Marches pour le climat, manifestations, le terme « éco-anxiété » qui s'est imposé en quelques années dans le vocabulaire commun, … Tout ceci montre une envie de plus de solutions écologiques dans la société, qui ne semble pas franchement convaincue par les taxes carbones et les encouragements fiscaux aux entreprises qui font de la recherche et développement dans les technologies de captation du CO2.
Mais alors, à quoi ça ressemblerait exactement, une société pleinement écologique ? C'est la question à laquelle
Ernest Callenbach a tenté de répondre dans Ecotopia. Trois États américains ont fait sécession et un gouvernement écologiste y a été mis en place, rompant la communication avec son désormais voisin. Plusieurs années plus tard, un journaliste américain est enfin convié pour visiter le nouvel état et décrire ce qu'il y voit, à la manière d'un
Alexis de Tocqueville. L'occasion pour lui, et pour nous, de comprendre les grands principes de ce nouveau mode de vie.
L'auteur imagine une série de changements radicaux, considérant visiblement qu'on n'arrivera à rien avec le néo-libéralisme. Place donc au ralentissement : le temps de travail est réduit à 20 heures par semaine, mais on note aussi ce trait dans tous les aspects de la vie. Même faire la vaisselle devient une activité favorisant les discussions et l'amusement, et pas une corvée dont il faut se débarrasser au plus vite.
Également, la possessivité au sens large est à bannir. Les couples monogames sont remplacés par un amour plus libre, et la société s'organise autour de « familles » qui se sont choisies, et dont les membres viennent et partent au gré de l'évolution de chacun. La recherche de l'équilibre est permanente : si on coupe un arbre pour soi, on doit aller en replanter un pour les autres ; tout est pensé à l'échelle globale. On note souvent la présence de femmes aux postes à responsabilités.
Un point qui chiffonnera par contre les végans, c'est que la chasse et la pêche sont plutôt valorisées. D'une part par un aspect de reconnexion à la nature (je me nourris, mais je sais d'où ça vient et je ne prends que ce dont j'ai besoin) et une possibilité d'exercer sans victime (humaine) une violence que l'auteur estime inévitable dans toute société.
On prend plaisir à découvrir ce tout nouveau monde, à chercher les évidences, les incohérences, ce qui est toujours actuel et ce qui a mal vieilli. Cinquante ans plus tard, dans le monde réel, il n'y a que le tri sélectif qui a été appliqué du programme d'Ecotopia, ce qui en amusera certains et en désespérera d'autres. En tout cas, le message de l'auteur semble assez clair : on n'arrivera à rien par petites touches législatives, il faudra une rupture majeure en changeant de système politique et d'organisation de la société.