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Citations sur L'Envers et l'Endroit (129)

Si ce soir, c'est l'image d'une certaine enfance qui revient vers moi, comment ne pas accueillir la leçon d'amour et de pauvreté que je puis en tirer? Puisque cette heure est comme un intervalle entre oui et non, je laisse pour d'autres heures l'espoir ou le dégoût de vivre. Oui, recueillir seulement la transparence et la simplicité des paradis perdus : dans une image. Et c'est ainsi qu'il n'y a pas longtemps, dans une maison d'un vieux quartier, un fils est allé voir sa mère. Ils sont assis face à face, en silence. Mais leurs regards se rencontrent:
« Alors, maman.
-Alors, voilà.
-Tu t'ennuies? Je ne parle pas beaucoup?
-Oh, tu n'as jamais beaucoup parlé. »
Et un beau sourire sans lèvres se fond sur son visage. C'est vrai, il ne lui a jamais parlé. Mais quel besoin, en vérité? A se taire, la situation s'éclaircit. Il est son fils, elle est sa mère. Elle peut lui dire : « Tu sais. »
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Mais il n'y a pas de limites pour aimer et que m'importe de mal étreindre si je peux tout embrasser. Il y a des femmes à Gênes dont j'ai aimé le sourire tout un matin. Je ne les reverrai plus et, sans doute, rien n'est plus simple. Mais les mots ne couvriront pas la flamme de mon regret.
(Amour de vive)
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Amour de vivre

À Ibiza, j’allais tous les jours m’asseoir dans les cafés qui jalonnent le port. Vers cinq heures, les jeunes gens du pays se promènent sur deux rangs tout le long de la jetée. Là se font les mariages et la vie tout entière. On ne peut s’empêcher de penser qu’il y a une certaine grandeur à commencer ainsi sa vie devant le monde. Je m’asseyais, encore tout chancelant du soleil de la journée, plein d’églises blanches et de murs crayeux, de campagnes sèches et d’oliviers hirsutes. Je buvais un orgeat douceâtre. Je regardais la courbe des collines qui me faisaient face. Elles descendaient doucement vers la mer. [...] Dans ce court instant de crépuscule, régnait quelque chose de fugace et de mélancolique qui n’était pas sensible à un homme seulement, mais à un peuple tout entier. Pour moi, j’avais envie d’aimer comme on a envie de pleurer. Il me semblait que chaque heure de mon sommeil serait désormais volée à la vie... c’est-à-dire au temps du désir sans objet. Comme dans ces heures vibrantes du cabaret de Palma et du cloître de San Francisco, j’étais immobile et tendu, sans forces contre cet immense élan qui voulait mettre le monde entre mes mains.
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Ainsi, chaque fois qu'il m'a semblé éprouver le sens profond du monde, c'est sa simplicité qui m'a toujours bouleversé.
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Je sais que ma source est dans l 'Envers et l 'endroit , dans ce monde de pauvreté et de lumière où j 'ai longtemps vécu et dont le souvenir me préserve
encore des deux dangers contraires qui menacent tout artiste , le ressentiment et la satisfaction .
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Soudain il découvre ceci que demain sera semblable, et après-demain, tous les autres jours. Et cette irrémédiable découverte l'écrase. Ce sont des pareilles idées qui vous font mourir. Pour ne pouvoir les supporter, on se tue - ou si l'on est jeune, on en fait des phrases.
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Mais, après m'être interrogé, je puis témoigner que, parmi mes nombreuses faiblesses, n'a jamais figuré le défaut le plus répandu parmi nous, je veux dire l'envie, véritable cancer des sociétés et des doctrines.
Le mérite de cette heureuse immunité ne me revient pas. Je la dois aux miens, d'abord, qui manquaient de presque tout et n'enviaient à peu près rien. Par son seul silence, sa réserve, sa fierté naturelle et sobre, cette famille, qui ne savait même pas lire, m'a donné alors mes plus hautes leçons , qui durent toujours. Et puis j'étais moi-même trop occupé à sentir pour rêver d'autre chose.
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Amour de vivre

Le voyage nous ôte ce refuge.Loin des nôtres, de notre langue, arrachés à tous nos appuis, privés de nos masques (...), nous sommes tout entiers à la surface de nous- mêmes.Mais aussi, à nous sentir l'âme malade, nous rendons à chaque être, à chaque objet, sa valeur de miracle.

( p.103)
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Entre oui et non

Les soirs d'été, les ouvriers se mettent au balcon.Chez lui. Il n'y avait qu'une toute petite fenêtre. On descendait alors des chaises sur le devant de la maison et l'on goûtait le soir.Il y avait la rue, les marchands de glaces à côté, les cafés en face et des bruits d'enfants courant de porte en porte.Mais surtout, entre les grands ficus, il y avait le ciel.Il y a une solitude dans la pauvreté, mais une solitude qui rend son prix à chaque chose.
À un certain degré de richesse, le ciel lui-même et la nuit pleine d'étoiles semblent des biens naturels.Mais au bas de l'échelle, le ciel reprend tout son sens : une grâce sans prix.

( p.59)
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La vie est courte et c'est péché de perdre son temps. Je suis actif, dit-on. Mais être actif, c'est encore perdre son temps, dans la mesure où l'on se perd. Aujourd'hui est une halte et mon cœur s'en va à la rencontre de lui-même. Si une angoisse encore m'étreint, c'est de sentir cet impalpable instant glisser entre mes doigts comme les perles de mercure. Laissez donc ceux qui veulent tourner le dos au monde. Je ne me plains pas puisque je me regarde naître. À cette heure, tout mon royaume est de ce monde.
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