Le contraire d'un peuple civilisé, c'est un peuple créateur.
Il est des lieux où meurt l'esprit pour que naisse une vérité qui est sa négation même.
La brise est fraîche et le ciel bleu. J'aime cette vie avec abandon et je veux en parler avec liberté : elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme. Pourtant, on me l'a souvent dit : il n'y a pas de quoi être fier. Si, il y a de quoi : ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l'immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C'est à conquérir cela qu'il me faut appliquer ma force et mes ressources.
La mesure de l’homme ? Le silence et les pierres mortes. Tout le reste appartient à l’histoire.
Non, décidément, n’allez pas là-bas si vous vous sentez le cœur tiède, et si votre âme est une bête pauvre ! Mais, pour ceux qui connaissent les déchirements du oui ou du non, de midi et des minuits, de la révolte et de l’amour, pour ceux enfin qui aiment les bûchers devant la mer, il y a, là-bas, une flamme qui les attend.
Tout ce qui exalte la vie, accroît en même temps son absurdité.
Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer.
La rivière et le fleuve passent, la mer passe et demeure. C'est ainsi qu'il faudrait aimer, fidèle et fugitif. J'épouse la mer.
Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible.
A midi sur les pentes à demi sableuses et couvertes d’heliotropes comme d’une écume qu’aurait laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, je regardais la mer qui, à cette heure, se soulevait à peine d’un mouvement épuisé et je rassasiais les deux soifs qu’on ne peut tromper longtemps sans que l’être se dessèche, je veux dire aimer et admirer. Car il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer. Nous tous, aujourd’hui, mourons de se malheur.