Citations sur Une anthologie de la poésie féminine : Quand les femmes p.. (54)
La chambre; Marceline Desbordes-Valmore
Ma deleure est haute,
donnant sur les cieux;
La lune en est l'hôte,
pâle et sérieux:
en b
Andrée Chedid, L’espérance
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du coeur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur
Renée Vivien, Lucidité
Tu mens comme l’on aime, et, sous ta douceur feinte,
On sent le rampement du reptile attentif.
Au fond de l’ombre, telle une mer sans récif,
Les tombeaux sont encor moins impurs que ta couche.
Ô Femme ! Je le sais, mais j’ai soif de ta bouche !
Marguerite Burnat-Provins, Le Livre pour toi
Et cette nuit, passive et nue, n’étais-je pas une reine sous la couronne vivante de tes doigts refermés ?
Louisa Siefert, Bataille perdue
(…) Au fond, ce qui domine en moi, c’est le dégoût,
C’est l’ennui, c’est la lassitude.
Le curieux vivait pour vivre jusqu’au bout :
Je ne vis que par habitude.
Marceline Desbordes-Valmore, Élégie
L’âme doit courir,
Aimer et mourir.
Car pour nos amours
La vie est rapide,
Car pour nos amours
Elle a peu de jours.
Marceline Desbordes-Valmore, Les Séparés
N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon coeur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !
N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi, si je t’aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas !
N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !
N’écris pas ces doux mots que je n’ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon coeur.
N’écris pas !
Marceline Desbordes-Valmore, Qu'en avez-vous fait ?
Vous aviez mon coeur,
Moi, j’avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur ;
Bonheur pour bonheur !
Le vôtre est rendu ;
Je n’en ai plus d’autre,
Le vôtre est rendu
Le mien est perdu.
Christine de Pisan
Source de pleur, rivière de tristesse,
Flux de douleur, mer d’amertume pleine,
M’environnent, et noient en grande peine
Mon pauvre coeur qui sent trop sa détresse.
Anonyme
Ici s’achève ma chanson
pour moi toute joie est finie,
car j’ai — plantée dedans mon corps,
et fichée au fond de mon coeur —
une racine
que nul ne peut déraciner.
Amour m’a prise en haine cruelle
parce que j’aime
et j’ai bu du breuvage amer
dont but un jour Iseut la reine.