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Citations sur Pavot et mémoire (18)

Je suis seul (Ich bin allein, 1952)

JE SUIS SEUL, je mets la fleur de cendre
dans le verre rempli de noirceur mûrie. Bouche-sœur,
tu prononces un mot qui survit devant les fenêtres,
et sans un bruit, le long de moi, grimpe ce que je rêvais.

Je suis dans l’efflorescence de l’heure défleurie
et mets une gemme de côté pour un oiseau tardif :
il porte le flocon de neige sur la plume rouge-vie ;
le grain de glace dans le bec, il arrive par l’été.

*

ICH bin allein, ich stell die Aschenblume
ins Glas voll reifer Schwärze. Schwestermund,
du sprichst ein Wort, das fortlebt vor den Fenstern,
und lautlos klettert, was ich träumt, an mir empor.

Ich steh im Flor der abgeblühten Stunde
und spar ein Harz für einen späten Vogel :
er trägt die Flocke Schnee auf lebensroter Feder ;
das Körnchen Eis im Schnabel, kommt er durch den Sommer.
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La nuit, quand le pendule de l’amour balance
entre Toujours et Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du cœur
et ton œil bleu,
d’orage tend le ciel à la terre.

D’un bois lointain, d’un bosquet noirci de rêve
l’Expiré nous effleure
et le Manqué hante l’espace, grand comme les spectres du futur.

Ce qui maintenant s’enfonce et soulève
vaut pour l’Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard
que nous échangeons, le temps sur la bouche.
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Nachts, wenn das Pendel der Liebe schwingt
zwischen Immer und Nie,
stößt dein Wort zu den Monden des Herzens
und dein gewitterhaft blaues
Aug reicht der Erde den Himmel.

Aus fernem, aus traumgeschwärztem
Hain weht uns an das Verhauchte,
und das Versäumte geht um, groß
wie die Schmerzen der Zukunft.

Was sich nun senkt und hebt,
gilt dem zuinnerst Vergrabnen,
blind wie der Blick, den wir tauschen,
küsst es die Zeit auf den Mund.
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L’automne me mange sa feuille dans la main : nous sommes amis.
Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher :
le temps retourne à l’écale.

Dans le miroir, c’est dimanche,
dans le rêve on est endormi
la bouche parle sans mentir.

Mon œil descend vers le sexe de l’aimée :
nous nous regardons
nous nous disons de l’obscur,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme un vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune

Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent depuis la rue :
Il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir.
qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.
Il est temps que le temps advienne.

Il est temps.
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La plus blanche des colombes s’est envolée : j’ai le droit de t’aimer !
Dans la fenêtre discrète hésite la porte discrète.
L’arbre silencieux est entré dans la pièce silencieuse.
Tu es proche comme si tu ne demeurais ici.

Dans ma main tu prends la grande fleur :
elle n’est pas blanche, pas rouge, pas bleue – pourtant, tu la prends
Où jamais elle ne fut, elle restera toujours.
Nous ne fûmes jamais, nous restons donc chez elle.
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La nuit, quand le pendule de l’amour balance
entre Toujours et Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du coeur
et ton œil bleu
d’orage tend le ciel à la terre.

D’un bois lointain, d’un bosquet noirci de rêve
l’Expiré nous effleure
et le Manqué hante l’espace, grand comme les spectres du futur

Ce qui maintenant s’enfonce et soulève
vaut pour l’Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard
que nous échangeons, le temps sur la bouche.
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CRISTAL
   
Ne cherche pas ta bouche à mes lèvres,
ni l'étranger au portail,
ni à l'oeil les larmes.
   
Sept nuits plus haut le rouge s'en va au rouge,
sept coeurs plus avant la main frappe au portail,
sept roses plus tard la source est en murmures.
   
-
   
JE SUIS SEUL, je dépose la fleur des cendres
au verre rempli de noir mûri. Bouche soeur,
tu dis un mot qui va encore sa vie aux fenêtres,
et ce que j'ai rêvé grimpe contre moi sans bruit.
   
Je porte le deuil de l'heure flétrie
et je garde de la résine pour un oiseau tardif :
il porte le flocon sur sa plume rouge vie ;
grain de glace au bec, il traverse l'été.
   

   
KRISTALL
   
Nicht an meinen Lippen suche deinen Mund,
nicht vorm Tor den Fremdling,
nicht im Aug die Träne.
   
Sieben Nächte höher wandert Rot zu Rot,
sieben Herzen tiefer pocht die Hand ans Tor,
sieben Rosen später rauscht der Brunnen.
   
-
   
ICH BIN ALLEIN, ich stell die Aschenblume
ins Glas voll reifer Schwärze. Schwestermund,
du sprichst ein Wort, das fortlebt vor den Fenstern,
und lautlos klettert, was ich träumt, an mir empor.
   
Ich steh im Flor der abgeblühten Stunde
und spar ein Harz für einen späten Vogel :
er trägt die Flocke Schnee auf lebensroter Feder ;
das Körnchen Eis im Schnabel, kommt er durch den Sommer.
   
   
CONTRE-JOUR / GEGENLICHT
Traduction de Valérie Briet | pp. 106-7 & 112-3
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Silence ! J’enfonce l’épine à ton cœur,
car la rose, la rose
est debout au miroir parmi les ombres, elle saigne !
Elle saignait déjà du temps où nous mêlions le oui et
le non
où nous buvions à petites gorgées
parce qu’un verre, jeté de table, tinta :
il annonçait une nuit qui s’enténébra plus longtemps
que nous.
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TREMBLE aux feuilles qui brillent blanches dans les
ténèbres.
Ma mère jamais n’eut les cheveux blancs.
L’Ukraine est verte comme les dents-de-lion.
Ma mère si blonde n’est pas rentrée.
Nuage de pluie, tu hésites là, aux puits ?
Ma mère si douce pleure pour tous.
Étoile ronde, tu enroules la traîne d’or.
Ma mère avait au coeur une blessure de plomb.
Porte de chêne, qui t’a soulevée hors des gonds ?
Ma mère si tendre ne peut pas venir.
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Je sais la maison qui est le plus au soir : un œil bien plus profond que ton œil y scrute l’horizon.
À son faîte le grand étendard des chagrins va au vent :
son linge vert — tu l’as tissé sans savoir.
[..]
Le mot qui reçut tes adieux vient t’accueillir au porche.
Et ce qui t’a frôlée ici, épi cœur et fleur,
depuis longtemps est l’hôte de là-bas et plus jamais ne t’effleure.
Mais dans cette maison-ci tu vas au miroir
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