Pour avoir lu
Gema (2021) du même auteur, je ne suis guère dépaysée.
Ça aussi, ça passera baigne dans la même atmosphère estivale de Catalogne, qui n'est pas sans rappeler les films d'Almodovar. On y retrouve la protagoniste, Blanca, qui atteint ses 40 ans. Elle partage toujours sa vie entre ses deux fils, ses ex et son amant.
Mais si la vie continue, elle est toutefois affectée par la mort de sa mère. Elle conjure son chagrin avec son amant, et une activité sexuelle trépidante, d'une part, et d'autre part avec ses amis qui la suivent à Cadaquès pour y passer l'été. Ce sont les vacances, la maison est pleine à craquer, les ex organisent des sorties en bateau, on fait la fête, mais le coeur n'y est pas.
Ce roman comme le précédent,
Gema, est court, 175 pages, et écrit pareillement dans un style débridé, sans tabou, et avec une bonne part d'autobiographie. Dans les deux récits, on observe un contrepoint à la vie frénétique de la narratrice : la mort, dans le premier, celle d'une amie d'enfance, dans le second, celle de la mère. C'est par contraste que s'exprime la dimension tragique de l'existence.
L'écriture est vive, fluide bien qu'elle abonde en aphorismes. Les pages se tournent d'elle-mêmes. Il n'y a pas de temps mort, et pourtant beaucoup d'introspection et de nostagie parfois. C'est le présent, mais au point mort, qui prévaut sous le puissant soleil catalan. La narratrice adresse son monologue à sa mère. Elle fait le bilan de ce qu'elle lui a transmis. Une ressemblance entre mère et fille se dessine. Elles partagent la même philosophie très libre de la vie. Au-delà de la mort, Blanca lui communique tout son amour. Elle semble tenter ainsi d'apprivoiser son absence. C'est pour elle une nouvelle vie qui commence, celle d'une orpheline.
Publié aux éditions Gallimard dans la collection du monde entier, le livre est pourvu d'une très belle jaquette qui correspond parfaitement au contenu avec ses couleurs chatoyantes.
Le prochain roman sera-t-il pour bientôt ?
Milena Busquets imaginerait par exemple son héroïne à l'aube de la cinquantaine. Elle ferait un nouveau bilan alors que son grand fils quitte le giron maternel. Ou bien la mort aurait-elle frappé une nouvelle fois? J'enchaînerais bien tout de suite ...