ありがとう Arigatō Gallimard
Je conserve mes thés verts dans des boîtes washi et je prête parfois main-forte, bien plus souvent qu'une oreille attentive à ma fille pour ses origamis. le choix de ce premier roman s'annonce donc sous les meilleurs auspices pour moi.
Un livre qui de surcroît se lit vite et facilement, 158 pages organisées en 4 chapitres. Court mais passionnant, même s'il m'a fallu une seconde lecture pour choisir entre quatre ou cinq étoiles. "D'un dépouillement extrême", ce texte l'est en effet mais tout comme on parvient à ressentir dans une gorgée de Ryokucha Midori l'iode de la mer, il recèle de nombreuses richesses et constitue un superbe voyage au Japon. Pour "vous qui dépliez la vie pour la comprendre" (p. 149), pour la mémoire de
Kobayashi Issa, pour appréhender l'honneur japonais et ses nombreux évaporés, pour saluer le travail de l'Unesco, pour vous qui croyez que “tout, dans la vie, n'est [...] que prétexte“, pour savourer le silence, pour vous autres convaincus que "toute beauté a sa part d'ombre", pour célébrer aussi les valeurs des 45 autres candidatures non retenues en 2014 par le comité de l'Unesco, pour ceux qui aiment le soleil de la Toscane, ce livre est pour vous.
La saveur poétique de "
Monsieur Origami" est subtilement accentuée par la présence (sobre calligraphie discrète) des kanji, ces caractères sino-japonais, en haut de chaque page et qui reprennent le titre du chapitre. Je remarque particulièrement le dernier IMA, qui évoque le toit et le jardin zen à la fois.
Le washi est le papier de la paix et de l'harmonie (page 19) et, comme toute "histoire de papier", elle se rapporte aussi à la guerre. Sur ce point je n'en dirai pas plus…
Haïku, origami, position zazen, transmission de savoir et quête.
C'est tout cela qu'est le livre de
Jean Marc CECI.