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Octavia Butler est une auteure dont j'ai beaucoup entendu parler dans l'essai ‘Libère-toi cyborg !' d'Anne Larue. J'avais noté la trilogie Xenogenesis qui, à l'époque, n'avait pas encore été traduite. Au Diable Vauvert a publié le premier tome l'année dernière. J'espère que les 2 autres suivront prochainement car j'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman et j'ai hâte de découvrir la suite.

Le roman débute plusieurs siècles après une guerre nucléaire qui a relégué l'humanité au statut d'espèce en voie de disparition. Les survivants ont été sauvés par une civilisation extra-terrestre, les Oankali.

Lilith s'éveille d'un long sommeil et on découvre en même temps qu'elle ce que sont les Oankali ainsi que leurs intentions. Rapidement, celle-ci comprend qu'ils ne sont pas des sauveurs désintéressés. Il y a un prix à payer et il est considérable.

Les Oankali lui confient la mission délicate d'éveiller un groupe d'humains afin de les préparer à retourner vivre sur Terre (du moins ce qu'il en reste). Ce sera loin d'être une sinécure pour Lilith. Les humains – malgré leur capacité destructrice – auront toutes les peines du monde à accepter leur inéluctable destin.

D'un côté, rien de nouveau sous le soleil dans le sens que les réactions humaines et la façon dont tout se passe au sein du groupe n'a rien de surprenant.

D'un autre côté, j'ai été fascinée par la description des aliens. Ils sont suffisamment étoffés pour comprendre leurs motivations sans jamais vraiment les appréhender en tant qu'individus. J'ai beaucoup aimé leur complexité. Les non-dits font passer le message que ce n'est plus l'humain qui est aux commandes. Il a obtenu le triste privilège de figurer sur la liste rouge de l'UICN (avec le statut « en danger critique »).

Un excellent roman et une écriture qui a de la poigne. Octavia Butler est une auteure à connaître.



Challenge XXe siècle 2023
Challenge mauvais genres 2023
Challenge multi auteures SFFF 2023
Challenge plumes féminines 2023 (26)
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Lilith Iyapo se réveille. Ou plutôt s'éveille. Une nouvelle fois. Seule dans une pièce à l'ameublement minimaliste. Elle ne sait pas qui l'a enlevée. Ni pourquoi, ni ce qu'elle fait là. Elle se rappelle juste sa vie d'avant. Et que la guerre a décimé la grande majorité de la population terrestre. Mais elle a survécu. Pourquoi ? Pour quoi faire ?

L'Aube est le premier tome d'une trilogie, Xenogenesis, publiée originellement de 1987 à 1989. Les éditions au Diable Vauvert, dans leur volonté de proposer aux lecteurs français les textes d'Octavia E. Butler, ont fait traduire cette oeuvre inédite par Jessica Shapiro. C'est cette dernière qui avait révisée la traduction de Liens de sang, texte magistral par lequel j'ai découvert Octavia E. Butler. Et c'est une chance pour nous autres. Moi, en particulier, qui ne lit pas l'anglais couramment.

Dans ce roman, on oublie le passé pour se diriger vers un futur totalement imaginaire. Les guerres ont ravagé la Terre qui est devenue inhabitable (ça, malheureusement, c'est crédible). Des extraterrestres ont récupéré certains humain.e.s pour les sauver. Ils semblent avoir du mal à supporter qu'une « race » disparaisse et interviennent donc pour en récupérer des représentant.e.s. Tout ceci est très louable. La suite l'est peut-être un peu moins. Cela reste à voir et fait le centre de ce récit d'Octavia E. Butler. Encore un de ses cas de conscience cornéliens. Pour le moins.

Ce qui m'avait vraiment beaucoup plu dans Liens de sang, c'est le dilemme moral auquel était exposée la protagoniste principale. Devait-elle travailler avec Le Blanc, symbole de pouvoir et surtout d'oppression ? le jeu en valait-il la chandelle ? On retrouve ce questionnement fort dans L'Aube. Lilith (quel prénom que celui-là, avec toute sa charge mythique que l'autrice ne pouvait ignorer) va apprendre à vivre avec les extraterrestres. Ils l'ont sauvée mais ils la gardent prisonnière. Elle est traitée sans violence mais comme une prisonnière. Ou un animal. Enfermée. On fait sur elle des expériences. Quand elle ne supporte plus sa condition, on l'endort à nouveau. Puis on l'éveille à nouveau. Je pense que si un être humain était ainsi traité par d'autres, on contesterait ce traitement.

Malgré tout elle est en vie. Et peu à peu, les extraterrestres vont la faire vivre avec eux. Un peu comme la jeune Andrea Cort que l'on découvre dans Émissaires des morts d'Adam-Troy Castro et qui vivait dans une colonie mixte (avant le grand massacre). Puis, ils vont finir par lui demander plus. Ils vont lui demander de collaborer. Car leur but est non seulement de conserver des spécimens de toutes les « races », mais aussi de bénéficier de leur patrimoine génétique. En le mêlant au leur. Comment doit réagir Lilith ? Doit elle contester ? Se battre ? Mettre fin à ses jours ? Comment accepter cette condition ? Comment accepter de vivre avec ses geôliers ? Est-ce une question de survie et de bon sens ou est-ce amoral ? D'autant qu'on lui offre le retour sur une Terre à nouveau viable en échange. Que de questions que se pose Lilith et nous avec elle. Je dois avouer que c'est toute la richesse de cette autrice que de m'amener à me questionner sur de telles situations. Et de ne pas savoir quoi répondre. Car une fois encore, Octavia E. Butler se montre d'une grande finesse dans son traitement de la question. Pas question de nous montrer un point de vue unique, de nous faciliter la tâche en nous indiquant les gentils et les méchants, la marche à suivre. À nous, lecteurice, de nous débrouiller avec ça et de trancher. En espérant ne jamais se trouver devant un tel choix.

La lecture de Liens de sang m'avait convaincu qu'Octavia E. Butler était une grande autrice, mais elle aurait pu n'être la romancière que d'un seul grand roman. L'Aube m'a prouvé qu'il n'en était rien et que c'est une autrice qu'il me faut absolument lire et relire. Je commencerai bien évidemment par le deuxième tome de cette trilogie, L'initiation (prévue pour mars- avril) et Imago (octobre).
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Encore peu connue du public français, l'américaine Octavia Butler peut compter sur la farouche détermination de son éditeur pour remettre son oeuvre sur le devant de la scène. Depuis quelques temps maintenant, Au Diable Vauvert s'est mis en tête de rééditer ses romans les plus célèbres, comme La Parabole du Semeur et sa suite, La Parabole des Talents, ainsi que Liens du Sang récemment adapté en série TV par la chaîne FX.
Mais ce n'est pas tout puisque c'est maintenant au tour de L'Aube, premier volet d'une trilogie de science-fiction encore inédite jusqu'à récemment dans l'Hexagone, de connaître les honneurs d'une traduction française sous la houlette de Jessica Shapiro.
Octavia Butler n'a pas fini de nous surprendre…

La fin d'une ère…
Les choses commencent mal. du moins pour la Terre.
Dans un accès de folie collective, les humains se sont entretués.
Une catastrophe prévisible au milieu d'une Guerre Froide qui n'attendait pas grand chose pour passer en mode apocalypse nucléaire.
Heureusement, une race extra-terrestre qui passait par là s'est mise en tête de récupérer les survivants pour les maintenir en animation suspendue dans l'attente de la lente régénération de la planète Bleue.
C'est ainsi que débute l'histoire de Lilith, l'une des survivantes en question, qui se retrouve nez à nez (ou plutôt nez à tentacules) face à l'un de ces énigmatiques bienfaiteurs venus d'ailleurs.
La rencontre est rude puisque les Oankalis ne sont que vaguement humanoïdes avec un corps volontiers recouverts d'appendices semblables à des lombrics et des bras surnuméraires comme d'immenses tentacules menaçantes.
Pour établir un premier contact et éviter la crise de panique à notre survivante, les Oankalis ont décidé de confier cette tâche à un certain Jdahya, un de leurs membres dont le schéma corporel se rapproche le plus possible de la morphologie humaine. du moins de loin.
Peu à peu, Lilith va surmonter sa terreur initiale et comprendre qu'elle a à faire une race intelligente extrêmement avancée mais aussi complètement différente de la sienne. Manipulant l'ADN et les structures biochimiques avec la facilité d'un enfant s'amusant avec des briques de Lego, les Oankalis voyagent à travers l'espace dans des vaisseaux vivants et s'hybrident avec les peuples qu'ils rencontrent. Ne parlons même pas de leur acceptation de la notion de famille qui relève davantage du polyamour que de la cellule nucléaire traditionnelle à l'américaine.
Évidemment, le sauvetage de la race humaine et la volonté de les réintroduire sur leur planète remise à neuf n'a rien d'un acte altruiste et désintéressé car les Oankalis comptent bien tirer profit de la situation en fondant les deux races en une civilisation nouvelle et meilleure.
Lilith sera l'une des pionnières en la matière, héritant ainsi d'une tâche peu commode : éduquer les humains et les éveiller à la nouvelle ère qui se lève.
Autant dire que si vous aimez les romans de premier contact, Octavia Butler risque de devenir votre nouvelle idole tant L'Aube vous réserve de surprises dans son déroulement comme dans les réflexions qu'il offre.
Mais surtout, le récit se permet une ambiguïté réjouissante qui devrait faire pâlir le plus woke/conservateur des lecteurs puisque l'Américaine n'a pas du tout une pensée binaire et aime jouer sur les niveaux de gris lorsqu'elle s'attaque à des conflits moraux, raciaux et sociaux.

… de plein gré ?
L'aspect le plus fascinant, et certainement aussi le plus dérangeant, c'est bien évidemment la relation entretenue par Lilith et ses geôliers, les Oankalis. Il s'agit ici clairement d'une position dominé/dominant mais qui n'est pas du tout clair dans son abord moral puisque tout ça va bien au-delà des méchants dominants et des gentils dominés. Octavia Butler réfléchit aux mécanismes qui se mettent en place entre humains et extra-terrestres disséquant patiemment la nature des uns et des autres, de ce que les différences corporelles et mentales peuvent faire pour séparer (ou rapprocher) les deux espèces. Elle pousse si loin sa réflexion qu'elle la fusionne avec les questionnements liés aux genres et au rôle de la sexualité dans la capacité d'une personne à en dominer une autre. le viol redevient la traduction littérale d'un asservissement de l'autre et la notion même de consentement se brouille quand on commence à aborder les étranges coutumes des Oankalis.
Ceux-ci comptent des membres mâles et femelles ainsi qu'un genre tout autre appelé Ooloi. Ces derniers jouent un rôle complètement inédit pour les humains et c'est avec l'un d'entre eux, Nikanj, que Lilith va finir par s'unir.
Outre l'aspect physique dérangeant que peut revêtir cette relation, c'est l'utilisation de drogues et autres substances chimiques qui va venir titiller l'esprit du lecteur qui n'aura de cesse de se demander si toutes les décisions des personnages humains en contact avec les Oankalis sont uniquement de leur fait ou s'il ne s'agit en somme que de manipulation.
Dérangeant, vous avez dit ?
Octavia Butler n'aime pas la facilité, elle l'a déjà prouvé dans La Parabole du Semeur ou dans sa sublime nouvelle Les Enfants du Sang.
L'Aube poursuit et magnifie sa réflexion sur la dépendance à la domination et comment l'enfantement peut devenir une forme d'entretien de l'esclavage, la femme transformée en incubateur pour une nouvelle génération de dominés. L'un des points les plus perturbants du récit reste que tout nous est narré du point de vue de Lilith, elle-même modifiée et droguée à plusieurs reprises par les Oankalis qu'elle finit par accepter ou, du moins tolérer. Mais dans quelle mesure les actes de l'héroïne sont-ils libres ? C'est ce qui ronge l'esprit des nouveaux humains qui l'entourent.
Outre ce dilemme moral profond, c'est l'inventivité de Butler qui fait des merveilles. La société Oankali et sa façon de penser les choses, avec l'hybridation comme réflexe civilisationnel. C'est aussi le sexe et tout ce qui s'y rattache, une nouvelle façon d'aimer l'autre et de l'accueillir en soi qui n'ont rien de confortable pour le lecteur. Lilith et d'autres humains ressentent constamment un mélange étrange de dégoût-haine-amour-excitation pour les Oankalis qu'ils côtoient.
Ce premier volet, aussi passionnant que malaisant, laisse nombre de réflexions en suspens qui ne trouveront leur suite logique que dans un second volet se déroulant bien des années plus tard sur une Terre retrouvée. Octavia Butler a encore bien des choses à dire…

Formidable roman de premier contact mais aussi véritable plongée philosophique et anthropologique autour des rapports dominants/dominés, L'Aube est un roman de science-fiction indispensable qui semble parmi les plus pertinents à lire et relire à l'heure actuelle.
Impressionnant !
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Octavia Butler est une autrice dont j'apprécie beaucoup le travail. C'est pour moi l'un des plus grands auteurs de SF, j'étais donc ravie de voir se publier une saga inconnue en France. Merci aux éditions du diable Vauvert. L'aube, premier tome de Xenogenesis, aborde toutes les thématiques que j'aime. Alors qu'en ai-je pensé ?

Nous suivons Lilith, une femme qui se réveille d'un long sommeil. Elle découvre que l'espèce est en voie de disparition. Les rares survivants ont été récupérés par les Oankalis, des extra-terrestres prêts à donner une seconde chance aux humains. Mais sont-ils aussi désintéressés que cela ? Au contraire, ils sont fascinés par le génôme humain et souhaitent se mélanger en créant des enfants hybrides. Autant vous dire que cela fait beaucoup d'informations à intégrer pour Lilith malgré ses remarquables capacités d'empathie et d'adaptation. Car la première réaction en rencontrant ces êtres à tentacules est souvent l'horreur et le rejet face à altérité perçue comme monstrueuse. Difficile acceptation, il n'y a d'autre choix que la cohabitation. Une fois de plus complexe, car le caractère faussement affable des Oankalis n'invite pas à la confiance. Lilith se sent prisonnière et manipulée, mais d'une manière presque douce, ce qui rend le récit très ambigu par moments.

Elle finit cependant par être autorisée à libérer quelques autres survivants. Elle a beau les trier sur le volet, c'est une situation intenable pour certains d'entre eux. Octavia Butler ne met pas en scène une vision reluisante de l'humanité. La plupart des survivants sont violents, le premier réflexe de certains hommes est de violer les femmes. L'autrice met en opposition la brutalité inhérence de la nature humaine à celle plus douce, mais dominante, des oankalis. C'est d'autant plus renforcé que l'humanité s'est autodétruite dans une guerre nucléaire, bien que ce ne soit pas le coeur du roman. Très vite, le groupe humain connaît des scissions, tente de se retourner contre Lilith, contre les oankalis, alors mème que les chances de survie sont quasi nulles. Ce premier tome pose la question : les humains seront-ils à la hauteur ? L'humanité vaut-elle la peine d'être préservée ?

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde. Il nous plonge dans la psyché de Lilith avec une grande acuité. Ce n'est pas un roman axé sur l'action, contrairement à beaucoup de récits qui mettent en scène des extra-terrestres. du début à la fin, il est difficile de déterminer avec certitude comment considérer les Oankalis, une incertitude partagée également par Lilith. Leur nature révèle une sorte de froideur clinique, empreinte d'une forte dose d'analyse. Paradoxalement, il est pourtant aisé de s'attacher à eux, de souscrire à leurs nobles intentions, ce qui engendre une tension interne et un certain malaise. Ce malaise est très bien décrit par l'écriture précise de l'autrice, qui prend du temps pour décrire comment son personnage se sent dans cet univers singulier.

Lilith est immergée dans le quotidien d'une famille Oankali. Ils forment des familles de trois personnes : un couple composé d'un mâle et d'une femelle, ainsi qu'un ooloi, être sans genre ni sexe mais dont le rôle est de mélanger les gènes pour faire naître de nouveaux individus. Partagée entre dégoût et fascination, Lilith est celle qui comprend le mieux les extraterrestres, ce qui l'éloigne des humains. Elle est désignée comme une sorte de commandante, mais comment être à la tête d'une troupe qui vous considère comme une traître à l'humanité ? L'autrice tisse une histoire complexe autour de la figure centrale hautement symbolique de LIlith, celle qui sauve et en même temps sonne le glas des humains.

Un roman rare, d'une grande sensibilité et d'une grande finesse. Octavia Butler aborde la thématique de l'altérité et de la survie de l'humanité à travers l'histoire de Lilith. Lilith est une figure forte, partagée entre la méfiance et son empathie pour les oankalis, une race bienveillante mais ambiguë, constamment dans une forme de manipulation, de domination, douce. le personnage principal est désigné comme le chef, mais sa position révèle vite les affres de l'humanité, profondément violente, posant la question de la nécessité de conserver les humains comme elle est.










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Wouah !

L'héroïne, c'est Lilith, afro-américaine de 26 ans, enfin, à plus ou moins 250 ans près !

On rencontre Lilith alors qu'elle s'éveille (encore une fois) d'un (très) long sommeil dans un univers étrange, et on découvre en même temps qu'elle ce qui s'est passé sur Terre, comment elle a été sauvée, ce que sont les Oankali, et la vie quotidienne sur le vaisseau spatial.

Tout d'abord, c'est Jdhaya qui se présente à elle, et qui peu à peu, va lui donner les informations nécessaires sur la vie ici, sur leurs projets et surtout sur son rôle à venir : aider à éveiller un groupe d'humains pour retourner sur Terre. Mais d'abord, elle va vivre une période d'immersion dans la famille de Jdahya, et se liera plus particulièrement avec le jeune Nikhanj.

Ce premier tome prend fin avec l'expédition du premier groupe éveillé sur Terre, sans Lilith cependant, car de par son rôle, elle a été la proie de la haine de ses congénères.

J'ai adoré chacune des parties de ce roman, et plus particulièrement sa vie dans la famille Oankali. J'en ai vraiment voulu à cette bande de débiles d'humains de ne pas être capables de réfléchir correctement aussi. Mais bon, comme l'ont dit les Oankali, le problème de l'humain, c'est la présence conjointe de deux caractéristiques : l'intelligence et la hiérarchie.

C'est en tous cas une découverte vraiment réjouissante pour moi que cet univers, j'ai hâte de connaître la suite !!!
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Chronique de Flingueuse : La chronique fantôme de Marianne pour Collectif Polar :
Rencontre du 3ème type
Que faire quand on est seul·e, peut-être la dernièr·e représentant·e de l'humanité dans un monde totalement étranger, relevant de l'inconcevable ? Peut-on surmonter une répulsion viscérale ? Ne serait-ce pas nos semblables nos plus dangereux ennemis ?
L'Aube raconte une expérience d'altérité radicale pour l'humanité, en termes d'espèce, de culture ou de rationalité. Lilith après une longue période d'isolement découvre qu'elle est sur un vaisseau extra-terrestre improbable, sauvée in-extremis et rien ne la prépare vraiment au défi à relever, pour envisager de retourner sur la Terre… le récit suit une progression imparable du rejet à l'acceptation, de l'ignorance à la connaissance, de l'isolement au groupe, de la peur à l'amitié, de la soumission à la responsabilité, ou encore de l'apprentissage à l'enseignement …
L'héroïne est femme, afro-américaine et sans attaches, sa famille a disparu avant l'apocalypse. Dans ce roman, cela n'apparaît pas comme un fait déterminant, alors que sa formation en anthropologie, oui. Dans ce temps où l'humanité est quasiment éteinte, réduite à quelques spécimens sauvés par des aliens, la couleur ne joue plus ni pour les rares humains survivants, ni pour les extra-terrestres qui les ont sauvés. En revanche, connaître les ressorts des relations entre les individus, les rapports de domination, avoir conscience de ses limites, des peurs ou des préjugés à apprivoiser chez soi et chez son interlocuteur, constitue un vrai kit de survie. Une leçon toute aussi efficace que les récits d'injustices flagrantes et inacceptables sur des planètes lointaines.
Premier volume d'une trilogie parue aux Etats-Unis entre 1987 et 1989, réédité en 2022 aux Editions du Diable Vauvert, L'Aube est un thriller futuriste radical, dérangeant et irrésistible, qui résonne fortement avec le monde contemporain.

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J'ai beau lire de la science-fiction depuis des décennies, je n'avais encore jamais osé ouvrir un livre d'Octavia E. Butler. Pourquoi ? Parce qu'elle fait partie de ces plumes présentées comme « incontournables » et souvent citées comme référence pour son message politique et la force de son engagement. Or moi quand je lis un roman c'est avant tout pour m'évader, découvrir autre chose et pas pour refaire un cours de philosophie, d'éthique ou de géopolitique (même si par ailleurs, ce sont des sujets qui m'intéressent). Je craignais donc de me retrouver face à une messagère militante et non une conteuse.
Et puis… L'Aube est arrivé. Avec son histoire de contact avec une espèce extra-terrestre (thème dont je suis friande), avec Lilith sa protagoniste qui force la lectrice à se demander si elle ferait les mêmes choix et surtout avec un récit prenant dont on ne sait jamais où il nous mène et rempli du « sense of wonder » qui m'a personnellement d'abord attiré vers la science-fiction.
L'Aube nous raconte donc l'histoire de Lilith Iyapo qui se réveille nue dans une pièce blanche sans ouvertures visibles. Elle ne sait pas combien de temps s'est écoulé depuis son endormissement ni à qui appartiennent les voix qui la bombardent de questions. Peu à peu, la vérité apparaît : elle a dormi 250 ans et la Terre qu'elle a connue a été presque détruite par un conflit nucléaire. Des extra-terrestres négociants ont sauvé le plus d'humains possibles et sont désormais prêts à réacclimater les survivants sur terre. Mais à des conditions telles qu'il serait difficile de considérer les nouveaux habitants comme des humains. Acceptera-t-elle cette proposition ? Et les autres humains aussi ?
Écrit en 1987, l'Aube garde le meilleur des récits de science-fiction de cette époque avec des extra-terrestres que leurs apparences, leurs modes de vie et leurs pouvoirs rendent réellement aliens à tout ce qu'on peut connaître. L'action est riche et rentre directement dans le vif du sujet et même si tout nous est raconté du point de vue de Lilith, l'ensemble des personnages – humains ou non – a suffisamment d'épaisseur pour qu'on se prenne d'intérêt pour leurs aventures. Mais c'est également, et c'est bien ainsi qu'on m'a vendu l'autrice, une réflexion approfondie sur la liberté et la servitude, la définition de l'humanité, les rapports entre hommes et femmes, etc. Sauf que… Octavia E. Butler ne prêche pas. Elle nous conte une histoire : celle de Lilith et de ses choix, des joies et des souffrances qui en découlent. Libre à nous de les interpréter comme l'on veut et de se dire « à sa place, aurais-je accepté ça ? » Et à la toute fin, il ne reste plus qu'une envie : découvrir la suite de la trilogie.
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Où on fait connaissance avec les Oankali, des extraterrestres différents.

Une histoire d'invasion extraterrestre originale. Ces extraterrestres veulent le bien de l'humanité, mais leur mode de vie implique une symbiose avec les humains, qu'elle soit acceptée ou non. Une série de trois romans, "Xenogenesis", par la très bonne et originale Octavia Butler. Pour ceux qui aiment les histoires différentes.

Une invasion d'un autre genre, en partie bienveillante, mais qui va marquer l'humanité.

Vraiment intriguant.
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1er tome de la trilogie Xenogenesis.
Plus de 2 siècles après une guerre nucléaire qui a abouti a la disparition quasi complète de l'espèce humaine, une civilisation Extra-terrestre, les Oankalis, ont sauvé quelques humains et après les avoir mis en sommeil durant tous ces siècles, sont prêts à les renvoyer sur Terre mais sous certaines conditions...
La première humaine qui aura un rôle important dans cette mission est Lilith. Réveillée après 250 ans de sommeil, elle découvrent cette civilisation et toutes ses caractéristiques souvent effrayantes mais aux pouvoirs fascinants.
Sa première tâche sera d'éveiller un groupe d'humains et de les préparer en vu de retrouver la terre.
Mais la tâche se révélera très ardue car l'âme humaine peut-être très destructrice fâce à l'inconnu, la différence, et surtout dotée d'un instinct de domination au risque de ne pas survivre.
Ce roman de SF aborde des sujets très marqués par la vie de l'autrice, afroaméricaine qui a vécu dans un ghetto noir de Californie entre ségrégation et exclusion et en même temps très contemporains puisqu'ici on comprend vite que l"Eveil" dont il est souvent question fait appel au wokisme dans son sens premier : Celui d'éveiller les consciences vers une nouvelle organisation sociale et métaphysique.
Les personnages sont complexes et animés de contradictions qui questionnent et bousculent nos réflexions.
Peu d'action dans ce roman, c'est surtout la psychologie des personnages qui est mis en avant ainsi que les relations interpersonnelles et la légitimité des situations. Difficiles de savoir comment apprécier ces extra-terrestres dont le comportement oscille entre domination, manipulation, empathie, bienveillance et sincérité...
Écrit en 1987, la modernité imprégne pourtant bien ce roman, notamment au travers de la définition du genre humain remis en question par la structure familiale des Oankalis.
Cette histoire est vraiment riche et il m'est difficile d'en dire plus tant de sujet sont abordés, percutants et passionnant dans la réflexion qu'elle nous propose.
Je ne connaissais pas cette autrice décédée en 2006, elle laisse une oeuvre ambitieuse où l'imaginaire est au service de l'intelligence. Je compte bien suivre cette aventure dans le tome 2.
A découvrir !
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Une nouvelle fois, un grand merci au Nocherdeslivres grâce à qui je découvre cette auteur.
Un peu matinée de Jack Vance, un peu peut-être de Zelazni, et au-delà de tout cela une voix unique.
J'ai été d'emblée captée par le récit. Octavia E Butler nous plonge sans préambule dans le vécu de Lilith (quel magnifique, emblématique, prophétiquel prénom). Avec elle on s'interroge, on s'inquiète, on se révolte. Pour elle, on tremble. Pas un instant je n'ai décroché. À tel point qu'en cours de lecture je me suis empressée de commander le tome 2, absent de ma médiathèque.
Comme j'ai aimé que rien ne soit simple. Qu'on ne puisse ni haïr les Oankali ni adhérer à leur projet. Et qu'il en soit de même pour les humains. Qui restent si désespérément, si totalement, si absolument humains.
Je n'ai qu'une seule question : quand donc diable les éditions d'Au Diable Vauvert vont faire paraître le troisième et dernier tome ?
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