Le sucre, mon énergie, mes vitamines, ma drogue, ma perte. Celle qui me montrait plusieurs fois par jour que j’étais dépendant, en manque. Un leurre.
La vérité s'était fait jour derrière le voile des apparences.
Son coeur cesse de battre. Seul l'index de sa main droite frémit, une dernière fois.
Comment différencier les voix qu'entendait un schizophrène d'un médium qui recevait des messages de l'au-delà ? Dans le cas d'une schizophrénie, les délires n'étaient pas structurés, on constatait des invraisemblances et la personne finissait par s'exclure de la vie en société. Dans le deuxième cas, il ne s'agissait pas d'une pathologie, mais d'une aptitude. Malgré ses perceptions, la personne restait psychiquement saine et parfaitement intégrée dans la société. Un mari, des enfants, un métier. Il existait tant de cas que ces expériences représentaient une réalité statistique. Adhérer sans recul n'était pas souhaitable, mais tout nier en bloc n'était pas la solution. Il fallait aider la personne à communiquer et à entrer dans la “normalité”. La difficulté venait du fait que ces phénomènes étaient difficiles à mesurer car non reproductibles. Et comme nous vivions dans un contexte où ce genre de perceptions étaient classées d'emblée comme le signe d'une pathologie… cela n'incitait pas les témoins de ces phénomènes à les partager. Par ailleurs, cela expliquait pourquoi tant de médiums étaient enfermés dans des hôpitaux psychiatriques.
Il me donnait toujours l'impression d'avoir tourné les phrases dans sa tête avant de parler. L' efficacité incarnée. Jamais un mot inutile. Des arguments, une question. Point. Et souvent, du silence. Honfleur semblait passer son temps à réfléchir.