Mort à vie

Roman noir, thriller psychologique ou comment une vie peut basculer en une demi seconde. le temps de chercher un briquet au volant d'une voiture par exemple...
Tranches de vie imbriquées les unes dans les autres, personnages un peu en poupées gigognes, chapitres courts, paragraphes courts, phrases courtes, une plume concise, affûtée, efficace. Pas de chichi, pas de mot en trop et pourtant Cédric Cham nous embraque direct dans l'ambiance, jusqu'au moindre détail.
Il m'a tout de même manqué un petit truc. J'ai eu une impression de fouillis, de pièces de puzzle manquantes, ou d'autres en trop. J'aurai aimé que le lien directeur entre les personnages soit plus mis en valeur, il y a des chapitres pas très pertinents (comme l'histoire d'Amir et Idris, on n'en avait pas besoin).
Malgré tout, j'ai passé un bon moment.

Derrière les murs
Deux frères : Lukas, bien dans sa peau, marié, une petite fille, cadre dans une PME, une vie tranquille ; Eddy, mauvaises fréquentations, le gars qui ne fait que des mauvais choix… Un jour, Eddy a un accident : il renverse un gamin qui allait à l'école… au volant de la voiture de son frère… et il prend la fuite. Pour de (très) mauvaises raisons, Lukas décide de le couvrir, et d'endosser la responsabilité de l'accident. Evidemment, le délit de fuite n'arrange rien, surtout que le petit garçon n'a pas survécu à ses blessures. Alors Lukas file directement en prison, sans passer par la case départ, pour huit mois de préventive… Désormais il sera le numéro 52641, celui de son écrou. Une cellule sordide, à partager avec deux autres détenus, des règles à apprendre, des codes à respecter, et la violence omniprésente… Lukas ignorait tout du monde carcéral, et le voici propulsé dans un univers à des années lumière du sien…
Cédric Cham ne fait pas dans la dentelle : dès les premières pages, le lecteur est happé par son écriture nerveuse au service d'une intrigue bien construite. de courts chapitres mettent en place une intrigue implacable, d'une totale noirceur. Que se soit en dehors ou dans les murs, peu d'espoir… La longue descente aux enfers de Lukas et de Eddy ne nous laisse pas indifférents, même si j'ai eu du mal à comprendre Lukas qui fait passer son frère avant sa femme et sa fille… Au fil des pages, la tension monte… jusqu'à l'inéluctable.
Du noir très bien écrit, qui ne laisse aucun répit au lecteur.
Poignant.

Un matin. Lukad est arrêté et mis en garde à vue pour homicide involontaire.

Sauf que Lukas n'a rien fait ! Par amour pour son frère Eddy, déjà connu des services de police, il va avouer et sacrifier sa vie de famille...

Dès lors, il ne sera plus que le numéro 52641. Pour survivre, il va devoir apprendre les codes de la prison.

Pendant ce temps là, Eddy va continuer à faire ses petits trafics... Mais jusqu'où ?

C'est étouffant comme cette cellule de 9 m2... On y découvre la réalité de ce qui se passe en prison. de l'emprisonnement physique mais aussi psychologique.

Des codes de survie, des animosités mais aussi des amitiés qui peuvent se créer malgré ce milieu hostile. de la transformation de Lukas car personne ne sort indemne d'un séjour carcéral.

On découvre le sacrifice d'un homme pour son frère qu'il aime plus que sa femme et sa fille. On découvre aussi le désarroi d'une mère et d'un père face à la mort de leur fils.

C'est un roman dur, réaliste. Personne n'est à l'abri.

Un roman qui amène à se poser la question suivante : jusqu'où seriez vous prêt à aller par amour quel qu'il soit ?

Merci @lerestolitteraire et @jigalpolar pour m'avoir permis de découvrir la plume acerbe de Cédric Cham 🥰