AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'Année du jardinier (38)

C'est pourquoi, à l'automne, il transporte ses plantes de place en place comme une chatte ses petits. Chaque année il se dit avec contentement : «Bon, maintenant tout est planté et à sa place. L'année prochaine je me reposerai. » Le jardin n'est jamais fini.
En ce sens, le jardin ressemble au monde et à toutes les entreprises humaines.
Commenter  J’apprécie          10
C'est une loi naturelle qu'aucune de vos graines ne germe ou bien que toutes lèvent à la fois. On se dit: «Ici quelque chardon décoratif, comme un cirsium ou un onopordon, irait à merveille. » Et on achète un sachet de graines de chaque espèce, on les sème et on se réouit de voir comme elles lèvent bien ; quelque temps après, il faut les repiquer et le jardinier est tout épanoui à la pensée qu'il a cent soixante-dix pots contenant chacun un plant rempli de vie ; il se dit que faire soi-même les semis, c'est tout de même l'idéal. Et maintenant, il faut planter tout cela ; mais que faire de cent soixante-dix chardons? II en a déjà piqué partout où il y avait un pouce de terre et il lui en reste encore plus de cent trente : alors, faudra-t-il les jeter au fumier, ces plants qui ont coûté tant de peine ?
« Voisin, ne voudriez-vous pas quelques plants de cirsium? c'est très décoratif, vous savez.
- Ma foi, oui, à la rigueur. »
Dieu merci, le voisin en a pris trente. Le voilà maintenant qui court dans son jardin, fort embarrassé pour trouver un coin où les planter.
Commenter  J’apprécie          50
II est sûr qu'on l'appelle ainsi parce que ce coin de jardin permet à son propriétaire de pratiquer un alpinisme de casse-cou : s'il veut, par exemple, planter entre deux pierres une petite androsace, il faut qu'il pose légèrement un pied sur cette pierre qui branle un peu, tandis que son autre jambe se balance en l'air, de manière à ne pas marcher sur un tapis d'érysime ou d'aubriétie en fleur. II faut qu'il s'étende, s'accroupisse, se retourne, s'allonge, saute, tombe, s'incline de la façon la plus audacieuse pour pouvoir planter, piocher, creu- ser et sarcler au milieu de ces rochers pittoresquement étagés et pas précisément en équilibre.
Commenter  J’apprécie          10
Le troisième jour quelque chose sort au bout d'une Iongue tige blanche et se met à pousser à toute vitesse. Le jardinier jubile et pousse presque des cris, se disant que ça y est : il entoure cette pousse d'autant de soins que la prunelle de ses yeux.
Le quatrième jour, quand ce germe a poussé démesurément, le jardinier commence à se demander avec inquiétude si ce ne serait pas de la mauvaise herbe. II ne tarde pas à constater que cette crainte était justifiée. Toujours ces choses longues et menues qui poussent dans les pots de fleurs sont de mauvaises herbes. II semble évident que c' est là quelque loi naturelle.
Commenter  J’apprécie          10
Un beau jour il vous arrive de planter vous-même de votre propre main une fleur (dans mon cas, ce fut une joubarbe) ; au cours de l'opération, par quelque écorchure ou autrement, un peu de terre pénètre dans votre organisme et détermine une sorte d'inflammation ou d'intoxication : bref vous devenez un jardinier fanatique.
Commenter  J’apprécie          10
Ainsi vont les choses : plus une saleté est nuisible, plus elle a de vitalité.
Commenter  J’apprécie          00
On aura beau faire, aucune révolution n'accélérera la germination ni ne fera fleurir les lilas avant le mois de mai, cette leçon rend l'homme plus sage.
Commenter  J’apprécie          10
Quiconque a un jardin devient inéluctablement un défenseur de la propriété, et alors, ce n’est pas un rosier qui pousse dans ce jardin, c’est « son » rosier. L’homme qui est propriétaire prend conscience d’une certaine solidarité qui le lie à son prochain, par exemple en ce qui concerne le temps, il se met à dire : « Nous aurions besoin d’une bonne pluie » ou « Nous avons été bien arrosés ». D’autre part, il devient en quelque sorte fortement exclusif. Il trouve que les arbustes des voisins ne sont que du bois de fagot, à la différence des siens propres ;.ou bien il constate que tel cognassier viendrait bien mieux dans son jardin que dans celui de son voisin, etc. Il est donc vrai que la propriété privée suscite certains intérêts collectifs, certains intérêts de classe, par exemple en ce qui concerne le temps, mais il est non moins vrai qu » elle excite à l’extrême de forts instincts d’égoïsme, d’initiatives et de possession. Il ne fait pas de doute que les hommes n’aillent au combat pour défendre leur idée, mais ils iraient avec plus de zèle encore et plus de férocité pour défendre leur jardin. Un homme qui possède quelques arpents de terre et qui cultive quelque chose devient, en vérité, un être conservateur car il est assujetti à des lois naturelles millénaires. On aura beau faire, aucune révolution n’accéléra la germination ni ne fera fleurir les lilas avant le mois de mai, cette leçon rend l’homme plus sage et fait qu’il se soumet aux lois et aux coutumes.
Commenter  J’apprécie          00
Cultiver la terre, c’est d’une part bêcher, creuser, retourner, fouiller, ameublir, aplanir, niveler et faire des ondulations, et d’autre part, s’occuper des ingrédients. Aucun pudding au monde ne peut-être de composition plus compliquée que la terre de jardin. Autant que je puisse savoir, on y met du fumier, de l’engrais, du guano, des feuilles pourries, de la terre de gazon, de la terre arable, du sable, de la paille, de la chaux (de la farine pour les enfants), du salpêtre, des phosphates, de la bouse, de la cendre, de la tourbe, de l’eau de la bière, des culots de pipe, des allumettes brûlées, des chats crevés et beaucoup d’autres substances. Tout cela se mélange, s’enfuit et se répand ; comme je l’ai dit, le jardinier n’est pas un homme qui respire les roses, mais un homme qui est poursuivi par l’idée que « cette terre voudrait encore un peu de chaux », ou bien « qu’elle est lourde, comme du plomb, dit le jardinier, et qu’elle voudrait un peu de sable ».
Commenter  J’apprécie          00
Quiconque devient jardinier recherche avec complaisance les « Vieux Chroniqueurs » . Ce sont des personnes d’un certain âge et passablement distantes qui disent chaque printemps , qu’elles n’ont pas souvenir d’avoir jamais vu un temps pareil . S’il fait froid, elles proclament qu’elles ne se souviennent pas d’un printemps aussi froid. « Une fois, il y a de ça soixante ans, il a fait si chaud que les violettes fleurirent à la Chandeleur ». Par contre si le temps est légèrement plus chaud, les chroniqueurs soutiennent n’avoir aucun souvenir d’un printemps aussi chaud. « Une fois, il y a de ça soixante, nous circulâmes en train en traîneau à la Saint-Joseph ». Bref, les chroniqueurs eux aussi témoigne qu’en ce qui concerne le temps, notre pays a toujours été soumis à un arbitraire effréné et qu’il n’y a pas à aller contre.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (304) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Compléter les titres

    Orgueil et ..., de Jane Austen ?

    Modestie
    Vantardise
    Innocence
    Préjugé

    10 questions
    20249 lecteurs ont répondu
    Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

    {* *}