Citations sur Rhapsodie italienne (118)
- Mori, c’est un type bien, je ne pouvais pas le laisser comme ça ou alors ce n’est pas la peine d’avoir un ami.
Le pont explose aussitôt, et les débris retombent sur la foule qui se remet à crier plus fort. Les ennemis avancent. Ce sont des Autrichiens. Mori jette son revolver vide sur le sol.
Vous êtes mon prisonnier, dit l'officier autrichien en mauvais italien.
Il ôte son casque et Mori fait de même. Les deux hommes se regardent.
Lorenzo, dit l'autrichien.
Hans, dit Mori.
L'autrichien montre une barque attachée à la rive.
Va, dit-il.
-Je pense que tu as eu peur, dit Julia. Je sens que tu ne me racontes pas tout. Tu ne peux pas.
- La peur, dit Lorenzo, c'est avant et c'est après. Sur le moment, on n'y pense pas.
En Sicile, on ne vieillit pas, on va doucement vers la mort, ce qui n'est pas la même chose, d'ailleurs, les gens ne meurent pas vraiment, ils passent de l'autre côté, chargés des messages des vivants, et on continue de communiquer avec eux, bien après qu'ils ont rejoint le cimetière. Tout cela, Carmela le sait.
L'élégante, la belle Carmela fait partie de ces femmes qui donnent le ton. Elle fait la mode, lance les débats et entretient les conversations. Il n'est de soirée, de dîner un peu relevé sans son apparition, avec ou sans le Cavalcanti, souvent retenu à Rome par sa candidature à l'académie d'Italie.
- La liberté, les Italiens s'en fichent du moment qu'ils ont un chef et qu'il leur donne de la fierté.
- Et les pauvres ?
- Les pauvres, ils veulent bouffer. C'est tout ce qu'ils attendent de toi. Aux riches, l'orgueil d'être italiens, aux pauvres, de quoi remplir l'assiette. La liberté, c'est pour les philosophes, pour Benedetto Croce. La liberté, ce n'est qu'une idée !
Carmela sait qu'elle aura le courage d'attendre le retour de Nino Beddu. Dans l'île, le temps ne compte pas, la durée, les délais, c'est pour les gens de Rome. En Sicile, on ne vieillit pas. on va doucement vers la mort, ce qui n'est pas la même chose, d'ailleurs les gens ne meurent pas vraiment, ils passent de l'autre côté, chargés des messages des vivants, et on continue de communiquer avec eux, bien après qu'ils ont rejoint le cimetière.
Il vient beaucoup de monde aux obsèques de Don Tomasini, des cousins, des arrière-cousins, des faux cousins, des correspondants d'affaires, des hommes politiques et quelques personnages, délégués d'organismes fictifs, qui en réalité représentent cette institution typiquement sicilienne dont on ne prononce jamais le nom. Il ne vient pas d'amis parce qu'il n'en a jamais eu.
La plupart des hommes de troupe sont issus de la campagne. La moitié d'entre eux ne savent pas lire et doivent avoir recours aux officiers pour déchiffrer les lettres, très souvent écrites sous la dictée par le curé ou un notable de leur village. Il en va de même pour les réponses. Faut-il dire que la nourriture est infecte, les services médicaux rarissimes, la saleté partout et les Austro-Hongrois retranchés au sommet de collines, inexpugnables ?
C’est un homme de postures, ce qui est courant, paraît-il, chez les intellectuels.