Le Premier Homme

autobiographie intéressante ; je n'y vois pas un chef d'oeuvre.
très agréable lecture

Ce roman inachevé et posthume met en scène Jacques, prête-nom d'Albert Camus. L'auteur revient sur ses souvenirs d'enfance et décrit par le menu le monde où il a grandi. Comme chacun sait, ses racines étaient en Algérie. Pour le lecteur du XXIème siècle, le monde de « Jacques » semble doublement étranger: il est situé loin dans le passé et surtout il se réfère à une société - disparue sans laisser de traces - où cohabitaient pacifiquement Arabes et Français (ces derniers, d'ailleurs, étaient souvent nés en Espagne ou dans un autre pays méditerranéen). Un autre point crucial à noter, c'est l'extrême pauvreté qui caractérisait ces Pieds-Noirs, qui n'avaient strictement rien à voir avec les trop célèbres "gros colons" qui ont été obstinément invoqués par les tenants de l'indépendance de l'Algérie. La misère de sa famille, assumée avec dignité, a contribué à la pensée de Camus quand il est devenu philosophe et écrivain.
Le propos de l'auteur est double: détailler les expériences de vie de « Jacques » et faire un tableau exhaustif du milieu où vivait sa famille. Le récit recherche une justesse et une précision parfaites. Je reconnais très volontiers que ce témoignage a une grande valeur et qu'Albert Camus écrit dans une langue remarquable, comme d'habitude. Malheureusement, ce souci perfectionniste de l'écrivain a fini par me lasser. On se demande ce qu'aurait été ce roman s'il avait pu être achevé: sans doute l'auteur aurait abrégé son récit, mais comment en être sûr ?

Ce roman m'a fiat l'effet d'un ovni : déjà, c'est une oeuvre inachevée, ce dont l'édition rend bien compte, grâce aux notes de bas de pages, aux annexes, etc... Ensuite, j'avais seulement un vague souvenir du seul autre roman de Camus que j'ai lu, L'Etranger, et je ne m'attendais pas à un tel niveau de maniement de la langue française. le texte est ample, ardu, même si l'histoire se lit bien, car c'est celle d'une enfance algérienne somme toute assez simple. Toutefois, on sent que le roman n'était pas abouti, dans sa construction-même, je trouve, car il y a des déséquilibres, des passages très longs et d'autres que l'on trouve trop courts... Enfin, ce n'est qu'une impression personnelle, mais qui m'a gênée pendant la lecture.
De très haute qualité littéraire mais un peu bancal, ce roman m'a finalement laissé un drôle de goût d'amertume, comme un chef-d'oeuvre au piédestal écaillé.

Livre abandonné à la 130ème page. J'avais lu dans une critique Babelio à propos d'un autre livre sur l'Algérie que celui-ci apportait un éclairage incontournable sur cette colonisation. Je m'attendais donc à un roman historique, ce qu'il n'est finalement pas du tout ! (et j'en veut terriblement à ce lecteur/trice qui m'a induit en erreur ;-)

J'aurais pu néanmoins être intéressé par cette autobiographie inachevée d'un auteur que par ailleurs j'aime beaucoup : non plus. Je passe mon tour.

J'ai eu du mal à être absorbé par le roman. En effet, j'ai toujours eu du mal avec cet auteur même si je dois avouer que c'est un très grand romancier. L'un des meilleurs en France. Il faut au moins lire l'un de ses livres

Très bien écrit.