La tragédie brune

Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.

(Albert Londres)

... ce jeune et joli garçon qui danse bien et chante mieux encore, cet éphèbe au visage clair me dit des mots horribles, des phrases qu’on n’oserait pas imaginer dans un cauchemar :
— Oui beaucoup succomberont. Si nous entrons chez vous [en France], quand nous entrerons, on fusillera même les enfants dans le ventre de leur mère.
Ces paroles dignes d’un cafre ou d’un fou furieux me furent dites froidement par un jeune SS de vingt-cinq ans au café Sturm [à Berlin] ...

(Extrait du texte original de La tragédie brune de Xavier de Hauteclocque publié en 1934)

Dans le IIIe Reich, quand un ennemi de la dictature brune meurt de mort violente, vous diriez qu’il meurt deux fois.
La première fois, on l’enterre. Aussitôt après, il s’efface de la mémoire de ceux qui l’on connu vivant. Personne ne se souvient plus de lui.

Cette Allemagne du IIIe Reich prétend faire l’Etat civilisé par excellence, ce « pays modèle » n’est qu’un obus monstrueux, huilé, profilé, usiné à miracle, où des millions d’êtres humains remplacent les molécules de métal.

- L’angoissant, le terrible, ce n’est pas tant ce qu’on raconte sur Dachau, c’est ce qu’on cache.

La tragédie vient aux hommes sans en avoir l'air, à pas de loup et soudain nous recevons son coup d'aiguillon, traître comme celui des scorpions.

Les "officiels" peuvent mentir ou s'illusionner eux-mêmes.

[p113]

L'éditeur dédie cet album aux 65 journalistes qui ont été tués en 2017 par des régimes autoritaires, des organisations mafieuses ou des groupes terroristes et aux 326 reporters, dessinateurs ou blogueurs qui croupissent dans les geôles de Rangoon, d'Ankara, de Damas ou d'ailleurs.

À force de faire semblant, nous finissons tous par croire à nos propres mensonges.

M. Hitler veut être le seul à penser officiellement dans le IIIe Reich, ce peintre en bâtiment prétend réformer l'histoire. Qu'importe si les penseurs arrivent à vivre et si les historiens ont à manger.