Céphalopole : La cité de Yorl

Céphalopole de Jean-Pierre Cazaban
Jean-Pierre Cazaban que j'ai eu le plaisir de rencontrer non loin de mon petit village du Pays d'Auge, vient de faire éditer son livre intitulé Céphalopole chez Amazon. Ce livre m'a énormément plu, bien que je ne sois pas attiré particulièrement par la lecture de livre de science-fiction. Il s'appuie comme le dit son auteur sur ses réflexions à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, mais aussi sur une documentation solide notamment sur son aspect technique. « J'ai voulu être le plus techniquement crédible possible sans toutefois sans toutefois abandonner l'idée du fantastique. » Je vous le présente aujourd'hui. « Quand d'autres rêvaient ou rêvent d'hyper-espace, pour neuf milliards d'individus ( chiffre de la population que l'on atteindra sur terre) et alors que beaucoup de scientifiques comptent sur Mars pour une nouvelle terre, ( ne vient-on pas de découvrir à la suite de la percussion d'un astéroïde de la glace sous sa croute martienne,) Jean-Pierre Cazaban par l'intermédiaire de son personnage Alan décrit une autre solution : celle de la proximité, celle des abysses. Alan, dont son projet initial était conçu pour lui et les siens va créer la cité Céphalopole . Nous aurons droit à une description particulièrement soignée de sa construction. En effet sans qu'il le veuille vraiment, Alan se retrouve à la tête d'une gigantesque cité subaquatique, et d'une véritable société créée au fond d'un lac au Monténegro. Par cent mètres sous l'eau un million de rescapés venus de l'extérieur, c'est-à-dire de la terre, vivent en autarcie, dans des containers amalgamés entre eux par la lave d'un volcan sous-marin. Début 2036 en raison de catastrophes humaines et un désordre climatique, la terre devient de plus en plus inhospitalière. Pour Alan, la cause de tout est que le réacteur nucléaire de Fukushima qui a fondu est toujours en fusion. « La masse de corium qui s'était échappée de la centrale en faisant fondre en chemin tout ce qu'elle rencontrait, était devenue de plus en plus volumineuse. Elle avait traversé l'épaisse cuve de confinement de la centrale Fukushima Daichi, s'était infiltrée dans l'enceinte du béton, avait atteint la terre, traversé les roches et les premières couches de la croute terrestre où circulait le magma. » Ce qui entraina que : « la ceinture de feu du pacifique entra en irruption du Chili à la côte Est du Japon, jusqu'en Indonésie. Des iles sortirent de la mer avec des taux records de radium, de césium, tritium et autre co-produits de l'énergie nucléaire recrachés dans l'air par l'irruption volcanique. L'air des hémisphères nord sud se retrouva surchargé de particules fines qui ne laissèrent plus passer les rayons du soleil, provoquant glaciations, sécheresses dévastatrices, incendies monstrueux, pandémies, mouvements de populations affamées. » C'est devant ce constat qu'Alan malgré la colère des océans devenus de plus en plus capricieux , et la déviation d'un demi-degré de l'axe de la terre entrainant la fonte du permafrost dégageant l'équivalent d'un siècle de production de CO2 en moins de dix ans et libérant des virus capable d'anéantir une bonne partie de l'humanité ; la sécheresse qui fait qu'au lieu de planter en Normandie des pommiers ont les remplace par de la vigne ( ce qui n'est pas loin de ce que l'on réfléchit actuellement) , Alan fit couler son premier container, dans le lac de Shkodra au Monténégro. « Ce lieu ne fut pas choisi au hasard mais au regard des rapports sismologiques à l'issue du tremblement de terre dans cette région en 1979. » Vous découvrirez comment Alan, un matin par temps calme avec quelques amis équipés du matériel de plongée, installèrent leur premier container par vingt mètres de fond et comment celui-ci se trouva habillé d'un manteau de la lave noire provenant d'un volcan. Alan passa tu temps avec sa première épouse dans ce lieu. Ils eurent une fille Thalia. Au fur et à mesure des besoins de la cité d'autres containers qui dérivaient en surface furent coulés les uns à côté des autres constituant ainsi la colonne vertébrale de la cité Céphalopole. Ensuite il fallut aller sauver des rescapés qui arrivaient au gré des tsunamis ou des naufrages en mer ; « une opération périlleuse même pour les hommes aguerris d'Alan et pas facile ». Comment faire accepter à des rescapés de plonger dans l'inconnu avec des hommes venus des profondeurs. Renoncer à toute vie terrestre. Ou mourir. Aujourd'hui Alan est fatigué, une épidémie et l'attaque de sa cité par un sous-marin nucléaire sont peut-être les épreuves de trop Thalia et Ita ses deux filles, douées de dons qu'elles ignorent encore, accepteront-elles de reprendre son commandement ? Ce serait-trop simple de résumer ce livre à ces seules interrogations. Ce serait beaucoup trop réducteur.
Céphalopole de Jean-Pierre Cazaban , est un savant mélange : de science-fiction : des rescapés en mer sont conduits sous l'eau par des personnes aqualizés ( ayant une faculté de respirer sans bouteille d'oxygène,) dans une cité construite de containers immergés ; d'un thriller « lorsque Woko, un être hybride genre Terminator, qui avec ses hommes dérobe un sous-marin nucléaire et fonce sur la cité ; de fantastique : avec des courses sur le dos des raies géantes, un concert de musique subaquatique avec des violons fabriqués de coquillages et de bassin de baleine ; de réflexions : sur la gestion d'une cité confrontée à son expansion . Doit-on concevoir pour sa survie la régulation des naissances. Un sujet qui inévitablement se posera pour l'espèce humain dans les années à venir , la terre n'étant pas extensible et le réchauffement climatique source à venir de conflits lorsque dans certaines contrées les lieux seront devenus invivables) ou des médecins recherchent le gène de l'immortalité alors qu'ils sont âgés de 140 ans : de fantastique : « lorsque les deux filles d'Alan Thalia et Ita révèlent au fur et à mesure des dons télépathiques avec Yorl un poulpe géant, télépathe, omniscient, omniprésent, tout pendant ce roman et sans qui cette cité Céphalopole n'aurait été possible. Vous découvrirez également les cultures de légumes de Joseph, en hydroponie ; mais aussi des luttes de pouvoir ; des combats entre un sous-marin nucléaire et la faune sous-marine, baleines et raies géantes, du kite-surf sur les containers. Comment l'on vit dans cette cité et bien d'autres choses encore. Vraiment chers ami e s qui arrivaient au bout de cette critique, je vous invite découvrir ce livre de Jean-Pierre Cazaban, Céphalopole. Si la nature que l'on maltraite tous les jours se réveillait et devenait invivable, où l'espèce humaine trouverait-elle un refuge ? à moins 100 m au-dessous de la mer ? Céphalopole est un livre pour ado et adulte qui a tout pour être un film de grand écran ! Bien à vous.