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Critique de Nastasia-B


J'ai longuement hésité avant d'écrire une critique sur le tome 1 du Quichotte.

Quoi écrire que vous ne sachiez déjà ? Quoi écrire, du haut de mon insignifiance, qui puisse vous enjoindre ou vous dissuader de lire cette oeuvre après que des très grands l'ont commentée, analysée, décortiquée, pris appui dessus ou, au contraire, lui ont volontairement tourné le dos, preuve s'il en est de son importance ?

De simples impressions de lecture, c'est tout ce que je sais faire, et encore, pas des plus fraîches, ces impressions, car je ne l'ai pas relu tout à fait récemment.

Tout d'abord, Don Quichotte, c'est l'exemple parfait de l'incarnation d'un portrait type, un personnage qui est rentré dans la culture collective de l'humanité, comme dans l'expression populaire de tout un chacun « se battre contre des moulins ».

Ils ne sont pas si nombreux les romans (ou toute autre forme d'écrit) ayant marqué d'une telle empreinte l'inconscient collectif. Il y a probablement le Gargantua de Rabelais, le Don Juan de Molière, le Faust de Goethe, le Frankenstein de Mary Shelley, le Quasimodo d'Hugo, le capitaine Nemo de Verne, le père Ubu de Jarry, lequel tient sûrement beaucoup de son grand frère espagnol. Je sais qu'on pourrait encore en citer quelques uns, voire quelques dizaines au grand maximum, dont bon nombre issus de la BD franco-belge d'après guerre, mais dans l'ensemble, ils ne sont pas très nombreux, et celui-ci, sans être nécessairement le premier (Ulysse aurait sûrement plus d'arguments pour revendiquer ce titre), marque un tournant dans l'histoire mondiale de la littérature. Un peu comme après la basilique de Saint-Denis, on ne construira plus jamais un édifice chrétien exactement de la même façon, une porte s'est ouverte, un passage s'est offert. Ce n'est pas nécessairement la plus grande réalisation de ce style, mais c'est celle sans laquelle rien ne serait arrivé.

Don Quichotte (on devrait d'ailleurs écrire Don Quichotte et Sancho Pança, car c'est le couple qui est génial, pas de Laurel sans Hardy, pas de Quichotte sans écuyer) est donc un symbole, symbole d'un monde en mutation en sa qualité autoproclamée de chevalier errant, vestige des temps révolus du moyen âge, symbole d'un renouveau de l'écriture qui ose se gausser des chansons de gestes et autres oeuvres passées de mode, symbole de l'Espagne et de ses emblématiques moulins qui tournent et qui tournent sans forcément avoir grand chose à moudre, symbole d'une Espagne elle aussi vestige, celle qui dominait le monde et qui va très bientôt entamer son déclin.

Miguel de Cervantès a donc eu, certes ce génie de la création littéraire, mais aussi, et peut-être, surtout, ce génie de trouver un étonnant baromètre pour annoncer les temps à venir. Voilà, en gros, en très gros, les impressions que m'ont laissées Don Quichotte.

J'ai souvenir également d'une lecture particulièrement drôle et efficace au début, peut-être jusqu'au premier tiers, d'un milieu de roman qui, sans être désagréable, m'a semblé un peu lassant à la longue et redondant par ses situations toujours un peu téléphonées, mais d'une fin qui retrouve un élan magistral. Mais, quelle incorrigible insatisfaite suis-je pour m'exprimer ainsi, rassurez-vous, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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