Citations sur Correspondance (1951-1954) : René Char / Nicolas de Staël (5)
Ménerbes, 12 mai 1954
Cher vieux,
Donne de tes nouvelles. Il y a toujours un drame de ne pouvoir penser à soi-même avant de penser aux autres. Gardera-t-on assez de force pour tout le monde? Es-tu debout?
Je t'embrasse.
Nicolas
Rien de plus violent que la douceur.
12 juin 1952
“Il faut que tu me pardonnes, je suis à fond de cale avec le tout en question, à chaque instant. (...) Le cassé-bleu c'est absolument merveilleux, au bout d'un moment la mer est rouge, le ciel jaune et les sables violets, et puis cela revient à la carte postale de bazar, mais ce bazar-là et cette carte, je veux bien m'en imprégner jusqu'au jour de ma mort.”
Le « cassé-bleu », c’est absolument merveilleux, au bout d’un moment la mer est rouge, le ciel jaune et les sables violets (…), je veux bien m’en imprégner jusqu’au jour de ma mort. Sans blague, c’est unique René. Il y a tout là. Après on est différent.
Le travail va par à-coups, de la terreur lente aux éclairs. Je mettrai des années à faire claquer au vent ta Provence, ce n'est pas simple et physiquement je me sens dans un carcan d'acier. Seul Lucien est gentil pour moi. Mais c'est bon l'hostilité, imaginaire ou pas, j'ai toujours eu besoin d'une bonne contradiction pour peindre librement.