Rempart, tome 1 : Le livre de Koli

Deuxième excursion dans l'univers de M. R. Carey après Celle qui a tous les dons, avec le livre de Koli. On est à nouveau dans un monde post-apocalyptique. On ne sait pas exactement ce qui s'est passé mais le monde a changé. La nature est devenue hostile, l'humanité a été décimée et la civilisation a régressé. Les rares groupuscules encore en vie s'abritent derrière des remparts où ils sont revenus à une société primitive, incapables de comprendre les technologies du passé, les vénérant pourtant.

On suit les pas de Koli, jeune garçon de quinze ans qui doit passer l'épreuve au cours de laquelle on le mettra en présence d'un “tech” pour voir s'il s'éveille à la vie pour lui. Si c'est le cas, il rejoindra la classe la plus haute de la société, un élu chargé de protéger le village des menaces extérieures, un membre de la famille régnante, les Vennastin. Sinon il restera ce qu'il est et a toujours été, à savoir un jeune homme modeste, et obéissant aux Vennastin surtout.

Le récit est à la première personne, c'est Koli lui-même qui nous raconte son histoire, avec son phrasé personnel et sa totale ignorance du subjonctif. C'est très certainement un moyen pour l'auteur de nous immerger un peu dans l'histoire, comme d'autres parsèment leurs textes d'expressions populaires, voire de grossièretés, mais ces fautes de temps m'ont sortie de ma lecture et j'aurais préféré qu'il s'abstienne. Un détail, mais un détail dérangeant, en ce qui me concerne.

Du côté de l'intrigue, on est dans une dystopie YA assez classique, je dirais. Un monde en déroute, ceux qui en profitent, ceux qui subissent. Et notre héros fait bien évidemment partie de la seconde catégorie. Son éveil à la réalité des choses s'accompagne de moult épreuves, une vraie quête initiatique au cours de laquelle Koli perd sa naïveté d'enfant. On retrouve toutes les thématiques chères au genre : la soif de pouvoir des uns, le désir de liberté des autres, la morale et la religion.

L'un des points forts du roman tient peut-être à la naïveté de Koli. C'est un esprit vierge, qui ne prend la mesure des événements que bien après qu'ils se soient déroulés, un personnage plein de nuances qui s'interroge beaucoup, observe et se trompe. Un premier tome sympathique mais qui reste pour moi très, voire trop, classique. Je demande encore à être convaincue par la suite des aventures de Koli, que j'ai bien l'intention de me procurer prochainement.
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Juste un autre monde ravagé

Les lecteurs commencent à être habitué aux récits post apocalyptique très codifiés. Terrain de jeu idéal pour auteur imaginatif le genre commence à manquer de souffle, Mike Carey parvient-il à apporter sa pierre à l'édifice sans se noyer dans la masse ?

Reconnaissons tout d'abord que l'auteur maîtrise l'art de la narration à la perfection. le choix de nous conter le périple de Koli sous forme de mémoire permet de s'immerger instantanément dans le monde imaginé par l'auteur. Un monde où le moindre animal, la moindre plante, la moindre graine est synonyme de danger mortel et où la seule protection réside dans des reliques technologiques de l'ancien temps.

Une narration immersive mise au service d'un récit qui manque cruellement d'originalité. Koli, le personnage principal, n'est qu'un énième ersatz d'Ulysse, c'est à dire un héros qui doit surtout compter sur son ingéniosité, son éloquence et sa chance pour s'extirper des mille dangers qu'il rencontre plutôt que sur ses muscles. Une base de départ honnête et classique malheureusement gâchée par un caractère impulsif et irréfléchi qui positionne Koli dans la droite lignée des héros jeunesse que l'on a l'habitude de côtoyer depuis quelques années déjà.

Il est dommage que l'auteur n'ait pas poussé son récit encore plus loin afin de livrer un récit qui sortirait des sentiers battus. Il est d'autant plus regrettable que l'auteur n'a pas voulu, ou pas su, briser les carcans du récit jeunesse pour apporter un nouveau souffle au roman d'aventures post-apo.

En l'état, le livre de Koli est un premier tome distrayant, dont je lirai la suite avec plaisir, mais qui ne se démarque pas suffisamment du reste de la production de fiction jeunesse.