Je dois garder ce cahier caché.
Veiller à ce que personne ne me surprenne en train d'écrire.
Ils sont assez curieux comme ça.
Ils me surveillent assez comme ça.
Je suis prisonnier, il n'y a pas d'autres mots.
Emprisonné dans ma propre chambre.
Que savent-ils exactement ? Je n'en ai aucune idée.
Je ne suis même pas sûr de ce que je sais, moi.
J'ai tant de questions, et aucun moyen d'y répondre.
"Ca y est. Je suis mort." C'est ce que j'ai pensé pendant un instant, cette nuit-là.
- Pourquoi Skeleton Creek ?
- Tu veux dire: pourquoi ce nom ?
- Oui, pourquoi appeler une ville Skeleton Creek, "La Rivière du Squelette" ? Personne n'a envie de visiter un lieu qui porte un nom pareil ! Ce n'est pas bon pour le tourisme.
- Ceux qui l'ont appelée comme ça avaient peut-être envie d'éloigner les visiteurs.
- Tu ne trouves pas bizarre que personne ne veuille en parler ? On dirait que les gens cachent quelque chose.
- Toi, tu cherches une bonne excuse pour aller fureter dans le coin avec ta caméra !
Tout en m'essuyant les doigts, je me suis tourné vers la passerelle en planches qui conduit aux leviers où le vieux Joe Bush travaillait.
Une longue et large courroie est apparue dans le noir. Sur la courroie était posée une main, une main au bout d'un bras, un bras attaché à un corps. Et ce corps marchait vers moi.
Une faible leur l'environnait.
Je le vois encore.
Je le vois.
C'était une silhouette. Toute noire, si bien que je n'ai pas distingué de visage. Mais le corps était massif.
Qui ou quoi que ce fut, c'était grand et lent. Cela avançait pas à pas, cramponné à la courroie, une jambe traînant derrière.
Je me souviens de trois autres choses : la première, c'est que je ne pouvais pas émettre un son. Était-ce quelque force obscure qui me serrait la gorge, ou simplement la terreur? J'arrivai tout juste à respirer, et encore, péniblement.
La deuxième est que j'étais adossé à un garde-fou en bois, dans un angle qui dominait le vide.
La troisième, plus terrible que les deux premières réunies, c'est que mes pires cauchemars étaient devenus réalité. Dans un coin de mon esprit, je gardais la certitude qu'aucun des monstres que j'avais créés au fil des années dans mes histoires ne viendrait jamais m'emporter. Or, un monstre était là, et j'allais mourir de peur.
Quand il est arrivé assez près pour me toucher, j'ai vu remuer l'ombre de ses lèvres, sous le rebord de son large chapeau d'ouvrier. Et il m'a parlé :
" Le numéro 42 est à moi. Ne t'en approche pas. Je te surveille"
Alors, d'un coup, j'ai retrouvé ma voix. J'ai hurlé, j'ai pressé mon dos contre le garde-fou, et il a cédé. Les yeux levés, tandis que je tombais, je me suis aperçu que l'être qui s'était tenu devant moi était parti. Il avait disparu.
A moins qu'il n'ait jamais existé?
La vidéo montrant une jambe qui marche et une autre qui traîne derrière me le confirme : ce que j'ai vu cette nuit là était bien réel. Je ne peux en parler qu'avec Sarah, sinon, je serais bon pour la camisole de force. Avant l'accident, j'avais déjà l'impression que les gens m'observaient. Maintenant, c'est pire. Mes parents m'observent. Henry va arriver vendredi, et il m'observera. Gladys, avec son fusil de chasse, m'observe. Toute la ville m'observe. Le corbeau, derrière ma fenêtre, m'observe.
Et le spectre de la drague m'observe, j'en suis sûr.
Il attend.
Il me veut.
"- Dans l'ère numérique, [...] tout fini par disparaitre . Comme si on écrivait des lettres qui s'évaporaient à mesure qu'on les lit. [...]
Le papier est un support qui dure." (P.65)
L'imprudence n'est certes pas une vertu mais elle est inévitable.
Sur la courroie était posée une main, une main au bout d'un bras, un bar attaché à un corps.
Et ce corps marchait vers moi.
Une faible lueur l'environnait.
Je le vois encore.
Je le vois.
C'était une silhouette. Toute noire, si bien que je n'ai pas distingué de visage. mais le corps était massif.
Qui ou quoi que ce fût, c'était grand et lent.
Ça avançait pas à pas, cramponné à la courroie, une jambe traînant derrière.
Je me revois à l'hôpital. Je me rappelle ce que j'ai éprouvé en reprenant conscience.
L'instant d'avant, je tombais. Puis j'ai vu le visage de sarah penché sur moi dans la pénombre, mais je n'entendais pas ce qu'elle disait. J'avais l'impression que ma jambe avait explosé.
J'ai perdu connaissance. Quand j'ai rouvert les yeux, je m'attendais à découvrir le plafond de ma chambre, à sentir l'odeur du café montant de la cuisine. ma tête a roulé sur le côté, et mes parents étaient assis là, les yeux rougis par le manque de sommeil.
Mes écrivains préférés sont ceux qui ont déclaré ne pouvoir vivre sans écrire: John Steinbeck, Ernest Hemingway, Robert Frost, des types pour qui l'écriture était aussi nécessaire que l'air et l'eau. Écrire ou mourir. Cette devise me convient. Car j'en suis là. Écrire ou mourir.
Un livre pas mal. L'un de ses points positifs est d'être court, de se lire rapidement.
Il y a un truc un peu dérangeant avec ce journal intime, c'est la narration. Il n'y a pas vraiment d'action. Le personnage principal nous raconte plus où moins ce qui c'est passé ( à moins que ce soit ce qui ce serait passé ). À la fin la situation évolue un peu, et peut nous donner envie de lire la suite.
Le personnage principal est un point positif de ce livre, il est plutôt sympa.
Un autre point négatif est que malheureusement, le fait que ce soit un journal intime nous prive de d'autres points de vue. Je pense qu'il aurait été intéressant d'avoir la version de, Sarah ? On est en perpétuelle discussion entre le personnage et nous.
L'univers du livre, l'intrigue est bon. Ambiance effet ancienne époque, le temps des grands parents, la nature et lnexploitation de l'or ,comme j'aime.
En bref, c'est un livre intéressant et avec du potentiel, mais il faudra par la suite régler le problème de la narration,un déroulement des faits et du manque d'action. Parce que ce livre ne se suffit pas à lui même. Il n'a aucun intérêt si on ne lit pas la suite.