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Citations sur Rhapsodie italienne (118)

- Pardonnez-moi encore, vous n'êtes pas tenue de me répondre, mais que fait une personne comme vous dans un endroit pareil ?
Elle hésite un instant, puis :
- Je suis en exil, c'est la seule réponse que je puisse vous faire.
- Ah l'exil... vous aussi !
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Et pourtant cet homme fait partie de ceux qui ont juré fidélité à Nino le jour de la mort du Strozzi, et ce jour-là, il était sincère. Mais avec le temps, l'instinct a repris le dessus. Un vrai traître a besoin de trahir pour se sentir en accord avec lui-même. La fidélité est une amertume secrète qui pourrit la vie. La loyauté, c'est du fiel saupoudré de sucre, le jour de sa violation, ce qu'il ressent est un bonheur qui le paie de tout le reste. La trahison c'est intime.
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Une fidélité à un ami qui ne coûte rien n'est qu'une proclamation sonore et vide.
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Sandro se bat de son mieux, les hommes tombent autour de lui, son pistolet est vide, il prend son poignard. Le duel est bref, il tue un Autrichien, mais reçoit un coup de baïonnette dans le dos. Il ferme les yeux. On ne le tue pas immédiatement. Il doit subir le sort exemplaire des officiers italiens. On le traîne avec les autres. Tous sont hissés sur un camion qui se dirige vers la plage à l'abri des regards. Trois mitrailleuses sont déjà en batterie. Pas le temps de se confesser. Un ordre bref, et les mitrailleuses se mettent à tirer. Tous s'écroulent. Mais des survivants se redressent, hébétés. Un sous-officier allemand leur dit dans un italien rudimentaire : «Ceux qui sont encore vivants, levez-vous et vous serez graciés !» Certains obéissent. Ils ont tort. Un signe de l'homme et les tirs reprennent. Maintenant, ils sont tous bien morts. Le sous-officier passe parmi les corps. Si l'un d'eux bouge encore, il l'achève d'une balle dans la tête.
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Qu'est-ce que je fous ici ? se demande Lorenzo en arpentant le terrain d'aviation de Trévise, où la délégation italienne attend l’avion d'Hitler. (...)

Un avion enfin, il tourne autour du terrain sans se poser. Les Italiens s'agacent. À quoi correspondent ces virages inutiles dans le ciel, alors que la conférence va durer trois jours. Il est temps de commencer.

- Qu'attend votre chancelier pour atterrir ? demande Bastianini, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, à Mackensen, l'ambassadeur allemand.

- Son arrivée est prévue à neuf heures précises, il est neuf heures moins trois minutes, répond l'ambassadeur.

Enfin, l'avion se pose. Serrements de mains de part et d'autre, échanges de saluts. Le cérémonial de l'Axe est respecté.
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- Il n'y a aucun moyen ?

Lorenzo fait un signe négatif de la tête d'un air désolé.
- Où me conduisez-vous ? demande Cavalcanti.
- Devant un juge d’instruction du tribunal spécial qui vous signifiera votre inculpation d'injure à l'État.

Nous prendrons ma voiture, les hommes de Bocchini nous suivront à distance.
- Et après ?
- Ce sera Regina Coeli ou les arrêts domiciliaires, avec un policier devant votre porte pour s'assurer que vous restez bien là.
- Et après ? demande encore Cavalcanti.
- Le confino probablement. Malaparte s'en est tiré assez bien.
- Grâce à Ciano, remarque Carmela. Cette fois-ci, il ne fera rien. Je viens de recevoir ma propre lettre de licenciement.

Après le café, Lorenzo et Cavalcanti se lèvent en même temps. On apporte leurs manteaux. Carmela étreint son mari et Chiaramonti lui serre la main.
- J'alerterai nos amis en France et en Angleterre.
- Surtout pas, conseille Lorenzo. Cela ne ferait qu'aggraver la situation, en tout cas pas avant le procès. Attendez que le jugement soit prononcé. Après, toutes les interventions seront possibles.

Ils se dirigent vers la sortie en un groupe compact et désolé. Chiaramonti ne cesse de secouer la tête et de répéter : «Mais pourquoi donc est-il revenu ? »

Des pas pressés retentissent. Le majordome apparaît.

- Général Mori, on vous demande au téléphone, c'est urgent.

- Ici Quinto Navarra. Le Duce annule l'ordre d’arrestation. M. Cavalcanti est libre de ses mouvements dès cet instant. Il vient d'obtenir le prix Nobel, la radio l'annoncera dans une heure !
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Tout en parlant, son regard balaie rassemblée. Au premier rang, il y a d'abord Vittorio Orlando, président du Conseil lors de la victoire en 1918, qui a déclaré quelques mois plus tôt : « Si par mafia on entend le sens de l'honneur jusqu'à l'exagération, l'intolérance contre tout excès de pouvoir, la fidélité en amitié jusqu'après la mort, si par mafia on entend ces comportements même poussés à l'excès, s'agissant des marques typiques de l'âme sicilienne, alors, je me déclare mafioso et je suis fier de l'être ! »
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Cette cité en forme de coupe renversée avec tout en haut l'église qui jette ses tours vers le ciel, ce village accroupi, ramassé sur lui même, où les toits se chevauchent, où les rues tournent en grimpant, pleines de passages couverts, à peine éclairés par des lumignons à l'huile, de vieux escaliers aux marches disjointes, de recoins, de fentes dans les murs, de la taille d'un homme, de cachettes partout. Les odeurs, celles des bêtes et des hommes, les cris des bêtes et des hommes, étouffés mais violents, les cris de l'amour ou de la mort, ces cris mélangés surgissent pour cesser aussitôt et reprendre plus loin, l'écho de pas et des silhouettes qui glissent sans bruit, le son clair d'une arme blanche ou le claquement sec d'un pistolet, des rires aussi, de femmes agacées, enjôleuses, et des rires étranglés, ces reflets de lanternes qui allument les vieux murs avant que tout replonge dans l’ombre. C'est ça, Gangi.
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Cavalcanti est rentré de Rome, où il est resté plusieurs mois pour la promotion de son livre. Le fait d'être reconnu comme le plus grand romancier vivant d'Italie lui confère une autorité qui lui manquait jusque-là. Il propose à Carmela de lui reverser une partie de ses droits d'auteur pour la rémunérer de sa participation. Elle éclate de rire.
- Merci, Andrea, mais je ne crois pas que ta proposition soit sérieuse, et je n'en ai aucun besoin. Par ailleurs, je te rappelle que mon concours à ton livre est une sorte de réparation du préjudice que je t’ai causé en t’épousant.
Cavalcanti ne répond pas. Il a proposé ce partage en sachant qu’elle refuserait. C'est un homme de postures, ce qui est courant, paraît-il, chez les intellectuels.
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Le Duce revient enfin, il cherche Lorenzo du regard dans le hall et lui fait signe de le suivre. Dans le bureau qu'il s'est fait aménager à l'étage en attendant mieux, le Duce referme la porte. Il se tourne vers Lorenzo.
- Mon camarade des tranchées, lui dit-il, tu es un ras, un député, ce n'est pas grand-chose. Tu es surtout celui en lequel j'ai le plus confiance. N'attends de moi ni titre, ni poste, ni argent.
Il met sa main sur l'épaule de Lorenzo.
- Tu seras mon regard, ma voix et mon bras, achève-t-il.
- Oui, dit Lorenzo, je serai ton regard, ta voix et ton bras.
___________

Quand Bianca paraît dans le bureau du Strozzi où attendent les hommes, elle pose la fiole vide sur la table et ils baissent la tête.
Nino passe de l'autre côté du bureau, il reste debout et ouvre un tiroir. Il en sort des enveloppes gonflées qu'il dispose sur la table. Puis il contourne le bureau et fixe les capicommandamenti devant lui. Les hommes s'avancent un par un. D'abord les plus anciens.
Quatre enveloppes restent sur la table, elles seront distribuées aux familles des quatre morts de l'autre nuit. Ce sera le rôle de Bianca. Ainsi en a décidé le Strozzi.
Quand un capocommandamentu reçoit son enveloppe, il embrasse la main de Nino et lui dit :
- Je serai ton regard, ta voix et ton bras.
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