Un glouton!
Je n'en n'avais jamais vu. Quand je venais de fêter mes huit ans, mon grand-père m'avait raconté sa mésaventure avec un féroce glouton.
- Angie, c'est une vraie sale bête, une vraie, vraie, sale bête que le glouton. Si tu regardes la taille - on dirait juste un gros chien -, tu te dis que tu préfères te retrouver nez à nez avec ça plutôt qu'un ours, eh bien, je ne suis pas sûr qu'on gagne au change. Le glouton, il est plus petit, mais cent fois plus teigneux. Un jour, j'avais tiré un lapin, mais je l'avais perdu dans les taillis. Quand je l'ai trouvé, un glouton le tenait dans sa gueule. Est-ce que tu crois qu'il a fui? Il m'a regardé bien en face, avec de la colère dans les yeux...
(...)
Donc, je te disais, il m'a fixé, mais quand je te dis en colère, ce n'est pas tout à fait ça. Avec rage. Il était ramassé pour bondir, alors même qu'il avait toute la place pour ficher le camp. Mais il voulait me dire, avec ces yeux-là : Mon gars, ce lapin, il est à moi et je m'en balance que tu l'aies tiré. Viens le prendre, viens, tu vas te faire déchiqueter.
(...)
J'ai mis les bouts parce que cette damnée bestiole m'a fait peur.
pp.36-38