Beaucoup oublient, en se déguisant à bon compte en magiciens, que le merveilleux commence à l'être de façon évidente lorsqu'il surgit d'une altération inattendue de la réalité (le miracle), d'une révélation privilégiée de la réalité, d'une illumination inhabituelle ou qui favorise singulièrement les richesses inaperçues de la réalité, d'un élargissement des échelles et des catégories de la réalité, perçues avec une particulière intensité en vertu d'une exaltation de l'esprit qui le conduit à une "manière d'état limite". Pour commencer, la sensation du merveilleux présuppose une foi. (…) C'est pourquoi le merveilleux invoqué sans y croire — comme le firent les surréalistes pendant des années — ne fut jamais qu'un artifice littéraire, aussi ennuyeux en se prolongeant qu'une certaine littérature onirique "arrangée", certains éloges de la folie, dont nous sommes bien revenus.