J’écrivais les textes et Clément composait la musique. Nous avions beaucoup de succès et je crois savoir que les fans sont impatients de suivre la prochaine tournée. Il va falloir qu’ils attendent encore un peu. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que j’ai vingt-sept ans aujourd’hui, que ça m’angoisse, et aussi parce que...
Un jeune homme à l’air décontracté entra et vint s’asseoir à côté de la lectrice. Il avait les écouteurs de son baladeur sur les oreilles. La blonde se crispa et se décala légèrement vers la fenêtre en regardant avec dégoût les mains du garçon. De belles et grandes mains soignées, à la peau noire. Il me lança un regard complice, mi-amusé, mi-atterré. Soudain, il s’approcha légèrement de sa voisine qui se raidit encore plus. Je réprimais mon envie de rire. Il s’en aperçut et décida d’en rajouter, en lisant ostensiblement les lignes du roman. Elle retint sa respiration jusqu’à Louvre Rivoli, où le jeune homme descendait. Il se leva, puis désigna un mot sur la page du livre.
— Le tueur, c’est lui. Bonne journée.
Je pouffais, tandis qu’il sortait dans le flot des passagers. Furieuse, elle me fusilla du regard, ferma son bouquin et partit s’asseoir à l’autre bout de la rame.