Le scandale d'une relation coupable d'un professeur de musique avec Victoria, une élève adolescente, bouleverse la vie du collège, suscite une curiosité trouble teintée de jalousie chez les jeunes filles, et toutes sortes d'interprétations chez les professeurs et les parents.
On suit les évolutions d'Isolde, la soeur de Victoria, qui noue une relation sentimentale avec Stanley, jeune étudiant en école de théâtre, dont la promotion monte une pièce inspirée de ce fait divers, alors que Stanley ne connaît pas encore la véritable identité d'Isolde.
On assiste aux séances d'accompagnement post-traumatique d'un psychologue dépêché auprès les jeunes filles.
On écoute les conversations d'un professeur de musique qui endosse le rôle de confident, questionneur, empêcheur de tourner en rond, voire psychanalyste de fait, auprès des élèves et des parents qui défilent pendant ou après ses cours.
On entre dans les coulisses des cours de l'école de théâtre de Stanley aux méthodes d'enseignement particulières.
Un roman bien écrit, intelligent, à l'intrigue intéressante, qui creuse la psychologie des personnages avec finesse et une certaine impertinence sensuelle stimulante. Les désirs, les fantasmes et la sexualité sont des domaines complexes à appréhender où la vérité n'est pas toujours conforme aux apparences. La thèse défendue est un brin provocatrice, à contre courant des dénonciations systématiques, et s'éloigne des stéréotypes sur le méchant adulte masculin qui abuse de l'innocence des adolescentes victimes et non consentantes. Ici on nage en permanence dans l'ambiguïté, le voyeurisme et le fantasme inavoués avec un mélange de sérieux et d'ironie subtiles. C'est très bien écrit. le bémol est la structure non chronologique du récit, et j'aime le confort et la progressivité de la chronologie.
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J'ai aimé, mais sans passion.
Je parle de quoi, à votre avis ? de ma vie ou de ce roman déroutant ? A votre avis ?
Eh bien, ce type de questionnement, je l'ai ressenti continuellement tout au long de l'histoire.
Le point de départ, c'est au lycée, dont une élève de terminale, Victoria, est sortie, ...sort, avec un prof de 30 ans, Mr Saladin. Et ça fait des vagues...Et des vagues ! du psychologue de l'école à la professeur de cours particuliers de saxo, en passant par l'Institut d'Art dramatique de cette ville ; de la jeune soeur de 15 ans, Isolde, en passant par les autres filles de l'école, et d'une fille en particulier, Julia, supposée lesbienne, des mères autoritaires ou effondrées, jusqu'à Stanley, élève acteur.
Ces vagues psychologiques constituent la trame de l'histoire. Mais ces vagues sont aussi théâtrales, elles passent continuellement de l'illusion à la réalité, sans même qu'on sache (que je sache, en l'occurrence), où se trouve la frontière.
L'auteure décortique le fonctionnement des sentiments, et je lui rends hommage pour cela. C'est très fin, les fils ténus reliant chaque raisonnement, chaque sensation sont mis à jour. Les condisciples de la jeune fille qui a préféré un adulte sont-elles jalouses ? Se sentent-elles flouées ? Et les mères, auront-elles encore du pouvoir sur leurs filles ? Et la jeune soeur ? Veut-elle attirer l'attention sur elle ? La prof de saxophone qui recueille quelques confidences use-t-elle aussi de son pouvoir ? Qu'est-ce que c'est, avoir de l'influence sur quelqu'un ? Et qu'est-ce qu'un enseignant, un bon professeur ? Et l'amour, l'Amour ?
L'auteure analyse également à fond l'illusion théâtrale : qu'est-ce que le théâtre ? Un acteur est-il encore lui-même quand il joue ? Qu'est-ce que les autres voient de lui ? Jusqu'où peut-on oser la réalité ? Et est-ce la réalité, ce qui est joué ?
Par un continuel jeu de miroirs, l'auteure m'a perdue, m'a reconquise, m'a exaspérée aussi, souvent. Je déteste errer dans un labyrinthe de glaces.
Bref, un roman sur lequel je pourrais écrire une thèse, je pense.
Mais c'est là le problème : à partir du moment où tout est décortiqué, analysé, perfusé, fouillé, trituré, le rêve s'envole, le coeur démissionne. Nulle part je ne me suis sentie accrochée par ces fils ténus, emportée. L'analyse froide et à plat me scotche intellectuellement mais ne me fait pas décoller. Et si en plus, je m'y perds, alors là....
Alors, oui, j'ai quand même aimé ce roman, mais sans passion.
5/10
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