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Rempart tome 1 sur 3

Patrick Couton (Traducteur)
EAN : 9791036000867
416 pages
L’Atalante (23/09/2021)
3.96/5   96 notes
Résumé :
La vie est rude à Mythen-Croyd, deux centaines d’âmes, au nord d’un pays qui s’appelle l’Engleterre. Et au-delà des murs du village règne une nature sauvage, ce qui n’est pas une façon de parler : tout ce qui vit est dangereux ; ce qu’on veut manger se défend et ce qui veut vous manger est innombrable.
Pour Koli, quinze ans, l’avenir est tracé à la scierie familiale, sauf à devenir un Rempart, un des privilégiés du village, ceux qu’ont reconnus et choisis les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 96 notes
Auteur de premier plan au Royaume-Uni, Mike Carey (aussi connu sous le nom de plume de M.R Carey) est surtout connu dans le monde de l'imaginaire pour ses comics (Hellblazer, The Unwritten…) et son roman horrifique/post-apocalyptique Celle qui a tous les dons (adapté en long-métrage par Colm McCarthy en 2016).
Après la publication de la Part du Monstre (suite de Celle qui a tous les dons) aux éditions L'Atalante, c'est cette fois le Livre de Koli qui nous arrive en France sous une traduction signée Patrick Couton.
Premier tome d'une trilogie, le Livre de Koli nous emmène dans un univers post-apocalyptique à travers une Angleterre en ruines et où il ne fait pas bon se promener seul dans la forêt…

Raconter l'après
Écrit à la première personne, l'histoire du Livre de Koli nous est rapportée sous forme de simili-journal intime par… Koli lui-même !
Ce jeune homme de quinze ans vit à Mythen-Croyd, un petit village fortifié du nord de l'Angleterre (ou Engleterre comme nous l'explique Koli) où survivent deux cents personnes bien à l'abri des palissades et sous la protection d'un groupe de personnes appelées les « Remparts ». Chaque « Rempart » (Rempart Feu, Rempart Flèche, Rempart Mémoire ou encore Rempart Couteau) utilise un « tech » bien précis pour participer à la défense du village contre les dangers qui guettent les survivants.
En effet, dans le monde de Koli, des guerres ont mis fin à l'humanité telle que nous la connaissons et la crise climatique n'a, semble-t-il, rien arrangé du tout. Pire encore, suite à des manipulations génétiques inconsidérés pour pouvoir replanter rapidement et efficacement des plantes et des arbres, la flore est devenue dangereuse pour l'homme, carnassière et empoisonnée.
À Mythen-Croyd, les habitants éprouvent donc un respect mêlé de crainte pour les « Remparts » à la fois protecteur et décisionnaire de la communauté. Pourtant, à l'aube de son rite de passage vers l'âge adulte, Koli s'interroge sur la mainmise d'une seule famille, les Vennastin, sur les « techs » de l'ancien monde.
Vous l'aurez compris, le Livre de Koli se présente comme un énième roman de passage à l'âge adulte pour son personnage principal et narrateur, le jeune Koli. Avec une efficacité remarquable cependant. Mike Carey, en brillant scénariste, nous offre une histoire finement calibrée et rythmée (avec un découpage en 56 chapitres courts) qui nous fait littéralement rentrer dans la tête de Koli et comprendre sa façon d'appréhender le monde.
Un monde à la fois familier pour le lecteur (qui va décrypter dans le vocabulaire abâtardi de Koli les nombreux termes qu'il connaît déjà) et exotique (pour les nouveaux dangers que recèlent la forêt et les environs de Mythen-Croyd, sans parler des croyances des habitants).
La première partie du Livre de Koli consiste donc en une installation d'univers à la fois convaincante et immersive (grâce au langage approximatif employé par le narrateur et brillamment retranscrit par Patrick Couton) tout en permettant l'empathie avec les personnages présentés, à commencer par Koli lui-même et ses amis proches, Haijon et Toupie.
Mais davantage qu'une description d'un univers post-apocalyptique de plus, le roman va très vite se lancer sur des trajectoires plus intéressantes…

La nécessité du pouvoir
Le Livre de Koli va vite s'intéresser à la position de pouvoir de la famille Vennastin au sein de Mythen-Croyd et l'arrivée d'Ursula, une « itinérante » qui en sait beaucoup plus long sur le monde d'avant et d'après, va remettre en question toutes les croyances de Koli sur son monde de vie.
Mike Carey montre ici l'importance du contact avec le monde extérieur et le point de vue de l'autre, celui qui se situe en dehors de la communauté, pour pouvoir poser un regard neuf sur sa propre société, sur ses propres croyances.
À partir de cet éveil critique, Koli devient le moteur du changement, un changement que l'on savait déjà en germe chez lui et qui repose tout entier sur deux traits de caractère : la curiosité…et l'ambition. C'est grâce à ces motivations (parfois purement égoïstes) que Koli va découvrir les mensonges qui l'entourent et détricoter un système de croyances qui ne sert qu'à une seule chose : garder le contrôle sur la communauté.
Mais là où les choses deviennent intéressantes, c'est que Mike Carey ne juge pas forcément de façon péjorative les responsables mais tente d'expliquer leurs motivations par le contexte et par les impératifs de la survie.
Quand peut-on estimer que l'emprise sur une population, par le mensonge ou par la supercherie, est-elle légitime pour la protéger d'elle-même ou du monde extérieur ?
La suite de l'histoire de Koli n'apportera pas forcément de réponse pleine et entière mais plutôt de nouveaux points de comparaisons sur ce qui reste comme alternatives aux hommes dans un monde plein de dangers et bien loin des structures sociales d'antan.

Avoir la foi
Lâché dans la nature, Koli va (re)découvrir ce qui l'entoure et prendre conscience de pas mal de choses. Après la « dictature » des Vennastin, il va connaître le culte messianique de Senlas et des Bannis. Une autre façon de reformer des communautés et de jeter des bases sociales neuves (ou presque..), aussi extravagantes puissent-elles être, mais qui permettent de réaffirmer une fois encore que l'être humain est un animal de croyance qui a besoin de croire en un leader, en un avenir, en un après. de nouveau, Mike Carey ne porte pas de véritable jugement mais constate la nécessité pour l'homme de se regrouper et de vivre en société, quelque soit les fondements de celle-ci, qu'ils soient religieux ou autoritaires. Ce qui est vraiment intéressant, c'est le cheminement de Koli face à ces différentes confrontations et à son évolution face au monde et aux possibilités que lui offrent sa nouvelle liberté de penser.
Très en phase avec l'actualité, le Livre de Koli parle également en filigrane du caractère auto-destructeur de l'homme et de sa propension à jouer avec le feu jusqu'à ce qu'il se brûle, notamment sur le plan environnemental. Même si on ne sait pas encore tout à propos de la genèse du conflit qui a porté le coup de grâce à la civilisation moderne et encore moins sur ce qu'il s'est passé ailleurs (et sur l'Internet notamment), le roman joue sur la différence de perception entre Koli et d'autres personnages plus au fait des réalités comme Ursula ou la truculente Monono.
Même si le cheminement global de l'histoire ne sera pas une grande surprise pour les amateurs d'histoires post-apocalyptiques, Mike Carey se révèle assez malin et talentueux pour toucher le lecteur à travers le personnage tout en nuances de Koli et du monde qui l'entoure. Et c'est déjà beaucoup.

Excellente entrée en matière dans un monde où la fin semble justifier les moyens, le livre de Koli est à la fois un « coming of age » réussi, une histoire post-apocalyptique intelligente et un livre-univers convaincant. Mike Carey sait parfaitement rythmer sa narration et construire des personnages nuancés offrant au lecteur un voyage à la fois passionnant et en prise avec l'actualité.
Vivement la suite !
Lien : https://justaword.fr/rempart..
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Popularisé en France par son roman à succès « Celle qui a tous les dons », M. R. Carey revient chez l'Atalante avec une nouvelle trilogie post-apo, cette fois sans zombies. le premier tome est paru fin 2021 et les deux suivants sont d'ores et déjà prévu pour cette année, ce qui devrait rassurer les lecteurs échaudés à l'idée d'entamer une nouvelle série sans certitude de pouvoir lire la suite en VF. le roman se déroule dans un futur éloigné, dans les ruines de ce qu'on devine être notre monde d'aujourd'hui, et plus spécifiquement en Angleterre où les humains se sont regroupés en petites communautés indépendantes. Dans un environnement désormais ouvertement hostile, dans lequel végétaux comme animaux ont muté au point de devenir létaux, on découvre la vie de l'un de ces villages, celui de Mythen-Croyd dans lequel vit Koli, un adolescent doux et rêveur dont la plus grande ambition consiste à devenir Rempart. Très hiérarchisée, la communauté a en effet pour coutume de répartir les individus en différents groupes, le plus prestigieux étant celui des Remparts qui assument le rôle de protecteurs du village à l'aide de « techs », vestiges technologiques de notre temps dont une poignée seulement fonctionne encore. Alors qu'il s'apprête à rentrer dans l'âge adulte, Koli va enfin participer à la cérémonie qui déterminera s'il pourra ou non se revendiquer comme Rempart. Bien que ses chances sont particulièrement minces puisque, pour des raisons obscures, les membres de cette caste très restreinte appartiennent tous à la même famille, le jeune homme ne peut s'empêcher d'espérer. Quelle n'est alors pas sa désillusion lorsqu'il découvre, par hasard, le secret bien gardé de cette famille et du fonctionnement des techs, autant de révélations qui vont totalement bouleverser sa vision du monde... et son avenir au sein de la communauté. Il s'agit ici de ma première découverte de la plume de M. R. Carey, et la rencontre aura été plus que plaisante.

Le monde post-apo mis en scène ici est relativement minimaliste puisque l'auteur se contente, pour l'instant, de ne nous en révéler qu'une toute petite portion. On ignore ainsi presque tout de ce qui se passe en dehors de Mythen-Croyd et de ses environs, tout juste sait-on qu'il existe d'autres communautés proches avec lesquelles celle de Koli fait de temps à autre du commerce, mais le village a globalement tendance à vivre en autarcie. Il faut dire que l'extérieur des remparts n'incite pas à l'exploration, les arbres et plantes étant devenu agressifs envers les humains qui ont succombé par milliers suite aux assauts menés par des végétaux génétiquement modifiés dont on découvre ici quelques espèces effectivement peu sympathiques. La nature a donc en partie reprit ses droits, mais le décor n'a pour autant rien de bucolique et suscite plutôt la méfiance et l'angoisse, un peu à l'image de ce que peut proposer Jean-Marc Ligny dans ses romans post-apo (je pense notamment à « Semences » ou encore « Alliances »). Dans ce monde dont le mode de vie s'apparente désormais davantage à celui du Moyen âge qu'à celui de notre propre époque, des vestiges de notre civilisation perdurent néanmoins, suscitant tour à tour étonnement, vénération ou incompréhension chez les personnages. On pourrait être tenté de penser que le récit des tâtonnements du protagoniste afin de faire fonctionner tel ou tel objet technologique familier aurait quelque chose d'ennuyeux, or c'est tout le contraire. L'enthousiasme et la curiosité de Koli sont incroyablement communicatifs, si bien qu'on se prend à s'extasier nous aussi de l'ingéniosité de dispositifs qu'on utilise pourtant régulièrement sans pour autant s'attarder dessus. Relativement étriqué dans un premier temps, l'univers de l'auteur s'élargit à mesure que la vision du monde de son héros s'étend elle-aussi, la relative tranquillité dont il jouissait à Mythen-Croyd ne tardant évidemment pas à voler en éclat. Les jalons posés par l'auteur concernant la suite du voyage de Koli, et les perspectives qu'il offre pour la survie à long terme de l'humanité, sont alléchants et rendent le lecteur d'autant plus impatient de plonger dans le tome suivant.

Si le récit parvient à embarquer le lecteur à ce point, alors même que le cadre est, pour le moment, plutôt succinct, c'est avant tout grâce à la qualité de ses personnages, et notamment de son protagoniste. Koli endosse ici le rôle de narrateur et nous raconte, à posteriori, les événements qui ont marqué cette partie sa vie, ce qui m'a cette fois fait penser à un autre roman post-apo, très réussi lui aussi, et qui possède plusieurs autres similitudes avec l'oeuvre de M. R. Carey : « Un gars et son chien à la fin du monde » de Charlie Fletcher. On y retrouve la même simplicité dans le décor (on est loin du post-apo spectaculaire avec zombies, catastrophes naturelles et morts par milliers) et surtout la même sensibilité. Koli est un personnage attachant et, quand bien même le roman se réapproprie souvent les codes du récit initiatique (jeunesse du héros, naissance d'une relation avec un personnage faisant office de mentor, premiers émois amoureux…), la dureté des épreuves et des choix auxquels le protagoniste est confronté l'oblige à entrer rapidement dans le monde des adultes. Notre héros a également le mérite d'échapper au cliché de l'ado tête-à-claques et touche au contraire par sa maladresse, son humilité et son envie manifeste de bien faire et de ne blesser personne. Les personnages secondaires sont eux aussi travaillés et laissent leur empreinte dans l'esprit du lecteur, qu'il s'agisse de la mère de Koli, de la médecin-nomade arpentant la région en compagnie de son automate ou encore du duo d'amis avec lequel le protagoniste a grandi. La relation entretenue entre Koli et l'IA qui entrera par hasard en sa possession est également une belle réussite et participe incontestablement au plaisir que l'on prend à suivre les pérégrinations de l'adolescent ainsi que l'évolution de sa vision du monde. L'écriture est quant à elle plaisante, très fluide, avec quelques entorses à notre grammaire et orthographe dans la manière dont s'exprime Koli (qui ne connaît par exemple pas le subjonctif…) sans que cela ne soit gênant pour autant.

Premier tome d'une nouvelle trilogie baptisée « Rempart », « Le livre de Koli » est un roman solide qui séduit autant par l'humanité de son personnage principal que par la capacité de l'auteur à titiller la curiosité du lecteur à propos de ce monde post-apo pour le moment encore très mystérieux. Un récit plein de sensibilité, qui se dévore avec plaisir et dont on ressort frustré de ne pas avoir aussitôt la suite à portée de main. Ça tombe bien, le second opus, « Les épreuves de Koli », est justement prévu pour mars 2022 !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Koli est un jeune garçon que nous allons suivre, au cours de trois livres dont seul est paru le premier en français (le reste de la trilogie existe déjà en V.O., ce qui peut rassurer le lecteur échaudé par des séries interrompues et jamais terminées) : il s'agit du Livre de Koli, publié par L'Atalante. Si ce roman a tout du banal récit d'apprentissage post-apocalyptique à première vue, il n'en est rien en réalité. L'auteur britannique M.R. Carey réussit à nous plonger dans un avenir dur avec une grande finesse. Et pour rien au monde je n'aurais voulu lâcher le livre avant la dernière page.

Autant le dire tout de suite pour ceux qui ne connaissent pas mes goûts, le post-apocalyptique n'est pas ma tasse de thé (si vous ajoutez des zombies, il faut vraiment que je sois dans un état second pour m'approcher du résultat). Donc j'ai pas mal hésité avant de m'attaquer à ce roman dont j'avais entendu du bien de blog en blog. Mais une fois le premier pas franchi, je n'ai pas regretté du tout et ai dévoré le livre.
L'univers créé par M.R. Carey est effrayant à souhait. Malgré son manque de réalisme. Car il a beau situer son action dans un lointain futur, qui s'appuie nommément sur notre monde actuel, il ajoute une touche que je ne peux trouver réaliste : les arbres devenus vivants. Koli vit avec son village (environ deux cents habitants) perdu au milieu d'une forêt inquiétante contre qui il faut se battre au quotidien. Car la végétation et la faune sont hostiles au possible. Et dangereuses. Car les plantes ont développé des armes mortelles, les animaux ont vu leur taille croître suffisamment pour leur permettre d'ajouter l'être humain à leur tableau de chasse. La vie tient davantage de la survie. L'extérieur est synonyme de terreur absolue. D'autant qu'y rôdent des humains retournés à l'état sauvage, qui attrapent les imprudents afin de les intégrer à leur garde-manger. Alors quelques règles permettent d'avoir une petite chance, mais cela reste néanmoins extrêmement angoissant.
Pour ce qui est de l'ancrage dans le réalisme dont je parlais au début, on le découvre peu à peu dans le cours du récit et je préfère ne pas m'appesantir dessus afin de vous laisser la joie de la découverte progressive. Mais je peux juste préciser que j'ai apprécié de découvrir des traces de notre présent dans cette nature rendue folle, que cela m'a convaincu et que j'ai hâte de lire le prochain tome, ne serait-ce que pour en savoir plus sur ce qu'a imaginé l'auteur à propos de notre possible avenir (sujet qui m'intéresse de plus en plus, je m'en suis rendu compte après la lecture des Rêves qui nous restent de Boris Quercia).

Un autre point qui m'a bloqué au début de la lecture de ce roman, c'est le parti pris de l'auteur à propos de la langue. En fait, nous sommes censés avoir entre nos mains le journal écrit par Koli. Or, vous vous en doutez, dans un tel monde, l'éducation ne peut être que très limitée. Donc, Koli manie assez mal la langue. Et cela se voit dans sa façon d'écrire. Pas de fautes d'orthographe en pagaille, ce qui aurait été irritant et artificiel. Non, plutôt des fautes de temps ou de modes des verbes, des négations en partie oubliées. le langage oral porté à son paroxysme, en fait. Et cela m'a un peu fait tiquer au début, mais j'en ai vite pris mon parti et cela m'a permis de me tourner tout entier vers Koli.

Et je dois dire que M.R. Carey s'en est très bien sorti avec ce personnage central. Car Koli est éminemment sympathique. Malgré des erreurs cruelles et des pensées stupides. Mais sa sincérité et sa tentative perpétuelle de comprendre l'origine de ses bêtises, comme de celles des autres, en font un être attachant. On ne peut que partager son incompréhension devant certains comportements. Mais on est aussitôt convaincu par sa recherche de ce qui les a entraînés. Même quand il est mis en danger par certains, il ne reste pas buté et cherche à appréhender les raisons de ces actes. Et il en trouve parfois, ce qui le rend humain. Et le différencie de pas mal de ses congénères ancrés dans leurs certitudes, au point de tuer ou de mourir sans vraiment comprendre le pourquoi.
En plus, Koli, même s'il se montre parfois enfantin (ce qui peut se comprendre puisque, au début du roman, il est encore dans l'enfance et devient officiellement adulte en cours de récit), se montre avant tout ouvert à ce qui l'entoure : il observe avant d'agir. Il se reproche même souvent de ne pas se décider assez tôt. Ce sera une des raisons du bouleversement principal de son existence (du moins, dans ce premier volume). Mais cette qualité le rend agréable à suivre, car il évite certaines facilités d'action de personnages trop caricaturaux et brutaux, qui résolvent rapidement leurs problèmes à coups d'armes ou de certitudes. Koli semble plus nuancé et cela m'a conquis.

Au cas où vous ayez directement sauté à la conclusion sans lire le reste de ma chronique (vous en avez parfaitement le droit), je résume rapidement mon point de vue : le Livre de Koli est une très bonne lecture, addictive et intelligente, qui s'est interrompue trop vite à mon goût. Heureusement la suite est prévue chez l'Atalante en mars 2022, et c'est tant mieux !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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J'ai choisi de lire ce livre dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge, pour le menu Automne Enchanteur et la catégorie Nom d'une Dune (écologie / anticipation / science-fiction / post-apocalyptique). Je ne regrette absolument pas mon choix : non seulement il correspond parfaitement à ces thématiques, mais en plus c'est un gros coup de coeur !

Pour le jeune Koli, les journées se ressemblent toutes. Entre les tâches quotidiennes déléguées à sa famille par le Compte-Seille et les courses folles à travers tout le domaine de Mythen-Crowd avec sa bande d'amis, en restant bien entendu le plus éloigné possible des innombrables dangers que représentent les animaux et les arbres de la forêt. le temps est bientôt venu pour tous les adolescents du village ayant atteint l'âge d'Entredeux de passer le test des Remparts, qui déterminera leur rang social pour le reste de leur vie. Depuis toujours, Koli n'a aucun doute là-dessus : son destin est de devenir Rempart. Il rêve de protéger le village grâce aux pouvoirs incroyables conférés par les Techs aux quelques élus choisis par ces mystérieuses reliques d'un passé depuis longtemps oublié. Pourquoi lui, Koli Woodsmith, fils de Jemiu de la scierie, ne ferait-il pas aussi partie de ces héros ?

On va donc suivre le récit de Koli, raconté comme un journal, à la première personne et de manière très immersive. Suite à l'effondrement de la civilisation, toutes les connaissances semblent avoir été perdues, et de ce fait l'alphabétisation de la population a considérablement régressé. L'auteur a choisi de souligner cet aspect directement dans les propos de Koli, qui exprime souvent ses idées avec des formulations maladroites et enfantines, voire avec des fautes de syntaxe. le travail sur le langage des habitants de ce nouveau monde est ainsi important, avec de nombreux néologismes dérivés de nos termes actuels : les traducteurs ont dû bien s'amuser avec tout cela ! En tout cas, j'ai trouvé que cela donnait une vraie identité au livre.

Dans le monde de Koli, la nature est devenue nocive, voire agressive pour l'homme, suite à des manipulations génétiques qui ont mal tourné. Les habitants de Mythen-Crowd vivent ainsi dans la peur constante de tout ce qui provient de la forêt qui les entoure : animaux, plantes, arbres, mais aussi quelques drones, vestiges d'une époque révolue, qui poursuivent une mission obsolète de répression. Toute la vie du village s'organise autour de cette lutte pour la survie, chaque tâche étant attribuée aux différentes familles selon leur spécialité, de génération en génération. Pour réaliser son rêve de devenir Rempart, Koli n'hésitera pas à braver tous les interdits avec beaucoup d'insouciance. Évidemment, cela va lui attirer pas mal d'ennuis mais également lui révéler la vérité derrière ce système immuable. Bien que cela soit entouré de mystère, quelques éléments sur les causes de la transformation de notre monde sont dissimulés ici et là dans le livre, notamment grâce au personnage d'Ursala, une doctoresse itinérante n'appartenant à aucune communauté dont les révélations sur les Techs vont ouvrir les yeux de Koli sur ce qu'il se passe vraiment dans son village… Mais la série étant une trilogie, il est certain que tout sera expliqué dans les tomes suivants !

L'intrigue est donc assez classique, mais elle est racontée avec talent par le prisme de la vision naïve de Koli, on ne s'ennuie pas une seconde. J'ai été très surpris par le personnage de Monono, qui apporte beaucoup d'humour mais aussi pas mal de questionnements : elle m'a beaucoup plu, mais je ne vous en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte ! J'ai également apprécié qu'à mesure que l'univers de Koli s'agrandissait au cours de ses mésaventures, l'intrigue se développait dans d'autres directions, en mettant progressivement en place une ambiance plus sombre et ancrée dans le sous-genre de la SF post-apocalyptique. Ces machines de guerre autonomes livrées à elles-mêmes, ou encore cette communauté de cannibales vivants dans les souterrains et pratiquant un culte messianique bâti autour de la figure terrifiante d'un fou dangereux et violent m'ont rappelé des jeux comme la série des Fallout ou The Last of Us, qui sont pour moi de très bonnes références du genre !

J'ai donc adoré ce récit initiatique à la croisée de plusieurs genres et à la narration prenante. L'aventure de Koli ne fait que commencer, et ce premier tome promet déjà beaucoup de choses intéressantes pour la suite : je suis très impatient !
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Je n'ai pas l'habitude de lire de la science-fiction, pourtant, à chaque fois que je m'y aventure, j'apprécie énormément. C'est une nouvelle fois le cas avec l'histoire de Koli, qui se déroule en Engleterre à Mythen-Croyd, dans un lointain futur s'appuyant sur le nôtre et dans un monde dangereux où la vie tient davantage de la survie car les arbres sont devenus vivants et l'extérieur est synonyme de totale terreur.

Loin de s'apparenter à un simple récit d'apprentissage post-apocalyptique, l'auteur introduit rapidement des "techs" mystérieux, objets de l'ancien monde qui ont subsisté et qui donnent des pouvoirs à ceux qui les détiennent pour jalousement les dresser au rang de Remparts. Koli voudra bien évidemment faire partie de l'un d'eux.

C'est d'ailleurs par les pensées de ce jeune personnage de tout juste quinze ans que nous découvrons cette histoire, grâce à une narration très immersive. Nous tenons en réalité entre nos mains le journal qu'il a écrit. C'est le parti pris par l'auteur qui m'a quelque peu perturbé en débutant ma lecture, car dans un tel monde, l'éducation est peu développée donc Koli ne manie pas la langue à la perfection : pas de négation, des fautes de temps ou de modes des verbes, … bref, déroutant dans un premier temps, mais finalement très réaliste.

D'autres personnages, tels qu'Ursala la guérisseuse itinérante, ou encore Tasse et Monono (sur lesquelles je ne dirai rien) donnent de la consistance à l'ouvrage.

En somme : un très bon premier tome, difficile à lâcher avant la dernière page et qui se termine un peu trop vite à mon goût, mais qui donne donc très envie de découvrir la suite !
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critiques presse (1)
Syfantasy
18 août 2023
Une aventure à travers des forêts meurtrières et des complots intemporels. Mais surtout, un roman débordant d’humanité.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est quand on est tout petit, quand on est jeune, qu'on se voit très important. Un enfant - n'importe quel enfant, m'est avis - se croit le centre du monde, et que le soleil à midi le cherche pour savoir où se trouve le zénith.
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Ma mère a mené à terme cinq enfants, et sans avoir jamais été mariée. Je l'ai un jour entendue dire que, même si beaucoup d'hommes valaient une culbute, pas un sur cent méritait qu'on partage sa vie
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La vie d’un homme, ou d’une femme, pèse plus lourd qu’une pelletée de terre ou une corde de bois. Cœur, tête, membres, tout a un poids. Même les rêves. Surtout les rêves, si ça se trouve. Personnellement, j’ai l’impression que mes rêves, même les plus agréables, ont été les plus lourds à porter.
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Peut-être qu'une seule voix dictant sa conduite à la population est la meilleure solution quand le monde entier affûte ses couteaux et qu'on a pas d'autres options que celles qu'on se crée si on veut pas se faire embrocher.
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Ceux qui écoutent jugent toujours ceux qui racontent, qu’on le leur demande ou pas.
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Videos de Mike Carey (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mike Carey
À l'occasion du festival Hypermondes qui s'est déroulé à Mérignac les 23 et 24 Septembre 2023, Mike Carey vous présente son ouvrage "La cité de soie et d'acier" aux éditions l'Attalante.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2931774/mike-carey-la-cite-de-soie-et-d-acier
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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