VOCATUS ATQUE NON VOCATUS DEUS ADERIT
(Appelé ou non appelé, le dieu sera présent.)
Pourquoi donc cette sentence qui veille sur la maison, qui veille sur la famille, qui veille sur les malades qui viennent consulter Jung -et qui veille d'abord, certainement, sur le psychiatre en personne ?
Cette phrase, de fait, c'est la traduction latine d'un oracle de Delphes rendu par la Pythie à une ambassade de Sparte. Jung l'avait trouvée, jeune homme, dans la collection des Adages, les Collectanea adagiorum d'Erasme, et elle l'avait assez marqué jusqu'au fond de lui-même pour qu'il la notât soigneusement -et la reproduisit soigneusement maintenant à l'entrée de sa demeure. (...)
"(Cet oracle) signifie : oui, le dieu sera présent, mais sous quelle forme et avec quelle intention? J'ai fait graver là cette inscription pour rappeler à mes patients et à moi-même : Timor dei initium sapientae. Ici commence une autre voie tout aussi importante, non pas d'approche du "christianisme", mais de Dieu lui-même, ce qui semble bien être l'ultime question." (Lettre du 19 novembre 1960, Correspondance, t. V
Ce que je cherche en fin de compte, c'est l'expérience intérieure qui a guidé Jung toute sa vie. c'est de comprendre les épreuves qu'il a dû affronter, les ténèbres de feu qu'il a dû traverser, le pouvoir de la mort qu'il n'a cessé de côtoyer. Bref, d'entrer dans les tourments d'une âme si angoissée de comprendre le monde qu'elle ne s'est jamais reposée dans les clairières que pourtant elle découvrait à mesure, ou dans les lueurs d'aube tremblantes qui surgissaient quelque fois au sortir des nuits noires qu'il avait fallu regarder sans cligner des paupières.