Tel un flambeau, il se transmettent la souffrance qu'ils ne peuvent transcender. Les existences se succèdent et nul ne peut s'en libérer. Ils se refilent cet héritage gangrené avant de poursuivre leur chemin, reproduisant à l'infini un triste destin.
Certains êtres traversent les épreuves en restant tendres, se laissant heurter plus violemment, quand d'autres se figent pour éluder la peine.
Il est fascinant de découvrir combien nos existences s'influencent entre elles. Nous nous frottons les uns aux autres et nos paquets de forces et de failles en ressortent émoussé.
Ils ont une façon similaire de fonctionner, de comprendre les choses, de profiter de la vie simplement. J'ai le sentiment d'être en décalage, de devoir m'ajuster pour raccourcir la distance qui s'impose naturellement entre nous.
Malgré mes efforts, je ne suis jamais parvenue à leur ressembler. La vraie nature est indomptable et la mienne se débattait.
Mes parents évoluaient le regard éteint, les épaules basses, passant d'une obligation à une autre, les commissures des lèvres suspicieusement sensibles à la gravité. Moi j'étais dotée d'une énergie infinie.
Une fois les yeux clos et sa peau chaude contre la sienne, les souvenirs de son ancien amour se dissiperont, comme si la disparue acceptait sa défaite, laissant la place à Céleste. La seule que Barnabé pourrait supporter. Parce que même nue collée contre lui, dans cette intimité où nul ne peut se cacher, elle maintiendra la distance, alliée indispensable à sa fierté. Et dans cette juste distance seulement, il pourra s’abandonner.
Sa remarque me glace le sang tant elle contient de négligence et de dédain. Ne s’inquiète-t-elle donc pas de savoir où est sa fille de dix ans à 7 heures du matin ? […] comment ma mère peut-elle ignorer que les vacances ont débuté ? […] Je découvre avec effroi que le baiser du matin est à mon initiative, mes lèvres sur sa joue, jamais le contraire, qu’elle tend celle-ci sans sourire, comme une obligation de plus dans une journée déjà chargée. Je comprends soudain que si elle ne me prend pas dans ses bras, ce n’est pas par manque de temps ou parce qu’elle a trop chaud, mais parce qu’elle n’en a pas envie. Mes parents ne sont pas seulement ternes, stricts, oublieux, ils sont aussi dépourvus d’amour. Cette vérité me paralyse Ma mère ne m’aime pas. Lui, je m’en doutais, mais elle… J’espérais encore.
- Charlotte, je ne crois pas qu'il y ait jamais un bon moment pour rompre. Par contre, il est toujours urgent de débuter une histoire d'amour, ne fût-ce qu'avec soi-même.
- S'il fallait tout faire correctement ma chérie, quel ennui ce serait ! Essaie juste pour le plaisir ?