Vous voulez écouter la radio ? Installez donc une roue à aubes sur le ruisseau en bas de chez vous, elle vous fournira l'électricité nécessaire.
Dans le pays d'Écotopia, la société de consommation et les métropoles ont disparu, les sources d'énergie sont renouvelables, les constructions sont en bois. Les mots-clés sont : écologie, autogestion, simplicité.
S-F ? Anticipation ? Dystopie ? Utopie ? Politique-fiction ?
Difficile de classer Écotopia.
C'est un roman, mais il est écrit sous la forme d'un journal intime, ponctué d'articles rédigés par le narrateur, qui est journaliste.
Les États de Californie, d'Oregon et de Washington ont fait sécession, et quitté les États-Unis avec lesquels ils n'ont plus aucun contact. William Weston est le premier journaliste américain à pouvoir visiter cette nouvelle nation d'Écotopia, totalement organisée dans le respect des ressources de la Terre.
Weston y arrive avec tous ses préjugés d'Américain bon teint, s'attendant à voir une population revenue à "l'âge de pierre". Mais peu à peu au cours de son voyage, sa pensée bascule vers une approbation, voire une adhésion aux principes écotopiens.
Ses articles constituent donc une sorte de petite encyclopédie d'Écotopia (démographie, transports, éducation…), tandis que son journal explicite son revirement.
Paru en 1975, ce roman avait alors le mérite d'attirer l'attention sur des problématiques écolo (aujourd'hui du simple bon sens), ce qui a bâti sa réputation de livre-culte.
Par exemple il discute la notion de Produit National Brut, totem de l'économie libérale (Prenons la santé : plus la population est malade et consomme des médicaments, meilleur c'est pour le PNB.)
Mais en 2023, ce roman apparaît finalement bien timide, et encore tout imprégné de stéréotypes.
Égalité homme-femme, oui, mais seuls les hommes pratiquent les "jeux de guerre".
Sobriété énergétique, oui, mais avec des sèche-linge.
Abolition des préjugés, certes, mais les Noirs choisissent de vivre à part des Blancs...
Tel quel, il a toutefois eu le mérite d'éveiller les consciences à la décroissance, et puis reconnaissons que ça se lit avec plaisir, ces "aventures de Willie chez les hippies"… !
Le traducteur
Brice Matthieussent fait du boulot sérieux d'habitude, aussi est-ce difficile de savoir si toutes ces fautes de français ("nous nous sommes étreignés") révèlent un anglais relâché, ou bien une traduction bâclée.