L'Atermoyeur descend le matin chercher son courrier, regarde ses lettres sans les ouvrir et les trie. Les plus urgentes, il les cache si bien qu'il n'y aura plus aucun moyen de les retrouver. Pour les moins urgentes, il se donne moins de mal. Mais toutes sont mises de côté. Il n'y a pas une journée qu'il ne commence en s'occupant de son courrier. Quand tout est réglé, il peut souffler un peu et se mettre à oublier. Le plus sûr, pour lui, est de se recoucher tout de suite après s'être occupé de son courrier. Car, quand il se réveille, il ne sait déjà plus ce qu'il y avait dedans : sinon, il faudrait qu'il se mette à changer les cachettes. Il n'est pas facile d'oublier tant de choses à la fois.
L'ATERMOYEUR.
Le parle-en-premier parle sur des patins et devance les piétons. Les paroles lui tombent de la bouche comme des noisettes creuses. Elles sont légères, car elles sont vides, mais il y en a beaucoup. Pour mille creuses, il en vient une pleine, mais c'est un hasard. Le parle-en-premier ne dit rien à quoi il ait d'abord réfléchi, il commence par le dire. Ce n'est pas son coeur, c'est sa langue qui déborde.
L'autobienfaitrice: Elle vit des cadeaux qu'elle va reprendre. Elle n'oublie jamais un cadeau. Elle les connaît tous, elle sait où chacun se trouve. Elle passe tous les endroits au peigne fin à leur recherche et trouve toujours des prétextes. Elle aime aller dans des maison qu'elle ne connaît pas, et elle espère y trouver aussi un de ses cadeaux. Même les fleurs fanées refleurissent pour se faire reprendre par elle.