Citations sur Nos vagues à l'âme (27)
Je n'avais pas très envie d'écrire aujourd'hui. Pas du tout, pour être complètement sincère. Mais j'ai trop négligé ce carnet ces derniers jours. Aussi ai-je décidé de prendre mon courage à deux mains afin de coucher ces quelques mots pénibles, comme autant de nouvelles lacérations, sur le papier
Emma jeta finalement un coup d'oeil n arrière et adressa un petit sourire à son amie. A la moue entendue que cette dernière esquissa en réponse, Emma déduisit qu'elle devait imaginer quelque chose de très romantique.
Anne serait probablement déçue en apprenant ce qu'il en était en réalité, qu'il n'y aurait plus jamais rien entre elle et Louis, qu'il ne s'agissait là que de...
Que de quoi, en vérité ? Emma n'en avait pas la moindre idée.
Mais il fallait qu'elle soit auprès de lui dans un tel moment, c'était plus fort qu'elle. Plus fort que la trahison et les coups bas. Plus fort que tout...
Elle dansait pour lui, elle s'en rendait compte, à présent. Pour qu'il l'admire, ainsi qu'il le faisait. Cette connexion qui s'imposait entre eux donnait à Emma la très curieuse sensation d'exister. D'exister tellement fort.
Cet intense regard bleuté fermement rivé à elle était si vivifiant.
Enivrant.
Exaltant.
"C'est incroyable comme un unique élément peut tout boulverser dans votre quotidien, tout éclairer, même les chemins les plus obscurs et tortueux. Mais il se trouve que l'unique élément donc il est présentement question est essentiel. IL est cet oxygène qui m'a si souvent manqué."
"La liberté, la vraie, c'est être capable d'éprouver tout cela à la fois, l'amour, la colère, la tristesse... C'est de ne plus avoir peur de ressentir ces émotions qui me sont propres, ne plus craindre de souffrir, et laisser une bonne fois pour toutes les barrages qui m'emprisonnaient se dissoudre et disparaître dans le néant."
Vouloir paraître plus épanouie que jamais, quand, en vérité, elle avait l’impression de s’effondrer chaque minute davantage à l’intérieur était complètement idiot. En outre, c’était accorder un pouvoir beaucoup trop important à de simples chiffons. Qui était assez bête pour se laisser berner par un stratagème aussi grossier ?
Qu’on la prenne pour une fille facile et cruelle était sans importance, que son petit discours soit crédible ou non n’en avait pas davantage. À présent, ce serait sa parole contre celle de Louis. Et le premier à parler était souvent celui à qui l’on donnait raison, elle n’avait guère besoin de plus.
Elle ne lui donnerait pas la possibilité de s’en prendre de nouveau à elle, de tenter encore une fois de l’embrouiller avec ses belles paroles, hors de question.
La mélancolie et l’apathie furent peu à peu remplacées par la rage et la haine qui sourdaient depuis trop longtemps en elle, tellement plus supportables. Tellement plus salutaires. Et libératrices…
Louis lui avait pris quelque chose qui n’était pas censé lui revenir.
Il t’a baisée, au propre comme au figuré. Comme il a baisé toutes les autres.
La chute était si violente. Pourrait-elle seulement y survivre ?
Il faut que tu te blindes, que tu résistes, de toutes tes forces.
Qu’elle se transforme en une personne différente, puisque celle qu’elle était n’était décidément pas faite pour ce monde…
Jamais personne ne l’avait poignardée comme il l’avait fait.
Elle n’avait été qu’un jouet entre ses mains, un pantin naïf, si aisément manipulable.
Il avait fait en sorte qu’elle s’éprenne d’un mirage et était parvenu à obtenir d’elle absolument tout ce qu’il y avait à obtenir. Il s’apprêtait à la larguer avec perte et fracas, ainsi qu’il l’avait fait avec toutes les autres, projetant sans aucun doute de profiter au maximum de sa trop grande vulnérabilité pour la mettre à terre, une bonne fois pour toutes.
Parce que c’était son truc. Parce que Louis aimait blesser et humilier les femmes avec lesquelles il couchait. Elle le savait…
Elle le savait, et pourtant, elle avait foncé tête baissée, acceptant d’avaler chacun de ses si merveilleux mensonges.
Un doux rêve, qui s’était révélé être un épouvantable cauchemar.