans les brumes du sommeil, elle sut qu'on attaquait la caravane à la faveur des ténèbres. Elle demeura figée sur sa natte, emmitouflée dans la couverture qui la protégeait fort mal du froid glacial de la nuit du désert. Sa première réaction fut l'incrédulité, et elle essaya de se convaincre qu'elle rêvait. Pourquoi s'en prenait-on à eux alors que les chameaux ne transportaient que des chats dans des paniers ? Une centaine de félins aux prêtres zélateurs de la déesse Bastet à Boukaris ? C'était absurde. Généralement, les pillards convoitaient des marchandises autrement plus précieuses.
Ma position est fragile, mais je le protégerai jusqu'à son dernier souffle, parce qu'il se croit devenu très fort alors qu'il n'est qu'un colosse aux pieds d'argile !