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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce soir-là, les choses avaient mal tournées pour Victor, pour son père et pour Alphonse, son frère. Alors qu'ils tentaient d'extorquer l'argent d'un riche bourgeois au sortir d'une auberge, Alphonse n'avait rien trouvé de mieux que de l'égorger afin qu'il cesse de se débattre. Les gendarmes avaient tôt fait de les appréhender. S'en étaient suivis un procès, un jugement et une condamnation de neuf ans aux travaux forcés pour Victor. Autrement dit en 1868, l'exil au bagne de Nouvelle Calédonie, un voyage dont on ne revenait pratiquement jamais.
« Les enchaînés » est le récit tragique d'un jeune homme qui souhaitait être cordonnier afin d'échapper à sa condition misérable mais que le sort rattrape. Franck Chanloup raconte avec brio cette époque où la justice était implacable, où elle était l'antichambre d'une injustice assassine, celle du bagne et de son personnel encadrant, qui ne valait bien souvent pas mieux que la plupart des détenus.
Ecrit comme un journal, le roman de Franck Chanloup mélange fiction et roman historique. le récit est clair et concis, la lecture n'en est que plus fluide.
« Les enchaînés » est un très bon roman, d'honnête facture, un voyage en enfer sur une île paradisiaque.
Editions Pacifique Au vent des îles, 222 pages.
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Qui sont ces enchaînés en couverture du roman ?
L'auteur situe son récit en 1868, d'abord dans la Sarthe, et donne un aperçu des identités de ces prisonniers et de leurs délits, époque où l'on risque la guillotine.

Il n'épargne pas notre sensibilité quand il relate avec moult détails le forfait d'un trio, constitué du père et de deux fils: une famille dans le besoin qui a détroussé un bourgeois. Vite arrêtés.
On découvre leurs conditions de logement spartiates, tous entassés dans la même pièce.
Le père va mentir et s'accuse du crime pour sauver le fils qui a une famille à charge, ce qui le mène à un châtiment expéditif.

Présenté comme un journal, ce récit rend compte de la justice rendue, des châtiments corporels.
Victor,à peine 16 ans, qui n'a pas de sang sur les mains, a été toutefois complice et va écoper d'une lourde peine. Illettré, il a quand même pu déchiffrer les mots : «  réhabiliter, civiliser, produire »...
On suit les étapes du transfert depuis la prison du Mans, leurs nuits dans des granges, sur la paille, avant la prison de Toulon. C'est à Aix-en-Provence, au détour d'une pente qu'il distingue « une grande étendue bleue », ce qui convoque les paroles de son père : «  Tu verras, la mer, c'est immense, c'est comme si tes yeux ne pouvaient pas tout voir d'un coup. C'est infini ,ça sent fort, et quand ça se met en colère, ça dépasse toutes les fureurs ».


Là, ils ignorent quel sera leur sort, leur destination de bagne et la durée. Pour certains la Guyane pour d'autres la Nouvelle Calédonie.
Ils se retrouvent enchaînés avec un compagnon censé les instruire. On leur rappelle le règlement.Leur gardien Lapierre est un dur à qui il faut mieux obéir. « La punition mène à la rédemption... » La répression est implacable, les ( «  cachots pleins »). Les coups de matraque pleuvent, les détenus sont bastonnés par les gardes qui n'hésitent pas à utiliser le fouet. Tension. Beaucoup de violence : « ça craque, ça suinte, ça cogne, ça pue le sang et la boucherie ».

Le lecteur peut être écoeuré par les odeurs pestilentielles (de pourriture, de vomi, de vermine, d'urine…), relents d'ail, de vin, mais ainsi l'auteur réussit à rendre compte des conditions de vie exécrables, durant le transport des condamnés jusqu'aux geôles de Toulon. Les vêtements fournis sont sales ( «  chemise de toile blanche crasseuse au col et sous les bras »). Ils connaissent les privations ( pain noir rassis, eau croupie), les piqûres de moustiques, la morsure du froid, du gel en hiver…


Les condamnés doivent supporter un boucan d'enfer dont le lugubre cliquetis de chaînes.
Quand Victor, matricule 337, écope de la tâche de nettoyer la frégate prison, la Danaé, avant que celle-ci appareille, on imagine la puanteur des corps avec la promiscuité, l'atmosphère putride.
Situation qui rappelle celle des esclaves entassés dans la cale d'un bateau, relatée par Wilfried N'Sondé dans Un océan deux mers, trois continents. Les hommes ont connu la même abjection humaine, les mêmes scènes de cruauté, d'humiliation.

Une fois avisé de sa destination(Nouméa),Victor tente d'obtenir des renseignements sur ce bagne .

C'est seulement en mars 1872 qu'il embarque dans les soutes de la Danaé, «  bateau cage », n'ayant pas pu bénéficier d'une amnistie ( malgré « l'appui de Victor Hugo »).
Beaucoup de malades à cause du roulis. Ils croisent des dauphins qui fendent l'eau à une vitesse ahurissante, les observent penchés au bastingage , mais les gardes interviennent, l'insurgé est molesté. Dix jours de traversée, même routine, ils tendent des hamacs pour dormir. Dans la journée, ils ont droit à un moment de promenade, chantent mais ils sont vite réprimés par les gardiens. Les corps souffrent, portent les stigmates des coups reçus, d'autres sont jetés par-dessus bord.
Martin relate son odyssée, sa propre descente aux enfers.
Les bagnards apprécient l'escale de Gorée où on leur sert des fruits frais, le soir.
A Nouméa les bagnards, travaillant sous un soleil de plomb, portent le chapeau de paille.
Des projets d'évasion se fomentent. Laissons le suspense.
Quant à Victor, pourra-t-il réaliser son rêve de devenir cordonnier ?
Sa solitude , «  lui qui dit ne compter pour personne », malgré une fraternité tissée avec Leo, suscite l'empathie.


Franck Chanloup adapte son vocabulaire, utilise un registre souvent argotique pour coller au mieux à ses personnages peu instruits : «  les douilles, les esgourdes,les crayons pour les cheveux, les roubignolles », « villebrequins », ou des expressions comme « être choisi pour la guirlande » ( ce qui est le cas pour Victor, sur ordre de Lapierre) ou encore«  mézigue ».

A l'approche de Nouméa, il décrit des paysages qui font en général rêver ainsi que les fantasmes que Victor associe au mot « mer » : « des chapelets d'îlots, variantes de bleu, palmiers majestueux », et plage d'un blanc éblouissant .

En toile de fond, l'auteur rappelle la situation politique de l'époque , à savoir les Prussiens aux portes de Paris, « Versailles devenu le nouveau siège du gouvernement » ( barricades, soulèvement populaire). Seuls les bagnes des colonies subsistent. le camp de Toulon doit fermer. Il dresse aussi le portrait de bien d'autres détenus dont des communards, évoquant les liens tissés entre eux.


Franck Chanloup livre un témoignage, un récit mémoriel et sensoriel précis de la vie des bagnards, met en scène un univers principalement masculin qui rappelle celui de Mingarelli .
L'auteur, lecteur de Boudard, étonne par sa maîtrise pour un premier roman, mais beaucoup le connaissent par son blog littéraire, sous «  francksbooks » et ont déjà pu apprécier sa plume.


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Depuis quelques années, Franck Chanloup sévit sur la blogosphère avec ses chroniques pertinentes qui sont des véritables sources d'inspiration pour moi. de par son thème, si ce n'avait pas été le premier roman d'un ami blogueur, je ne crois pas que j'aurais tenter cette lecture. Mais étant fan de son travail, je voulais être aux premières loges pour assister à son passage de « l'autre côté » !

Pour tout vous dire, je suis ravi de l'avoir fait ! Dès les premières pages, on s'aperçoit que l'auteur a un style littéraire bien à lui. En se plaçant dans la tête de son narrateur, illettré et miséreux, il adapte sa manière de raconter. Ce dialogue intérieur est un savant mélange d'écriture exigeante et de mots d'argot. Grâce à cette prose authentique, il nous emporte dans le monde pathétique de Victor. On suit ses mésaventures faites d'emprisonnements, de travaux forcés et de tortures.

La grande qualité de ce roman réside dans sa capacité à incarner l'atmosphère qui règne dans ces lieux sordides. le lecteur est plongé au milieu des odeurs, de la crasse, des souffrances, du sang, des larmes et en discerne les moindres nuances. Ressentant toutes ses sensations, il vit les déboires du personnage principal à ses côtés, entre en empathie avec lui et s'attache à son destin.

« Les enchaînés » est un récit âpre qui pousse l'âme humaine dans ses retranchements et nous fait découvrir une page inconnue de notre Histoire. Dans ses propres lectures, Franck Chanloup a toujours eu un faible pour les personnages approfondis, pour les romans avec du fond et pour les belles écritures. Avec une maîtrise impressionnante pour un primo romancier, il a su projeter toutes ces qualités dans son nouveau rôle. le pas est franchi avec succès. Il est donc devenu l'écrivain qu'il aurait aimé chroniquer et pour ça, je lui tire mon chapeau ! Vivement le prochain l'ami !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Il fut un temps – et celui-ci n'est pas si lointain – où, en France, vous pouviez vous retrouver en prison pour "vagabondage". Dans cette prison, il n'était pas rare que vous ayez à faire à des garde-chiourmes injustes, brutaux et corrompus, qui avaient l'art et la manière de vous pousser à bout et la justice, impitoyable, avait tendance à attendre de vous que vous prouviez votre innocence, plutôt que de tenter de prouver votre culpabilité. Face à cette incurie, pour peu que vous eussiez un peu d'orgueil et que vous vous rebelliez, vous finissiez très vite au bagne, qui, par le biais du "doublage", devenait mécaniquement une peine de travaux forcés et/ou de relégation à perpétuité dès lors qu'elle dépassait 8 ans, ce qui arrivait très rapidement. Cette histoire est par exemple celle de Paul Roussenq, devenu le bagnard le plus incorrigible des îles du Salut alors qu'il n'était à l'origine qu'un vagabond vaguement anar et insoumis, mais surtout totalement inoffensif.
Ce monde qui entache à jamais de honte et d'opprobre le second Empire, puis la troisième république française, Franck Chanloup le fait revivre à travers ce premier roman paradoxal, à la fois intimiste et pudique, tout en étant un road trip effrayant et un formidable cri de haine contre l'injustice et les mauvais traitements infligés à des hommes par d'autres hommes.
Ça commence fort, par l'histoire d'une famille de miséreux comme il y en avait tant au XIXe siècle, poussés au crime par la pauvreté et la faim, mais aussi par l'étalage obscène de la richesse des autres, des bourgeois, ceux qui suscitent la haine des damnés de la terre, et l'on devrait s'en souvenir alors que notre société devient à nouveau de plus en plus inégalitaire. Il y a du "Les Misérables" de Hugo dans la famille de ce Victor-là, mais il y a aussi un peu des gueux De Maupassant, et c'est déjà poignant.
Puis, c'est la descente aux enfers. le ventre mou de l'histoire se trouve à mon avis au milieu du séjour au bagne de Toulon, où le récit se fait plus factuel et commence à tenir de la chronique. le rythme revient cependant avec l'arrivée de Léopold Lebeau, le bien nommé, le communard, l'incorrigible (il y a du Roussenq dans son attitude de défi), l'intello, admiré, monté au pinacle, et aimé aussi, par notre jeune et naïf héros.
Jusqu'à la fin, ce rythme ne fera plus défaut, et l'on rougira plus d'une fois de honte face au comportement inqualifiable mais hélas parfaitement documenté des geôliers ignobles et corrompus de la pénitentiaire et de leurs auxiliaires canaques. On retrouvera la triste réalité des témoignages croisés d'Albert Londres, Paul Roussenq, René Belbenoît ou Eugène Dieudonné, même si ceux-ci concernent davantage le bagne de la Guyane, mais visiblement, celui de "la Nouvelle", près de Nouméa, n'avait pas grand-chose à lui envier, et je fais confiance à l'auteur là-dessus car il semble s'être bien renseigné sur le sujet.
Un petit regret peut-être sur le manichéisme, car tous les survivants du bagne sont d'accord pour dire qu'heureusement, quelques gardiens intègres et humains sauvaient parfois la situation et faisaient seuls la différence entre le bagne et Auschwitz ou Buchenwald. Point de cela ici : les garde-chiourmes sont tous des ordures et il n'y en a pas un pour racheter l'autre.
C'est donc fort logiquement que l'on suit nos héros jusqu'à leur tentative d'évasion, car comme le disait très bien un bagnard, je crois que c'est Dieudonné : "l'évasion était la seule solution pour les bagnards sains d'esprit, et les gardiens le savaient".
Parce que ce système ignoble et inhumain, loin d'amender les délinquants, ne faisait que les corrompre davantage, et même à l'époque, il fallait être bien aveugle pour ne pas le voir. Une question qui, plus de 100 ans plus tard, est loin d'avoir perdu sa modernité, à l'heure où notre système carcéral, même s'il a heureusement fait quelques progrès, est régulièrement pointé du doigt par Amnesty International, par l'ONU et même par l'Union européenne.
La question reste primordiale, en effet : que veut-on faire avec nos délinquants ? Les réinsérer, ou juste les sanctionner et les exclure ?
Ce roman peut aider à répondre à cette question. D'une écriture claire, simple et sans fioritures car elle est la voix à la première personne d'un jeune homme sans instruction, né au mauvais endroit au mauvais moment, Franck Chanloup, dans ce premier roman prometteur, rend justice à Victor, ce damné de la terre né pauvre et inverti, qui n'en est pas moins un être humain, et qui ne méritait pas cela.
Merci aux éditions Au vent des îles pour cette lecture. Un éditeur qui a le mérite de faire vivre les coutumes et la mémoire de nos terres d'outre-mer si lointaines et si paradoxales, qui nous font si souvent rêver, mais où nous avons si souvent exporté le cauchemar.
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"Francksbooks", je connaissais pour être abonnée à ce blog et apprécier d'en lire les chroniques. Je ne savais pas en revanche que derrière ce pseudonyme se cachait Franck Chanloup, romancier. Lorsqu'il m'a proposé la lecture de son premier ouvrage "Les enchaînés", j'ai accepté. Découvrir un nouvel auteur et…une maison d'édition, ça me plaisait.

Un nouvel auteur, donc, mais aussi une maison d'édition, qui plus est ultra-marine. Son nom, magnifique, "Au vent des îles" était prometteur de voyage. Il fut beau malgré l'histoire plutôt triste. La couverture l'est quelque peu aussi qui pourtant avec sa couleur sépia et ses personnages d'un autre âge, traduit parfaitement l'époque et le sujet traités. Triste, disais-je, que la vie de Victor, seize ans. Nous sommes en 1868 et il se retrouve accusé d'un meurtre commis par son grand frère. Il fait partie d'une pauvre famille de petits truands habitués aux maraudages sans importance jusqu'au jour où le pire arrive. Victor est condamné à neuf ans de bagne. Il se retrouve à la prison du Mans, est transféré au bagne de Toulon puis quelques mois plus tard vers celui de Nouvelle Calédonie.

"Equarquille tes esgourdes, Victor. Au moindre mouvement tu siffles, compris ?
Le vieux me fait face, sa peau est luisante ; ses yeux, deux petits orifices sombres qui me fixent".

Une écriture de facture classique, simple mais précise, parsemée de mots vieillis, voire argotiques, rend la lecture à la fois limpide et plaisante. Malgré cela, rien ne nous est épargné des atrocités endurées par les prisonniers, du manque de nourriture, du froid qui règne dans les geôles, des vêtements plus souvent proches de haillons, de la cruauté des gardiens et gradés. Impossible de ne pas s'attacher à ce Victor, encore presqu'enfant qui, la nuit, pense aux outils qui lui seraient nécessaires, il veut être cordonnier : "une paire de pinces à trois francs, un marteau à deux francs, deux tranchets à un franc…", impossible de ne pas souffrir avec lui et ses comparses, de ne pas rougir du sort qui leur est réservé, inhumain au-delà de toute limite.
L'auteur est bien documenté qui nous conte les jours par le menu, relate la Commune de Paris, narre l'arrivée des communards au bagne, le voyage vers Nouméa, long et difficile, hommes ferrés, parqués dans des cages en fond de cale, la vie sur l'île. le rythme pour lent qu'il est au départ s'accélère vers la fin et entraîne le lecteur au pas de course, haletant, jusqu'à une fin de laquelle, naturellement, je ne vous dirai rien.

J'ai beaucoup aimé ce roman, réquisitoire contre une période noire de notre Histoire – une de plus – et véritable outil de mémoire.

Lien : https://memo-emoi.fr
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l'histoire se déroule entre 1868 et 1873, en France, puis en Nouvelle Calédonie. Victor, suite à braquage familial perpétré avec son frère Alphonse et son père est condamné à 9 ans de réclusion criminelle qu'il effectue, au Mans, puis à Toulon et enfin au bagne de la nouvelle près de Nouméa. Les terribles conditions de détention sont abondamment illustrées par les sévices administrés par des gardiens impitoyables et frappent aussi bien les communards que les prisonniers de droit commun. Aussi effroyable soit-elle, c'est une aventure humaine qui est bien mise en perspective et nous permet de revisiter les règles carcérales du bagne à cette époque.
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Attention : ça cogne fort dans ce roman. Les surveillants font régner l'ordre à coup de bâtons, violemment. Et l'auteur me l'a bien fait sentir. J'en étais presque meurtrie….

Tous est prétexte à humiliation, car les bagnards ne sont que des rebuts de la société de la fin du second Empire.

J'ai aimé la toile de fond historique : la Commune de Paris, la chute du second Empire.

Je n'ai compris que tardivement le lien qui se crée entre Victor et Léo (l'auteur n'insiste pas tellement sur ce point). Son propos est ailleurs : nous donner à lire les conditions de détention des bagnards.

Une plongée dans cet enfer où la moindre loque sert de vêtements ; où tout est prétexte à vexation ; où la seule façon de sauver sa vie est de garder la tête basse et de ne pas se faire remarquer.

Un roman plein d'odeurs fortes (vomis, défécations) et de crasse, de puanteurs et de désespoirs.

Toutefois, c'est un roman de colon blanc qui laisse peu de place aux Canaques (j'en attendais plus sur ce point).

Et puis l'auteur décrit la rivalité entre le commandant du bagne de Toulon et Léo. Sauf qu'une fois à Nouméa, on n'en entend plus parler. Dommage, j'aurais aimé savoir ce qu'il se passait du côté du bagne des Communards à Nouméa.

J'ai eu un peu de mal au début de ma lecture avec l'argot de ce garçon de 16 ans. Et puis j'ai fini par m'y faire.

Une fin ouverte qui n'est pas pour me déplaire.

Un roman passionnant sur le bagne vécue de l'intérieur.

L'image que je retiendrai :

Celle des Communards enfermés et qui espèrent être libérés rapidement, sans comprendre où ils sont.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
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Pour ma toute première lecture d'octobre j'ai choisi un roman tragique, un livre qui sonne un peu comme un journal : celui d'un jeune bagnard.
C'est un voyage en enfer que vit le jeune Victor alors qu'il se rêvait cordonnier pour échapper à sa misérable condition. La plume et le vocabulaire de Franck Chanloup nous éclaboussent de cette misère, de cette saleté, de cette violence. Nous ressentons les coups, les injustices, mais aussi la jeunesse, la naïveté et l'espoir qui animent le jeune Victor.
On s'attache à lui et on est révolté par ces gardiens, ces directeurs qui au final ne valaient, bien souvent, pas mieux que les prisonniers 😠et abusaient trop souvent de leurs prérogatives.
Malgré une fin un peu trop rapide à mon goût, ce roman marque les esprits en nous faisant vivre parmi ces prisonniers et découvrir un pan d'histoire méconnue
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Les enchaînés, un roman aux dénonciations fortes qui ne vous laissera sûrement pas indifférent-e.

Les enchaînés c'est l'histoire de Victor, un adolescent envoyé au bagne pour un crime qu'il n'a pas commis. Délaissé par sa famille et emmené loin de ses proches pour purger sa peine il va devoir faire face au dur labeur, à l'horreur du bagne.
Confronté à la torture, à l'assassinat et à la misère, réussira-t-il à sortir vivant du bagne et à réaliser son rêve qui lui a été enlevé ?


Ce roman dénonce la violence dont sont victimes les prisonniers. En effet, Franck Chanloup transmet la condition de prisonnier en ayant recours à une écriture extrêmement détaillée en ce qui concerne les odeurs, les textures et immondices caractéristiques des bagnes.

Victor est un personnage qui va avoir une évolution marquante au fil du roman, il passe d'un garçon animé par la peur et l'angoisse, incapable d'affirmer ses valeurs et idées, à un garçon affranchi en se libérant de ses chaînes.
Victor va doucement s'émanciper de son appartenance sociale et de ses idéaux politiques, notamment grâce à Léopold, un communard.


Léopold lui est en tout point son opposé. Il est journaliste, c'est un leader qui n'a pas peur de s'imposer et qui agit en héros. Ses connaissances et sa force vont aider Victor dans sa quête de liberté. Les deux jeunes hommes vont également entretenir une relation amoureuse sincère, ce qui ramène un point de lumière dans l'obscurité et la froideur du bagne. Par ailleurs, leur relation est un signe d'espoir pour leur futur qui se voie entravé.

Les enchaînés inculpe la France du 19ème en exposant aux yeux de tous
l'immortalité et l'inhumanité du système judiciaire et carcéral de l'époque.

La lecture de ce roman a été pour moi difficile au début, néanmoins, le récit est tellement maitrisé qu'il a su me happer et me tenir en haleine jusqu'à la fin. Etant le premier roman de l'auteur, il faut saluer son aisance à mêler le récit à sa dimension plus historique.
L'auteur semble avoir fait un réel travail de documentation, habitant lui-même en Nouvelle-Calédonie, nous comprenons aisément la volonté de faire passer son message et de faire connaître une partie de l'histoire que nous avons oubliée.


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