La princesse et le chaudron

: "La princesse et le chaudron", on ne connaissait pas encore.
Cela sentait d'avance un peu la sorcière avec cette histoire de chaudron et pourtant, non.


L'histoire.
Une jeune fille de meunier sans le sou deviendra princesse en deux coups de cuillère en bois dans cette histoire et cela vaudra bien deux petits coups de baguettes magiques.
Ce rêve de princesse ne sera pas le centre de l'aventure.
A la fin du conte, nous réaliserons bien que cette histoire nous parlera d'humilité et du respect de ses origines, de la fierté de ses racines aussi modestes soient elles.
Notre jeune enfant commencera son histoire dans une chaumière heureuse où pourtant un jour, il n'y aura plus un grain pour nourrir la famille.

Les auteurs Carl et Theodor Colshorn tourneront la chose un peu en dérision afin de ne pas peiner le jeune lectorat, on le comprendra et, pauvre de nous, nous rirons bien du père et de la mère de notre héroïne qui perdront la tête et se courront après dans tout le pays, se disputant le fond de la marmite restant, à défaut de manger leurs doigts.


Comme dans d'autres contes merveilleux, cette jeune fille sera épaulée d'une fée "marraine" qui aura pitié de cette enfant abandonnée par ses parents à cause d'un fond de bouillie et à qui il manquera une chaussure (non, ce n'est pas Cendrillon, jeunes lecteurs).

Le destin et l'action de cette fée seront bénéfiques, plaçant la jeune héroïne sur le chemin d'un prince qui voudra l'épouser (quelle chance de bossu ! Les bosses de bossu attiraient les bonnes faveurs du destin, disait-on dans les royaumes argentés, le saviez-vous).

Les choses se corseront pourtant lorsque la future princesse recroisera ses parents et par deux fois.
Comment réagir devant le prince, à la vue de ses parents qui se poursuivent l'un l'autre parce qu'ils ont faim ?
Une fois, elle mentira et une fois elle dira la vérité.


Nous ne dévoilerons pas tout mais l'intrigue se montera au final bien moral, comme toujours avec le conte mais aussi assez originale.
Une princesse peut-elle dire des mensonges ?
Assurément que oui, rappelez-vous "le prince grenouille" des frères Grimm et "Riquet à la houppe" de Charles Perrault, il n'y aura aucune promesse tenue à la grenouille ni au prince laideron.
Toutefois, cette jeune demoiselle-là ne sera pas née en princesse gâtée, comme le petit Poucet et ses frères, et même Cendrillon, elle aura connu la dureté des jours difficiles mais aussi la protection de parents aimants.
Non, il n'y aura pas de marâtre ici, juste un gros, un énorme mensonge.

La faute de la jeune fille ne sera pas vile, ici encore, les auteurs la tourneront avec le brin d'humour qui convient pour se délecter de l'aventure tout en gardant le bon sens moral de fin.


Dans quel genre pourrions-nous classer ce conte ?
Celui du merveilleux sans doute. 
Nous aurons en tête peut-être aussi le fameux "Chat botté", chat dégourdi qui fit de son maître fils de meunier un prince.

Ce conte sera d'un ressort beaucoup moins facétieux, avec ici l'intervention d'une fée qui sortira d'affaire le personnage central à chaque occasion pour la faire passer pour une fille bien née.
Non, cette jeune héroïne n'aura pas, comme d'autres héroïnes de contes parfaites, particulièrement mérité l'aide magique par des échanges de bienveillance et de charité, comme dans le conte des "Fées" de Perrault par exemple, la demoiselle ne sera pas mise à l'épreuve pour recevoir en retour de la magie.
Cette fée qu'elle croisera aura simplement bon coeur et se laissera attendrir par les chaudes larmes de la jeune demoiselle perdue et de sa sincérité sans doute. Il s'agira d'un acte de pitié, ce qui est assez rare dans les contes où le secours magique se mérite.


Côté dessin, le dessin de l'illustratrice Claudia Carls pourra surprendre, il usera de techniques graphiques modernes de synthèse pour charmer le lectorat.
Cependant, l'intrigue, la trame du conte de Carl et Theodor Colshorn se montrera bien dans la tradition et son écriture nous charmera sans difficultés.
C'est à découvrir.