L'affaire Landru a fasciné et horrifié la France de l'entre-deux guerres.
Henri Désiré Landru, marié et père de famille, est un personnage sombre, dont la verve et sans doute ses talents d'amant lui ont servi d'armes pour escroquer des femmes riches, veuves ou divorcées. Par le biais d'annonces matrimoniales passées dans le journal, il rencontrait des femmes, les charmait, les emmenait à la campagne dans une demeure isolée, à Vernouillet ou à Gambais, puis les tuait avant de récupérer leurs biens, argent, meubles, vêtements et papiers. Pas moins de 11 personnes disparaîtront en 4 ans. Il fut arrêté grâce à l'inquiétude des familles des disparus, qui recoupèrent les informations données par les futures victimes. Landru utilisait des noms d'emprunt à chaque fois. Il était méticuleux et discret. En décembre 1914, il loue une villa à Vernouillet. Ici, 4 personnes disparaissent : Jeanne Cruchet une veuve de 39 ans et son fils André 17 ans, Thérèse Labord-Line une veuve de 46 ans et Désirée Guillin, 52 ans. En décembre 1915, Landru loue ensuite la villa de Gambais. 7 femmes y périront. Mme Heon à 55 ans, Anna Collomb, Andrée Babelay à 19 ans seulement, Céléstine Buisson, Louise Jaume une divorcée de 35 ans, Anne-Marie Pascal et Marie-Thérèse Marchadier.
Mais attention. Dans cette BD, le récit de
Chaboute nous propose une alternative à l'histoire réelle. Avec son trait noir et franc, il nous plonge dans l'univers sordide du tueur en série. Seulement dans cette histoire là, Landru est transformé en victime. Il n'est plus le bénéficiaire de ses meurtres. On l'oblige à les commettre. Un couple d'intrus se sert de lui pour s'enrichir. Landru est un appât, un pantin, qui agit pour préserver sa propre famille.
Chaboute transforme l'histoire en fiction, tout en brodant une intrigue réaliste, rajoutant au malsain qui entoure ce personnage tourmenté. Encore une fois, l'auteur-dessinateur illustre la noirceur de l'âme humaine, ce qu'elle a de plus sale et déplaisant. Et
Chaboute nous offre un dénouement audacieux et stupéfiant, que je vous laisserai bien sur découvrir par vous-même.