J'ai commencé Si j'avais un perroquet, je l'appellerais Jean-Guy, en pensant avoir affaire à une comédie romantique, légère et rapide à lire. Eh bien non !
La lecture a été rapide, oui, mais pas toujours légère, malgré l'humour de l'autrice. Et comme vous allez pouvoir le constater, on aurait tort de la résumer à une romance.
D'aucuns se sont plaints de la narration qui n'a ni queue ni tête, et c'est vrai que je me suis souvent demandé où l'autrice voulait en venir. Mais, si on prend les choses autrement, si on considère ce roman davantage comme un drame, on est à même de comprendre que c'est la vie qui nous est décrite ici, avec ses hauts et ses bas. Peu à peu, Catherine dévoile son quotidien, ce qui la hante et ce qu'elle espère ; peu à peu, on la voit qui évolue, clôt certains chapitres et en ouvre d'autres.
Catherine est un personnage hors-norme. Elle a un humour ravageur, un cynisme à toute épreuve, est d'une crudité qui vous fait suffoquer mais elle est aussi très humaine, touchante par son vécu et dans les combats qu'elle choisit, aussi bête que soi quand on fait de mauvais choix. On n'a qu'une envie : c'est qu'elle retrouve l'équilibre qu'elle a perdu, car finalement, sur les sentiments, elle reste assez pudique.
La narration, assez décousue, surtout au début du livre, est à l'image des pensées : tantôt la narratrice est dans son sujet, tantôt elle s'en éloigne. La nature même de ses propos s'assimile au contenu sans filtre des pensées : Catherine nous dit tout, et même assez crûment. J'ai apprécié ce travail sur le style, qui en rebutera probablement certains, car il propose une idée réaliste de ce qui se passe dans la tête de quelqu'un et cela semble plus approprié au discours intérieur d'un narrateur qu'une histoire racontée de manière chronologique. Par ailleurs, il offre de nombreuses ouvertures, vers différents registres, différents thèmes : soudain, on explose de rire, au tournant d'un trait d'humour, ou on se retrouve la gorge aussi serrée que la narratrice quand elle décrit une situation insupportable avec des mots aussi rudes que cette dernière.
C'est un roman plein d'énergie et positif, qui raconte la vie comme elle est. L'héroïne est un exutoire à pas mal de frustrations tout en servant d'exemple à bien des niveaux. Je le recommande aux tristes et aux apathiques, en guise de thérapie, aux joyeux et aux dynamiques, parce qu'ils n'y perdront rien. Quant aux psychorigides de la narration strictement linéaire, passez votre chemin, pour votre bien et celui de l'art : le travail opéré sur le style par l'autrice mérite d'être loué et non critiqué.
Son histoire, comme dans la vie, n'a ni queue ni tête, le meilleur côtoie le pire, le trivial côtoie le sublime. Et pourtant, on y trouve son compte, car, parmi tous les évènements qu'elle traverse, Catherine avance, et le lecteur aussi.
Lien :
https://lacuriositheque.blog..