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3,52

sur 91 notes
J'ai aimé ce livre tout autant qu'il m'a déstabilisée. Sur fond de réalisme social, des notes de fantastique incrustent le roman. Réalisme magique façon Murakami ou symptômes d'une folie latente ? Libre à nous d'y lire ce que l'on souhaite et de découvrir un texte aux nombreuses entrées.
Les lanceurs de feu c'est avant tout l'histoire de deux pères, Jonathan et Sammy, que tout sépare a priori. Mais au cours de l'été 2014 durant la période des Grands Feux à Belfast, tout deux expérimentent les troubles de la paternité. Jonathan dont la petite fille vient de naître d'une mère disparue doit conjuguer avec ce nouvel être ; tandis que Sammy se voit confronté à la possibilité d'un fils monstrueux dans lequel il craint de se reconnaître.

J'ai tout d'abord beaucoup aimé la description de la ville de Belfast et de ses habitants le temps de cet été particulièrement troublé. La sulfureuse ville de Belfast s'embrase sous nos yeux sans autre explication qu'une colère qui gronde, sourde et menaçante.
De même toute la partie consacrée à Sammy m'a passionnée. Ce portrait d'un père lucide face à la cruauté de son fils, luttant contre sa propre horreur, capable pourtant d'un amour inconditionnel, m'a émue.
C'est le personnage de Jonathan qui m'a laissée perplexe un premier temps. La description de la mère, femme sirène dangereuse et coupable de tous les maux, m'a dérangée avant que je n'y vois le reflet de sa propre culpabilité, peut-être.

La folie rôde donc dans la ville et la vie des personnages donnant à ce roman une ambiance particulière tout en clair-obscur.
C'est un texte qui m'a d'abord surprise avant de m'embarquer et de me plaire totalement. Une chose est sûre, il est de ceux qui questionnent et qui nous marquent.
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L'atout de ce livre est le mélange de fantastique et de réalité sociale crue. Tout le long du texte, on est dérouté par ces 2 aspects; les 2 personnages principaux sont très différents : l'un empli de peur, replié sur lui-même, sans attache, pas d'estime de soi et l'autre empli de violence , de colère, de jalousie, de désespoir. Leur histoire se rejoint autour de la paternité qui va aviver leurs questionnements, ils vont être en observation permanente de leur enfant et vont élaborer une mise en scène. Parallèlement, Belfast, la ville où tout se joue, est décrite avec un réalisme pointilleux : les quartiers, les vies des habitants, les femmes, les enfants, les coutumes... la météo.On sent le chaos toujours proche, une misère sociale permanente, plane un quelque chose de d'inéluctable, un climat lourd. Tous ces éléments nous tiennent en haleine jusqu'à la fin du roman
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Les lanceurs de feu de l'auteure nord-irlandaise, la précision est essentielle, Jan Carson, publié aux Editions Sabine Wespieser, est un des titres les plus étonnants, les plus déstabilisants que j'ai pu lire ces derniers temps. Et jusqu'à la rédaction de ces lignes, je n'ai su qu'en penser. C'est le premier roman que je lis qui prend Belfast pour décor, cette capitale à mi-chemin entre son voisin anglais et son alter-ego du sud et de l'ouest. Dès le début, le dépaysement m'a frappée de plein fouet, avec la sensation de pénétrer des terres qui recèlent des secrets dont la plupart me resteront inconnus tout comme celui de certains épisodes de la diégèse. le roman a reçu en 2019 le Prix de littérature de l'Union européenne. J'ai effectivement été déstabilisée par l'inclusion du réalisme magique, qui floute les frontières de la réalité, j'ai été plus sensible au thème de la coexistence épineuse de ces deux communautés, catholique et protestante, au sein d'une capitale qui a été un temps à feu et à sang.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié les traits généraux de cette double narration, l'une vue sous le regard un peu absent et déconnecté d'un père célibataire et médecin généraliste de son quartier, l'autre sous le regard d'un père de famille, ancien paramilitaire, qui avait la fâcheuse habitude de molester les corps de pauvres malheureux qui eurent le malheur de croiser son chemin. Sammy Agnew, qui prend peu à peu, la mesure de la personnalité que couve son asocial de fils. En fond de toile, Belfast la nord-irlandaise, comme coupée en deux par deux religions qui cohabitent tant bien que mal depuis quelques siècles maintenant, mais aussi par une différence flagrante de niveau de vie. Les lanceurs de feu, c'est d'abord la découverte de cette capitale, un peu sauvage et mystérieuse, dont on ne saurait vraiment saisir l'identité malgré les lignes magnifiques écrites à son sujet. Belfast est, ici, une ville à part, pas aussi citadine que ses consoeurs européennes, mais un microcosme ensorcelant, une atmosphère unique, magnétique, parfois bouillonnante, embrasée par ces Grands Feux.

D'autant que l'écriture de l'auteure est parfois très allusive, elle décrit, à force de mots et d'expression, tout et son contraire, mais jamais elle ne nomme vraiment. Les troubles, puisqu'ils sont nommés ainsi, et l'on s'en doute puisque le cadre est lui-même de parti-pris, renvoient aux anciens conflits, officiellement terminés aujourd'hui, de l'Irlande du Nord. Jamais un mot clair et précis pour nommer les organisations paramilitaires en oeuvre dans le pays pendant des dizaines d'années. Et pourtant. Même chose pour ces deux expériences totalement différentes de paternité, toutes aussi inquiétantes, l'une et l'autre, face à l'expérience d'un enfant qui se pose comme un danger pour la communauté, l'un tout à fait tangible, l'autre plus confus, fondé sur la fantasmagorie d'un homme un peu perdu et livré à lui-même. A l'évidence, l'allégorie de ces enfants abîmés, dont Sophie la fille de Jonathan, pourrait être considérée comme l'illustration des violences et ses conséquences dont héritent les enfants de leurs parents, et qu'ils sont incapables de contrôler, ces « enfants infortunés de Belfast-est » !

Je gardais de côté l'idée que les deux fils narratifs finiraient bien se rejoindre à un moment donné, ce qui est effectivement le cas, et ce dialogue entre ces deux pères confrontés finalement au même dilemme vis-à-vis de leur enfant est le point d'orgue de ce roman et amorcent une réelle réflexion sur la nature de celle-ci et sur la capacité réelle – et sur sa responsabilité – du parent à éteindre celle-ci chez son enfant.

Les lanceurs de feu est un roman qui m'a laissé un avis très contrasté. J'ai à la fois été conquise par le charme brute et un peu aride et la puissance de ces lignes sur la capitale, sur ses habitants du quartier est, sur ces personnages – Sammy Agnew, Mark Agnew et Jonathan Murray – aussi rocailleux, revêche et insondable que Belfast. J'ai été un peu déconfite face aux morceaux de vie de Jonathan, qui prennent par moments une dimension fantastique et un peu inattendue, dont je doute encore de la véritable portée.


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Envoutant !

Les lanceurs de feu, c'est d'abord le témoignage d'un lieu, d'une époque. Nous sommes à Belfast, en Irlande du Nord, à l'été 2014 ; Les "troubles", 30 années de guerre civile en Irlande du Nord, sont encore bien présentes dans les esprits, même si l'on tente de faire oublier cette période marquée par les violences et l'agitation et que l'on tente aujourd'hui d'attirer les touristes.

Les lanceurs de feu, c'est aussi le portrait de deux hommes ; deux pères qui s'interrogent sur leur rôle et qui nous partagent leurs questionnements et leurs doutes. Tous deux ont un point commun ; ils voient chacun en leur enfant le mal incarné et s'interrogent sur leur part de responsabilité. Qu'est-ce qui relève de l'inné ? de l'acquis ? Quelle part d'eux même ont-ils transmis ? ... Mais Jusqu'où sont-ils prêts à aller pour empêcher leurs enfants de nuire ?

Les lanceurs de feu est enfin un roman singulier où se mêle réalité et magie...

J'ai adoré ! Et j'ai bien du mal à l'expliquer moi qui suis si terre à terre. J'ai été comme envoûtée, de la première à la dernière ligne. Il y a dans l'écriture de Jan Carson un petit quelque chose qui, en plus de la rendre unique, vous séduit, irrésistiblement ! Jan Carson est une magicienne des mots !

Lecture dans le cadre de la quatrième édition du prix bookstagram du roman étranger.
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Voilà un roman très déconcertant et plutôt loin de ce que j'aime lire habituellement, mais que j'ai lu jusqu'au bout. Entre réalisme à la Ken Loach et conte d'Andersen : un mélange plutôt insolite…
On y suit la vie parallèle de 2 hommes que tout oppose (mais qui finiront par se croiser).
A Belfast, Sammy, un père de famille jadis ultra violent et militant contre les Catholiques irlandais, mais désormais repenti, découvre que son fils est à l'origine des Grands Feux qui mettent la ville en émoi, en juillet 2014. Il s'interroge sur « l'héritage » violent qu'il a pu lui transmettre, malgré lui, et il revient sur ses actes de « jeunesse » qu'il avait essayés d'enfouir loin dans sa mémoire.
De l'autre côté de Belfast vit un autre père, plus jeune, Jonathan. Jonathan est médecin (détail qui aura son importance dans le récit) et, plongé dans une montagne d'angoisses, il tente de subvenir aux besoins de sa toute petite fille de 4 mois, née de ses amours fugaces avec une …sirène qu'il a rencontrée, un soir de garde. Il pense que son bébé sera elle aussi une sirène, malfaisante, donc, un de ses Enfants Infortunés qui jalonnent la ville de Belfast. .
Bon, je l'avoue, il faut accepter de passer au-dessus de cette fable sur la parentalité pour continuer la lecture de ce roman terrible, par ailleurs réaliste jusqu'à la nausée. J'ai certainement dû être envoutée par la voix de la sirène pour accepter de lire ça !
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Belfast, durant la saison des grands feux de l'été 2014, alors que la ville s'embrase par la rébellion de la jeunesse, on partage le destin de deux hommes confrontés à la paternité et qui se questionnent sur l'hérédité et la transmission de la violence.
Un livre brûlant qui mélange le contexte social, le surnaturel, la génétique ..etc
dont l'écriture libre est parfois complexe à suivre.
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Jonathan Murray est un médecin généraliste « abandonné » par ses parents et qui rencontre une sirène avec qui il a une fille, Sophie.
Sammy Agnew est le père de Mark, le lanceur d'alerte, celui qui demande aux autres de se rebeller et d'allumer des feux.
J'ai trouvé la lecture très lente, avec beaucoup de longueurs, surtout à cause des passages descriptifs d'ordre plutôt sociologique (lesquels je n'ai pas trouvé intéressants pour l'histoire). le style ne m'a pas accroché non plus parce que je n'ai pas trouvé le récit assez explicit et c'était compliqué pour suivre l'histoire.
Je dois cependant avouer qu'à partir de la moitié l'intrigue s'accélérait et que je ne pouvais pas m'arrêter de lire pour savoir jusqu'où allait arriver chaque personnage. Je considère intéressant le traitement de la parentalité fait par l'autrice, qui nous pose la question de jusqu'où pourront aller les deux pères face à la dangerosité de leurs enfants, mais c'est dommage que tout cela soit dilué dans le contexte des Grands Feux et caché par le titre.
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Jan Carson possède une jolie plume. Par contre, il est difficile d'adhérer à ce concept d'enfants infortunés dotés de pouvoirs spéciaux et d'une femme-sirène (ce que certains nomment réalisme magique). Plus de 350 pages de texte ne nous apprennent pas non plus la tare qui afflige la fille du Dr Murray. Malgré tout, ce roman vaut la peine d'être lu.
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