Je ne portais pas de bannière. J'étais une bannière. Ainsi naquit mon surnom de Tigresse bretonne.
Les Bretons n'obéissent qu'à un seul roi : la liberté !
À mes questions, mère répliqua que c'étaient affaires d'adultes, que certaines haines étaient viscérales, perdues dans des griefs que les familles se léguaient comme autant de terres stériles et meurtrières. Sans bien savoir ce qui, un jour, les avait provoquées.
Jean était de la trempe d'Olivier. La Bretagne lui était tout. Ses rivières coulaient dans ses veines. Les couleurs insensées de ses paysages formaient l'éclat de ses prunelles.
Je ne portais pas de bannière. J'étais une bannière. Ainsi naquit mon surnom de Tigresse bretonne.
Certaines malédictions sont au diable ce que l'épée est aux hommes, mon amie. Un moyen de se venger.
- Désobéir à cet ordre indigne! Voilà ce que vous auriez dû faire si au lieu d'un goupillon vous aviez des couillons !
Ce n'était pas de la folie, c'était du désespoir. Le même qui m'avait poussée à frapper, à tuer. Je ne pouvais pas le réduire. Je pouvais juste lui apprendre à vivre avec. Sans savoir, en vérité, comment moi, j'avais fait, sinon en brûlant mon âme.
Existe-t-il un bon moment pour expurger ce qui nous ronge? J'ai appris plus tard que non. Que nous étions avant tout soumis à nos pulsions, a nos démons intérieurs, même quand la raison nous dicte la réserve.
Ma vengeance n'a eu de raison que dans ma soif de justice et dans l'amour.
Vous vous trompez, mon amie. Cette robe que vous portez est parfaite. La vôtre aussi, comtesse de Montfort. D’autant plus que votre prestige à toutes deux vous précède. Mais vos fils les connaissent pour les avoir déjà vues sur vous.
Or, je crois qu’il est temps que vous vous tourniez vers l’avenir l’une comme l’autre. En leur montrant, en montrant à tous, que les guerrières et les mères n’en sont pas moins des femmes. Des femmes capables de mettre le monde à genoux avec de magnifiques armes.
M’en voulez-vous d’y avoir pensé pour vous, Jeanne de Belleville ?