Ce classique de la littérature anglaise détonne par sa modernité. Aucune considération morale, aucun sexisme, aucune volonté d'instruire l'enfant. C'est vraiment un livre que l'on lit pour le seul plaisir.
Le non-sens qui fait sa renommée m'a énormément charmée. L'auteur nous décrit très bien un rêve, avec toutes ces choses mélangées et distordues, tous ces non-sens sensés qui sont le propre des songes, cette intensité.
Alice déambule dans un monde qui n'est pas totalement dénué de logique, mais où les règles ne sont pas faciles à comprendre. Les personnages ne sont aussi fous qu'ils en ont l'air, ils ont la plupart du temps de vraies raisons d'agir comme ils le font.
Il y a aussi le côté critique, qui est très dissimulé, mais bien présent. le Roi et la Reine sont des satires du despotisme, leur cour caricature à l'extrême la haute société de l'époque, le procès singe la justice...
La quête d'Alice, si elle peut paraître superficielle ou indéfinie, est assez initiatique, car elle tourne autour du thème "qui suis-je". Comme il s'agit de son propre inconscient, on peut penser que la question l'habite inconsciemment en état de veille et s'exprime lors de son sommeil. Son rêve permet également de voir la manière dont elle perçoit le monde qui l'entoure : les adultes lui paraissent fous ou incompréhensibles. Donc,
Lewis Carroll se place réellement du point de vue des enfants, contrairement à beaucoup d'autres romanciers.
En somme, c'est un très bon roman, drôle et bien écrit, qui peut se lire et se faire aimer à tous les âges, car il y a plusieurs degrés d'interprétation.