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Citations sur L'or : La merveilleuse histoire du général Johann Augus.. (78)

Le port.
Le port de New York.
1834.
C'est là que débarquent tous les naufragés du vieux monde. Les naufragés, les malheureux, les mécontents. Les hommes libres, les insoumis. Ceux qui ont eu des revers de fortune; ceux qui ont tout risqué pour une seule carte; ceux qu'une passion romantique a bouleversé.
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A une lieue de Besançon, Johann August Suter trempe ses pieds meurtris dans un ruisseau. Il est assis au milieu des renoncules, à trente mètres de la grand-route.
Passent sur la route, sortant d'un petit bois mauve, une dizaine de jeunes Allemands. Ce sont de gais compagnons qui vont faire leur tour de France. L'un est orfèvre, l'autre ferronnier d'art, le troisième est garçon boucher, un autre laquais. Tous se présentent et entourent bientôt Johann. Ce sont de bons bougres, toujours prêts à trousser un jupon et à boire sans soif. Ils sont en bras de chemise et portent un balluchon au bout d'un bâton. Johann se joint à leur groupe se faisant passer pour ouvrier imprimeur.
C'est en cette compagnie que Suter arrive en Bourgogne. Une nuit, à Autun, alors que ses camarades dorment, pris de vin, il en dévalise deux ou trois et en déshabille un complètement.
Le lendemain, Suter court la poste sur la route de Paris.
Arrivé à Paris, il est de nouveau sans le sou. Il n'hésite pas. Il se rend directement chez un marchand de papier en gros du Marais, un des meilleurs clients de son père, et lui présente une fausse lettre de crédit. Une demi-heure après avoir empoché la somme, il est dans la cour des Messageries du Nord. Il roule sur Beauvais et de là, par Amiens, sur Abbeville. Le patron d'une barque de pêche veut bien l'embarquer et le mener au Havre. Trois jours après, le canon tonne, les cloches sonnent, toute la population du Havre est sur les quais : l'Espérance, pyroscaphe à aubes et à voilures carrées, sort fièrement du port et double l'estacade. Premier voyage, New York.
A bord, il y a Johann August Suter, banqueroutier, fuyard, rôdeur, vagabond, voleur, escroc.
Il a la tête haute et débouche une bouteille de vin.
C'est là qu'il disparaît dans les brouillards de la Manche par temps qui crachote et mer qui roule sec.
Au pays on n'entend plus parler de lui et sa femme reste quatorze ans sans avoir de ses nouvelles. Et tout à coup son nom est prononcé avec étonnement dans le monde entier.
C'est ici que commence la merveilleuse histoire du général Johann August Suter.
C'est un dimanche.
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La vie a été un enfer ces dernières années. On se tuait, on se volait, on s'assassinait. Tout le monde se livrait au brigandage. Beaucoup sont devenus fous ou se sont suicidés. Tout ça pour l'or, et cet or, s'est transformé en eau-de-vie...
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Le port.
Le port de New York.
1834.
C'est là que débarquent tous les naufragés du vieux monde. Les naufragés, les malheureux, les mécontents. Les hommes libres, les insoumis. Ceux qui ont eu des revers de fortune ; ceux qui ont tout risqué sur une seule carte ; ceux qu'une passion romantique a bouleversés. Les premiers socialistes allemands, les premiers mystiques russes. Les idéologues que les polices d'Europe traquent ; ceux que la réaction chasse. Les petits artisans, premières victimes de la grosse industrie en formation. Les phalanstériens français, les carbonari [...]. Des esprits généreux, des têtes fêlées. Des brigands de Calabre, des patriotes hellènes. Les paysans d'Irlande et de Scandinavie. [...] Les illuminés de toutes les révolutions de 1830 et les derniers libéraux qui quittent leur patrie pour rallier la grande République, ouvriers, soldats, marchands, banquiers de tous les pays, même sud-américains, complices de Bolivar. Depuis la Révolution française, depuis la déclaration d'indépendance, en pleine croissance, en plein épanouissement, jamais New York n'a vu ses quais aussi continuellement envahis.
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Mais la plupart des chercheurs d'or traversaient l'isthme. Un véritable torrent humain remontait le Gulf Stream, battait les plages de Cuba et de Haïti, pour venir se jeter en trombe sur Chagres, un trou malsain, dans les marais et la chaleur. Quand tout allait, on pouvait se frayer un chemin à travers des peuplades indiennes dégénérées et des villages de Nègres lépreux et atteindre Panama en trois jours, malgré le sol mouvant, les moustiques, la fièvre jaune. Puis on s'embarquait en furie pour Frisco.
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Ils {des voyageurs} ont traversé des solitudes toujours plates, des océans d'herbes où des orages quotidiens, d'une violence inouïe, éclatent soudainement sur le coup de midi pour ne durer qu'un quart d'heure, puis le ciel redevient serein, d'un bleu dur sur les franges vertes de l'horizon. Ils campent sous le croissant de lune moucheté d'une belle étoile; inutile de songer au sommeil, des myriades d'insectes bourdonnent autour d'eux, des milliers de crapauds et de grenouilles saluent la lente éclosion des étoiles. Les coyotes jappent. C'est l'aube, l'heure magique des oiseaux, les deux notes invariables de la perdrix. On repart. La piste fuit sous les sabots rapides des montures. Le fusil au poing, on quête une proie impossible.
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A bord, il y a Johann August Suter, banqueroutier, fuyard, rôdeur,vagabond, voleur, escroc.
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Si j’avais pu suivre mes plans jusqu’au bout, j’aurais été en très peu de temps l’homme le plus riche du monde : la découverte de l’or m’a ruiné. (p. 91, Partie 31, Chapitre 9).
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Johann August Suter débarque le 7 juillet, un mardi. Il a fait un vœu. À quai, il saute sur le sol, bouscule les soldats de la milice, embrasse d'un seul coup d'œil l'immense horizon maritime, débouche et vide d'un trait une bouteille de vin du Rhin, lance la bouteille vide parmi l'équipage nègre d'un bermudien. Puis il éclate de rire et entre en courant dans la grande ville inconnue, comme quelqu'un de pressé et que l'on attend.
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Le port.
Le port de New York.
1834.
C’est là que débarquent tous les naufragés du vieux monde. Les naufragés, les malheureux, les mécontents. Les hommes libres, les insoumis. Ceux qui ont eu des revers de fortune ; ceux qui ont tout risqué sur une seule carte ; ceux qu’une passion romantique a bouleversés. Les premiers socialistes allemands, les premiers mystiques russes. Les idéologues que les polices d’Europe traquent ; ceux que la réaction chasse. Les petits artisans, premières victimes de la grosse industrie en formation. Les phalanstériens français, les carbonari, les derniers disciples de Saint-Martin, le philosophe inconnu, et des Écossais. Des esprits généreux, des têtes fêlées. Des brigands de Calabre, des patriotes hellènes. Les paysans d’Irlande et de Scandinavie. Des individus et des peuples victimes des guerres napoléoniennes et sacrifiés par les congrès diplomatiques. Les carlistes, les Polonais, les partisans de Hongrie. Les illuminés de toutes les révolutions de 1830 et les derniers libéraux qui quittent leur patrie pour rallier la grande République, ouvriers, soldats, marchands, banquiers de tous les pays, même sud-américains, complices de Bolivar
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