Le clapotement des sabots dans les flaques répondait aux battements du cœur de Mathieu, comme une musique chargée autant de promesses que de vengeance.
Il risqua un pas vers l'avant, se dégageant du tronc massif qui le masquait entièrement. Le châtaignier devait être multicentenaire à en juger par l'épaisseur rassurante de son écorce et son envergure. A lui seul il eût suffi à la forêt. Mais, en cet endroit, à un quart de lieue du château de Bressieux, il était cerné d'autres, tout aussi impressionnants. Leurs repousses, généreuses, ceinturaient la route d'un rempart végétal que le printemps crayonnait d'un vert tendre.
L'endroit idéal pour une embuscade.
Huit... non, se reprit Mathieu. Neuf. Neuf chevaux plus la voiture.
Marquée aux armes d'Aymar de Grolée. Une excitation malsaine gagna le creux de son unique paume. Il la frotta contre le moignon de chair qui terminait son poignet droit piqueté d'aiguilles invisibles, vestiges d'un temps où il avait décidé d'en terminer avec une main inutile, déchiquetée par les serres d'un rapace. Il avait cru, en la tranchant d'un coup sec de son braquemart, oublier sa présence malhabile. Erreur. Elle se rappelait à lui plus méchamment qu'avant.
Quelques minutes encore, songea-t-il en se rejetant dans l'ombre.
Quelques minutes avant de donner le signal.
Par-delà la porte, de bois commun celle-là, qui les isolait tous deux du reste du castel, un bruit de pas les alerta. Ce n'était pas encore l'heure de la visite du père Vincent. Constantin fit disparaître le sculpture sous le lit et les copeaux sous le tapis. Algonde s'était déjà redressée. On toqua. Deux coups longs puis un bref.
C'était au commencement des temps. Avalon n'avait pas de maitre et merlin avait été envoyé sur terre en mission de reconnaissance.
mais pour soupçonner quelque manigance, il aurait fallu déjà qu'il connaisse la vérité.
Elle s'était rabougrie au fil des années telle une plante rationnée en lumière, maintenue en vie par l'eau et la nourriture étendue à ses pieds.