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Citations sur Le prisonnier de Chillon et autres poèmes (11)

Nous n'irons plus vagabonder tous deux,
Nous attardant dans la nuit tutélaire,
Bien que le coeur soit toujours amoureux
Et que la lune reste claire.

Car l'épée vit plus longtemps que sa gaine
Et l'âme vit plus longtemps que les os.
Il faut bien que le coeur reprenne haleine,
Que l'amour se mette en repos.

Bien que la nuit soit douce aux amoureux
Et que le jour trop tôt nous importune,
Nous n'irons plus vagabonder tous deux
A la lumière de la lune.
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Le lac Léman de Chillon lèche les murailles,
A mille pieds de profondeur
Ses eaux épaisses se rejoignent,
A cette profondeur on a lancé la sonde
Depuis les fortifications d'un blanc de neige
Que la vague de toutes parts enserre,
C'est une double fosse qu'ont créée
Muraille et vague, une vivante tombe.
Sous la surface de ce lac
Est le sombre caveau où nous étions captifs,
Nous l'entendions jour et nuit clapoter,
Ses flots cognaient au-dessus de nos têtes,
Et j'ai senti son écume hivernale
Traverser les barreaux quand les vents en rafales
Se déchaînaient dans le ciel libre.
Le rocher lui-même branlait :
Je l'ai senti trembler sans m'émouvoir
Car j'eusse accueilli d'un sourire
La mort qui m'aurait libéré.
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NOUVELLE GENEVOISE 2

Dans le profond et noir donjon
Du vieux château gothique de Chillon3,
Sous les arceaux et les ogives,
Il est sept antiques piliers
Appuis de ces sombres foyers ;
Il est sept colonnes massives,
Avec leurs grisâtres couleurs,
Emprisonnant quelques lueurs
D’un rayon qui perdit sa voie,
Bien loin du jour triste et sans joie.
Par surprise il s’était glissé
Par la crevasse et par la fente
D’un mur épais ainsi laissé ;
Rampant avec sa marche lente
Sur le sol tout ruisselant d’eau,
Comme la lampe météore,
Que les marais ont fait éclore.
Chaque colonne a son anneau,
Et chaque anneau porte une chaîne,
Et de chaque chaîne le fer,
Rongé de rouille, en est couvert,
Corrosive et rousse gangrène ;
Car tous mes membres au dedans
De mes fers indiquent les dents,
Avec les marques des blessures
Que m’imprimèrent leurs morsures,
Stigmates livides, profonds,
Longs, ineffaçables sillons,
Que je ne laisserai derrière
Qu’avec la vie et la lumière.
Celle-ci pèse sur mes yeux
De tout son poids lourd, odieux,
Oubliée et presque inconnue,
N’ayant jamais frappé ma vue
Dans ces cachots où dès longtemps
Je cessais de compter les ans,
Dans leur douloureuse série
Depuis qu’un frère agonisant
Tomba sur sa paille pourrie,
Le dernier près de moi gisant.
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NOUVELLE GENEVOISE - 1

Mes cheveux sont blanchis, mais non pas par les ans.
Et ce n’est point d’un coup qu’ils ont pris cette teinte,
Ainsi qu’on en a vu dans de mortels instants,
Blanchir en une nuit par le choc d’une crainte.
Mes membres sont courbés, non point par les travaux,
Mais ils portent la rouille
D’un ignoble repos ;
Car des affreux cachots
Ils sont la proie et la dépouille ;
Et mon sort fut celui
De ces hommes à qui
Les bienfaits de la terre,
De l’air, de la lumière
Furent enviés, interdits,
Comme à de vils êtres maudits.
Entre le monde et moi montait une barrière.
Et tout ceci, c’est pour mon père
Que d’un cœur fort j’ai su souffrir
Et mes chaînes et l’injustice.
J’ai cherché la mort. Lui, martyr
Pour sa foi souffrit le supplice,
Et, comme lui persécutés,
Tous les descendants de sa race,
Dans les cachots furent jetés,
Marchant fidèles sur sa trace.
Nous étions sept. Ces sept au nombre un sont réduits,
Six jeunes, vigoureux, un avancé dans l’âge,
De même qu’ils avaient commencé, tous finis,
De leurs persécuteurs fiers d’exciter la rage.
L’un dans le feu, deux au combat,
Scellant de leur sang leur croyance,
En professant avec éclat
À Dieu leur sainte obéissance
Contre des tyrans détestés.
Puis trois furent précipités
Au fond d’un ténébreux abîme ;
Je survis le dernier et débris et victime.
(p3/4)
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Nous habitions la même place,
Et moi de chaque essaim le roi,
De tuer j’avais bien le droit,
Le pouvoir au moins et l’empire.
Eh bien, non ! chose étrange à dire !
Nous apprîmes à vivre en paix.
Ma chaîne et moi nous étions faits
Comme à fraterniser ensemble,
Tant l’habitude qui rassemble
Et nous étreint de ses forts nœuds,
Nous commensaux des mêmes lieux,
Dans la société des hommes
Sait nous faire ce que nous sommes.
Libre enfin, quand je dois sortir
De Chillon, je pousse un soupir !
(p21/22)
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Je n’avais rien vu de semblable,
Ni ne verrai le chantre aimable
Désirant comme un compagnon
Pour vivre ensemble à l’unisson.
Il n’était pas si solitaire ;
Il était venu compatir
Au pauvre délaissé sur terre
Et m’apprendre encore à sentir,
À penser, et, par sympathie,
À me rattacher à la vie,
Au tendre amour par sa chanson
(p16)
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Ses pleurs n’étaient que pour les autres
Et ses malheurs étaient les nôtres,
Il en répandait un torrent,
Comme le ruisseau des montagnes
Coule en inondant les campagnes,
Et n’avait de soulagement
Qu’en calmant des maux dont la vue
Faisait saigner son âme émue.
(p7)
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Nous fûmes enchaînés à trois piliers de pierre,
Tous trois, mais l’un de l’autre isolé, solitaire.
Sans pouvoir rapprocher nos membres d’un seul pas,
Sans même la faveur de nous voir face à face.
(p5)
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Nous étions sept. Ces sept au nombre un sont réduits,
Six jeunes, vigoureux, un avancé dans l’âge,
De même qu’ils avaient commencé, tous finis,
De leurs persécuteurs fiers d’exciter la rage.
(p4)
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Une fraîcheur épanouie,
De la tombe, amère ironie !
La rose et le lis altérés
S’effaçaient de son doux visage,
Comme les teintes, par degrés,
De l’arc en-ciel après l’orage.
(p12)
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