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Critique de SMadJ


"Hobboes" de Philippe Cavalier – La chronique qui va faire du chemin !

Cryptique, intelligent, meurtrier, intrigant, ce roman atypique au souffle ravageur va te faire voyager au-delà de tes habitudes et faire vaciller tes certitudes. Est-ce que tu sens le vent ?

"Hobboes", c'est d'abord une superbe couverture qui te fait de l'oeil quand tu déambules dans les rayons de ton dealer de livres préféré. Ça a un air de fin du monde alors même que l'année commence. Une impression d'Amérique en déliquescence. Ça sent la chute, ça pue l'ivresse. Tu le sens le bourdonnement, le tourbillon qui va te mettre à terre ?

Tu n'as pas encore ouvert le livre que tu sais que ça va te picoter, te démanger de l'acheter, de l'emporter chez toi et de le commencer de suite. Ton instinct te dit que tu vas vivre une expérience livresque hors du commun, que tu vas faire partie d'un club d'initiés qui se transmet la bonne came mais que le voyage va t'envoyer high in the sky.
Une fois ouvert, "Hobboes" va s'inoculer dans tes veines de lecteur et tu vas commencer à sniffer les chapitres, ligne après ligne... Voilà le premier effet "Hobboes".

Philippe Cavalier crée un roman ambitieux, revisite l'Apocalypse selon Jean et refaçonne toute une mythologie. Pas moins. Celle des laissés pour comptes, des chemineurs, de ces gens abandonnés sur le bord de la route, éjectés du train d'une société qui fonce à toute allure se moquant bien de se délester en route de ses passagers clandestins : Les Hobboes.

"Hobboes" est un roman d'anticipation dystopique à la saveur sauvage. Comme une soudaine fureur qui va s'abattre sans prévenir sur le lecteur. Plein de rage. Cavalier lâche ses cavaliers de l'apocalypse sur le monde et nul ne sortira indemne de cette folle épopée. Un scénario catastrophe aux conséquences funestes et universelles.
L'auteur ne recule devant rien, ne s'impose aucune limite et explose les codes. Car au final, ce livre est indéfinissable, ouvre différentes portes, prête à plusieurs interprétations et se permet même de te faire réfléchir.

Car en plus d'un Road Book haletant, Philippe Cavalier propose une sévère réflexion sur l'état de notre société occidentale et capitaliste, à bout de souffle et de course.
C'est à travers le destin d'un anonyme, Raphaël Banes, petit prof dans une université et un monde trop grand pour lui, que va se jouer la destinée du monde. Et il va vivre un vrai parcours initiatique, un questionnement sur son être, une déconstruction de sa pensée. Qui vont redéfinir ses priorités. Et méditer sur ce qui compte vraiment. L'amour, non ? What else ?

Les influences sont nombreuses, une partouze entre "Sur la Route" de Jack Kerouac (roman fondateur du vagabondage), "Le Fléau" de Stephen King et le définitif "La Route" de Cormac McCarthy. Chacun de ces livres figurant sur une palette de peinture sur laquelle l'auteur va puiser par touches pour construire et édifier son propre univers.

L'écriture est belle, racée, travaillée, lumineusement obscure, c'est à dire avec une charpente de mots en bétons pour soutenir un édifice crépusculaire. Cavalier aligne les mots comme on aligne ses pions sur un échiquier. Avec patience, constance, malice même. L'auteur n'est pas doux avec ses personnages donnant à leur destin une couleur tragique, volontairement cynique. S'il ne fait pas bon être un de ses personnages, en revanche il est jubilatoire d'être l'un de ses lecteurs. 4/5
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