Alors,
Maitre Kurogiku,
Lentement,
S’avance vers l’origami.
Il le prend entre ses doigts et,
Lentement,
Le déplie.
- Vous avez vraiment tout quitté pour une femme ?
Maitre Kurogiku se tait. Regarde Casparo. Parle :
- Posez-vous cette seule question : quitter quoi.
- Eh bien, tout ce que vous aviez.
Maitre Kurogiko se tait. Plus longuement. Ferme les yeux. Respire. Puis parle :
- À quoi sert-il d’avoir si être nous manque.
Cette femme m’apporte un prétexte, à défaut d’une raison. Ou plutôt, comme si le brouillard de mes pensées était au contraire un prétexte qui camoufle la simplicité de la vie. La vie est simple. Je rencontre une panthère noire et moi je la suis.
Sur le sol, il contemple l’ombre d’un kozo que la course du soleil imprime à l’encre invisible sur le sol de sable et de pierre.
- J'avais le choix. Suivre mon brouillard, ou suivre mon éclair de lumière.
Silence.
- Tout, dans la vie, n'est-il pas que prétexte. Le brouillard n'est-il pas le prétexte de la clarté que l'on veut se cacher à soi-même. On sait, on prétend ignorer. On a la réponse, quand même on demande. On doute de soi, on prétend douter des autres. On est aimé, on prétend douter de cet amour.
Sans doute les êtres et les choses appartiennent à ceux qui s'en occupent.
L’origami ne connait que deux plis.
Deux.
Dont on se sert pour la sélection des astronautes.
Deux plis.
Les règles de l’origami sont simples. Comme souvent, la simplicité de ses règles rend l’exercice de l’art plus compliqué.
- Tout, dans la vie, n'est-il pas que prétexte. Le brouillard n'est-il pas le prétexte de la clarté que l'on veut se cacher à soi-même. On sait, on prétend ignorer. On a la réponse, quand même on demande. On doute de soi, on prétend douter des autres. On est aimé, on prétend douter de cet amour.
Maître Kurogiku fabrique du washi.
Comme son père avant lui.
Washi signifie : papier de la paix et de l'harmonie.
Toute beauté a sa part d'ombre.