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Critique de MadameTapioca


Dans les années 80, si vous aviez pu telle une petite souris vous glisser dans le jardin de mes parents, vous auriez aperçu deux fillettes jouant Molière. Livre à la main, un drap en guise de costume, le chapeau en paille du grand-père comme couvre-chef, ces gamines prenaient un ton théâtral pour réciter leurs tirades. Les fourberies de Scapin, neuf fois sur dix, Tartuffe le reste de temps. Ce n'était pas vraiment un choix, c'était les seules pièces de l'auteur pour lesquelles elles disposaient de deux exemplaires (or se faire passer un livre quand vous êtes en train de vous donner la réplique ce n'est pas facile). J'étais la plus petite, je n'avais jamais le droit de jouer Scapin et j'enrage encore de cette injustice. D'où nous venait cette passion, je suis bien incapable de vous le dire. Ce que je sais, c'est que ce sont de précieux souvenirs et que Molière, en plus de me faire rire, aura toujours pour moi le goût de l'enfance.

Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce roman. Eve de Castro y reprend une théorie lancée par l'écrivain Pierre Louys dans les années 1920. Molière n'aurait pas écrit ses pièces, ou bien pas seul. Corneille lui aurait prêté sa plume. Un secret bien gardé, une supercherie jamais démasquée. Comme il existe un énigme Shakespeare, il y aurait une énigme Molière…
21 février 1673. Molière vient juste de mourir quand l'autrice donne à tour de rôle la parole à la Désirée (Armande Béjart), à l'accoucheuse (Madeleine Béjart), au Petit (Michel Baron, comédien), à Pierre Corneille, à l'Epouse (Marie Corneille) et à l'Intouchable (Molière en personne). On plonge avec délice et curiosité dans l'intimité de ces personnages qui ont entouré Molière. Chacun à sa version, chacun pense avoir sa part de mérite dans le succès et la renommée de l'auteur. Mais on découvre très vite que le mystère sur la paternité des oeuvres n'est pas le seul secret. Molière et Corneille était liés par autre chose que les mots.

Les pièces de Molière sont-elles l'oeuvre d'un génie bicéphale à quatre mains ? Eve de Castro construit son roman sur une hypothèse et parvient à en tirer une habile fiction qui laisse toute la place à l'amour, à la haine et au désir. Elle nous immerge dans le XVIIème, dans le quotidien des comédiens, dans la tête de Corneille et c'est instructif, divertissant. Un très agréable moment.
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