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sur 12533 notes
À peine le roman ouvert que le lecteur est déjà immergé dans l'horreur que traverse la ville d'Oran. Autour de lui, les rats morts s'amoncellent et laissent présager le pire. Bien vite, le mot est lancé : la peste. Les autorités et les habitants, pris au dépourvu, doivent faire face à un fléau et s'organiser au mieux dans la précipitation. Cette entame est addictive, mais de courte durée. le mal qui ronge la ville est vite identifié et s'ensuit alors le récit d'une survie collective où chacun doit son salut au hasard.
L'auteur pointe ainsi les tourments humains et arrive à poser les mots justes sur les ressentis de chacun. Il n'impose aucun avis, mais donne la parole à tous ses protagonistes quitte à confronter leurs opinions et, parfois, trouver un entre-deux. Les pensées de chacun sont prises en compte offrant au liseur un roman sociétal riche et intéressant. Pour arriver à cette neutralité, l'écrivain fait le choix d'une narration distante en la personne d'un témoin objectif. Si cela apporte une objectivité bienvenue, le lectorat regrette cependant le manque d'émotions ressenties à la lecture du roman. En effet, il tient place de spectateur et regarde l'intrigue d'un oeil dénué de sentiments. Il a du mal à s'attacher aux personnages qui lui semblent lointains. le narrateur relate des faits et lui en prend connaissance. C'est une lecture contemplative. D'autant que la plume de l'auteur est grandement appréciée. Celui-ci use d'un langage soutenu et de nombreuses descriptions. Ces dernières rendent l'ensemble très visuel au point que le liseur peut aisément imaginer les protagonistes, rejouer certaines scènes dans sa tête ou encore profiter des décors. Une telle exigence de la part de l'écrivain demande la pareille à un lectorat dont l'attention s'envole parfois lors de moments tirant légèrement en longueur.
Enfin, ce titre ne peut faire qu'échos chez le lecteur suite à l'épidémie de Covid-19 qu'il a traversé. Il revoit dans le récit ses propres peurs, l'inefficacité des autorités, le manque de moyens sanitaires, les théories diverses et souvent infondées, etc. le parallèle est dramatique autant que fascinant.
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Camus nous décrit une épidémie de peste fictive puisque la seule d'une telle ampleur ayant eu lieu à Oran remonte au 16eme siècle, et c'est justement là que l'on se prend de plein fouet tout le talent de l'auteur et la finesse avec laquelle il décortique l'âme humaine, car tout ce qu'il décrit des réactions des oranais face à la maladie et aux mesures prophylactiques qui l'accompagnent pourrait être transposé aux années COVID que nous venons de traverser. C'en est comique !

"Personne n'avait encore accepté réellement la maladie. La plupart étaient surtout sensibles à ce qui dérangeait leurs habitudes ou atteignait leurs intérêts. Ils en étaient agacés ou irrités et ce ne sont pas là des sentiments qu'on puisse opposer à la peste. Leur première réaction, par exemple, fut d'incriminer l'administration."

"La réponse du préfet en présence des critiques dont la presse se faisait l'écho (« Ne pourrait-on envisager un assouplissement des mesures envisagées ? ») fut assez imprévue. Jusqu'ici, ni les journaux ni l'agence Ransdoc n'avaient reçu communication officielle des statistiques de la maladie. le préfet les communiqua, jour après jour, à l'agence, en la priant d'en faire une annonce hebdomadaire." (Par la suite, les chiffres ayant grossi, l'annonce deviendra quotidienne. Big up à Jérôme Salomon).

"Là encore, cependant, la réaction du public ne fut pas immédiate. En effet, l'annonce que la troisième semaine de peste avait compté trois cent deux morts ne parlait pas à l'imagination. D'une part, tous peut-être n'étaient pas morts de la peste. Et, d'autre part, personne en ville ne savait combien, en temps ordinaire, il mourait de gens par semaine."

Bref, l'humain est humain et ses réactions ne changent pas...

En revanche, j'ai toujours du mal avec les romans philosophiques. J'ai parfois trouvé le temps long pendant ma lecture mais j'insistais en me disant que je passais sûrement à côté d'une réflexion aux sens multiples, ce qui gâche un peu le simple plaisir de la lecture.
Pour autant, je suis tombée des nues en lisant que La peste était une allégorie de la résistance au nazisme. Si je le relisais avec ce prisme en tête ça me sauterait peut-être aux yeux, mais au sortir de ma lecture ça ne m'apparaît pas du tout comme une évidence. Je le voyais plus comme un essai sur la psychologie des Hommes face à la fatalité de quelque-chose contre lequel on ne peut pas véritablement lutter.
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La Peste, chef-d'oeuvre d'Albert Camus, demeure une oeuvre intemporelle qui résonne avec une pertinence saisissante même des décennies après sa parution. Ayant eu le privilège de plonger dans cet univers complexe il y a longtemps, le souvenir de cette lecture demeure gravé dans ma mémoire comme une expérience littéraire profonde et enrichissante.

L'intrigue se déroule dans la ville algérienne d'Oran, où une épidémie de peste s'abat de manière inattendue, mettant à l'épreuve les fondements de la société. Ce n'est pas simplement une chronique des ravages physiques de la maladie, mais plutôt une exploration des méandres de l'existence humaine et de la condition absurde qui caractérise la philosophie de Camus.
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L'épidémie,

Autant j'apprécie et j'estime l'homme, autant ses livres ne me conviennent pas…

Je ne retrouve pas dans les pages d'Albert Camus son engagement, ses luttes et ses idées…

Je m'ennuie beaucoup, je ne comprends pas l'intérêt de ses écrits… qui ne reflètent pas (pour moi) l'homme passionnant qu'il était.

Dommage, il faudra que j'essaye encore…
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Ce roman a été remis au goût du jour en 2020 suite à l'épidémie de Corona-virus mais je n'avais pas envie de le lire à cette période. C'est donc cette année que je m'y suis mise.
Je dois dire que le début et la fin du roman m'ont beaucoup plu. La mise en place de l'épidémie, les réactions de la population qui préfère d'abord nier l'évidence jusqu'à ce que cela ne leur soit vraiment plus possible et que le préfet soit obligé de fermer les portes de la ville sont des passages très bien écrits par l'auteur et qui retranscrivent parfaitement la réalité avec beaucoup de finesse et de psychologie vis-à-vis des différents personnages.
Ensuite, la peste s'installe et cela semble ne jamais devoir se terminer. Les habitants de la ville d'Oran ressentent alors un certain piétinement, une lenteur et une lourdeur. L'auteur a tellement bien su retranscrire cette ambiance pesante que j'ai moi aussi trouvé que l'histoire piétinait, relâchant alors mon attrait pour le roman.
Ce n'est que lorsque la fin est (enfin) arrivée que j'ai retrouvé de l'intérêt pour ma lecture et pour le destin des personnages principaux.

J'avoue être passée un peu à côté de ma lecture et je pense que cela est dû au fait que j'ai fait une lecture audio. J'ai eu des difficultés à m'attacher aux personnages principaux et même à les différencier les uns des autres. Ma lecture a traîné en longueur me faisant perdre progressivement mon intérêt pour la destinée des habitants de la ville d'Oran. J'espère qu'un jour j'aurai à nouveau envie de découvrir ce roman et cette fois-ci je me procurerai la version papier qui je réussira peut-être à me captiver de bout en bout. Malgré tout, je reconnais les qualités d'écriture indéniables de ce livre que j'aurai aimé pouvoir apprécier à sa juste valeur.
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Ceux qui agissent, ceux qui pensent (mal)
ET
le troupeau qui tourne en rond.

La peste - une maladie jadis synonyme de fin du monde, les épidémies formant avec les guerres, la famine et la conquête le quatuor des cavaliers de l'apocalypse. Cette peste, que Camus situe à Oran dans les années “ 194.” est, bien sur, une métaphore couvrant toute une série de possibilités, même si beaucoup ont voulu y voir l'image de l'occupation . A mon sens, elle représente tout désastre à la fois collectif et individuel, qui interrompt le cours espéré de l'existence, mettant ainsi en évidence la vulnérabilité de l'homme et de son bonheur. Ce face à face avec la finitude de l'existence, avec les brisures qui la traversent, et qui peuvent brusquement la faire éclater, choque les illusions qui bercent la vie en temps “normal”.

Ainsi nous nous retrouvons à Oran, où, soudain, des événements étranges se déroulent. Une infestation de rats. Qui viennent crever sur les paliers, puis à la rue et sur les places publiques. Ensuite, des maladies soudaines, brutales, fatales. Leur nombre croît rapidement. Mais personne ne veut, ne peut y croire. Une chose étrange se passe, mais comme elle ne peut trouver sa place dans la vie normale, elle est ignorée. On hausse les épaules. C'est bizarre mais ça passera.

En quelques semaines, la maladie dévoile son visage, devient épidémie galopante, et chacun est bien obligé de prendre position, de se dévoiler en réponse au mal. La position que l'on prend reflète l'attitude fondamentale que l'on a envers la vie : les masques tombent. Il y a ce vieil asthmatique qui se réjouit . A t-il trop souffert, est-ce un misanthrope ? Les opportunistes, pour qui la catastrophe est une belle occasion de faire des affaires en contrebande de personnes ou de biens. Un journaliste, amoureux, qui ne pense qu'à rejoindre sa bien-aimée hors des postes de garde qui quarantainent désormais la ville. Et l'immense masse qui tourne en rond, essayant de tromper son ennui - le vide essentiel de son existence tel que révélé par l'épidémie - en parcourant les boulevards et en assistant pour la quinzième fois à la projection du même film, même les bobines de films étant interceptées par l'armée.

Il y a donc l'immense majorité de ceux qui s'accommodent de l'épidémie, et il y quelques individus qui luttent. Il y a surtout Rieux et Paneloux . le premier est médecin. Confronté à la souffrance, à la mort, il agit. Non en se référant à une doctrine, mais simplement par humanité. Et parce que c'est son travail. Il fait ce qu'il peut, même si c'est peu de choses, parce qu'il peut le faire. Et pour cela, il est prêt à sacrifier son bonheur - car lui aussi a quelqu'un qui l'attend ailleurs. Il donne tout pour rien, ou presque rien ,sans autre espoir que celui de continuer à lutter. L'image de Sisyphe surgit … Paneloux, lui, est prêtre. Il est de ces gens qui veulent tout, absolument tout justifier en l'incorporant dans un schéma explicatif. Mais il est des choses, telles que la souffrance, telles que le mal, qui relèvent du domaine du mystère. Un prêtre devrait savoir cela. Mais rien ne résiste à la fureur justificatrice de Paneloux, qui restructure le problème jusqu'à ce que ses systèmes de pensée puissent l'accommoder. C'est ainsi que font les fanatiques de tous bords : ils racontent ou commettent des horreurs en essayant d'expliquer ou de remédier à l'horreur. Rieux est protégé par son humilité : il n'essaye pas de comprendre, se contentant de faire sans expliquer ni justifier. La force de l'humilité, pas celle de l'absurde, est pour moi le thème central de ce roman.


Ce livre m'a rappelé quelques souvenirs de l'époque du Covid. Je me souviens de cette grisaille. Aujourd'hui encore je différencie mal ce qui s'est passé en 2020 de ce qui s'est passé en 2021 : tout cela est une masse indifférenciée, en grande partie oubliée. le temps avait suspendu son vol, et pas parce que l'instant était merveilleux. Je me souviens aussi de cette masse de gens qui; d'abord, avait déclaré que nous étions des “ héros” ( je travaille en hôpital, même si je ne suis pas soignant), pour quelques mois plus tard surcharger désastreusement le système de soins parce qu'ils n'étaient pas capables de se passer de sorties en boîte plus de quelques semaines. La bêtise, la lâcheté, la connerie généralisées - comme celle des masses qui tournent en rond sur les boulevards d'Oran. C'est aussi pour cela qu'il m'a fallu deux semaines pour terminer ce livre.








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Oran, années 40. Les habitants sont sidérés quand ils voient d'abord les rats sortir de leurs trous et mourir par centaines. Puis ce sont les gens qui tombent malades et meurent mystérieusement. le monde médical est désemparé, les autorités tardent à réagir et finissent par boucler la ville après plusieurs mois de cauchemar. C'est bien la peste qui va mettre à rude épreuve une population au bord du chaos, mais finalement résignée à son sort. En réaction humaine on voir apparaitre un peu de trafic et on assiste à quelques évasions. Mais une solidarité et une fraternité les tient tous coude à coude.
A l'église, le Père Paneloux plombe les esprits en déclarant : « le fléau de Dieu met à ses pieds les orgueilleux et les aveugles ; méditez ça et tombez à genoux ! » Il espère ainsi que les citoyens lanceront au ciel un parole de foi et d'amour. Sans doute veut-il se démarquer à l'occasion.
Albert Camus nous tient en haleine avec moult détails sordides et actions désespérées, comme s'il tenait un feuilleton quotidien (peut-être finalement de par son métier de journaliste). Beaucoup de comportements font penser à la période de confinement durant la pandémie de 2020. Même si le préfet rouvre les portes de la ville après trois mois, les gens veulent rester ensemble à vivre une nouvelle intimité. Quand l'épidémie a disparu, la libération a fait resurgir la tendresse humaine. le docteur Rieux, au feu de l'action jusqu'au bout a témoigné avec dignité, ce qui apporte sobriété au drame et ce qui rend l'épreuve acceptable. Les phrases simples et concises rendent l'atmosphère austère. La encore, comme en 2020, les esprits les plus fragiles en sortent les plus marqués. Mais pourquoi en 2023 nous citoyens, ne devenons-nous pas meilleurs comme les Oranais en 1940 ? sans doute que trop de choses ont changé … L'auteur narre avec une grande pudeur et des mots pleins de sens. Pour lui l'existence humaine est marquée par l'absurde. La peste qui frappe à l'aveugle aide Camus à se surpasser. Ce profond roman ne prend pas une ride.
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Gros retour en 2020 lors du Covid, j'avais l'impression d'y être, sauf que La Peste de Camus, c'est quelque chose.

On suit les points de vue du Docteur Rieux et de Tarrou. On fait aussi connaissance dans ce roman, de personnages aussi intriguants les uns que les autres.

Un jour, des rats sont retrouvés morts partout à Oran, petite ville tranquille en Algérie. Ensuite, c'est le tour des hommes. Toux, ganglions énormes, poumons pris... mais les habitants sont dans le déni total. On n'ose même pas prononcer le mot "Peste".

Pourtant, il faut bien se faire à l'idée que la Peste arrive bel et bien. À partir de là, Oran ferme ses portes, les habitants sont confinés dans leur ville, on enregistre des centaines et des centaines de morts par jour. Les hôpitaux sont blindés, tout le monde perd espoir.

Les critiques de Camus sur le sujet sont tellement pertinentes, et on peut comprendre le point de vue des habitants qui au départ, se fichent d'être en règle ou non. Ils veulent quitter Oran pour rejoindre leurs proches, ne pas rester seuls, malgré le fait que ça puisse être dangereux. S'en suit une lassitude où les habitants perdent goût à tout.

J'ai tellement aimé et j'ai trouvé beaucoup de phrases de l'auteur tellement justes. Il y a cinq parties différentes, à chaque partie l'horreur s'installe de plus en plus. C'est sinistre et même en tant que lecteur on a du mal à croire que ça passera.

J'ai trouvé quelques longueurs vers la fin mais sinon, je suis très contente d'avoir découvert ce gros classique de Camus.
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Le récit commence avec l'apparition soudaine d'une épidémie de peste qui isole la ville d'Oran du reste du monde. Les autorités réagissent en imposant des mesures strictes pour contenir la maladie, et la ville devient un lieu de souffrance et de mort. Camus utilise cette situation comme une métaphore de l'absurdité de la condition humaine, soulignant comment la vie peut être imprévisible et dépourvue de sens. le personnage principal, le Docteur Bernard Rieux, devient le témoin direct de la montée de la peste et de ses conséquences dévastatrices. Tout au long du roman, Rieux incarne la résistance et la solidarité. Son engagement envers la lutte contre la maladie reflète la lutte existentielle contre l'absurde et la recherche d'un sens dans des circonstances difficiles. L'une des images les plus mémorables du livre est celle des rats morts qui envahissent les rues d'Oran, symbolisant la propagation rapide et incontrôlable de la maladie. Cette image sert également de métaphore pour les maux sociaux qui peuvent infecter une communauté, qu'ils soient physiques ou métaphoriques. Camus explore également la nature humaine à travers différents personnages, montrant comment ils réagissent face à la catastrophe imminente. Certains choisissent de fuir la réalité, tandis que d'autres s'engagent dans des actes de désespoir ou de résistance. Ces réactions variées soulignent la diversité des expériences humaines face à l'adversité.
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