Á quoi sert-il d'avoir si être nous manque.
À défaut de pouvoir imaginer une forme d'après les lignes que vont donner les plis d'une petite feuille de dix centimètres sur dix, il est vain de comprendre d'où nous venons et où nous allons.
(p. 101)
Maître Kurogiku est assis. Depuis un peu plus d'une heure maintenant.
En position de zazen.
Devant lui, une feuille de papier carrée.
Un peu chiffonnée.
Posée sur une table basse en bois.
A ses pieds, la chatte Ima ronronne.
Je suis vivant. Je laisse le destin accomplir son œuvre. Je la reverrai si c'est ce qui doit se produire. Je ne force pas le destin. J'accomplis seulement ma pauvre mission d'être humain. Pour contribuer au destin. (Page 123)
Tout, dans la vie, n’est-il que prétexte. Le brouillard n’est-il pas le prétexte de la clarté que l’on veut se cacher à soi-même. On sait, on prétend ignorer. On a la réponse, quand même on la demande. On doute de soi, on prétend douter des autres. On est aimé, on prétend douter de cet amour.
A quoi sert-il d'avoir si être nous manque.
L’homme sait ce que sont la seconde et le millénaire. Une griffe dans le temps. un pli sur la ligne du temps. mais le temps, le temps lui-même, la ligne qui ne contient pas de pli, qui n’a ni début ni fin ni mesure ni épaisseur, cela l’homme ne le comprend pas.
A quoi sert-il d’avoir si être nous manque.
A quoi sert-il d’avoir si être nous manque.
L’homme ne comprend pas le temps. L’homme a inventé sa mesure. Il a enroulé le temps autour d’un cadran, puis il l’a plié.