Inconditionnelles

Je suis passée totalement à côté de cette lecture.

Des histoires de disparition-d'agressions d'enfants, il y en a des tas, et c'est parfois difficile de les faire ressortir du lot. C'est le problème ici : l'histoire est traitée de façon un peu trop conventionnelle et banale.

Une forme de roman policier traditionnel avec l'enquêtrice qui mène l'enquête. Et la voix des trois mères qui s'alternent mais n'apportent finalement pas grand-chose.

L'enquête est longue et ennuyeuse, elle peine à se mettre en place, et pendant très longtemps, on reste au point mort "l'agresseur est mort, mais l'affaire n'est pas finie, sans doute que quelqu'un d'autre est impliqué..."

Eh bien, très étonnant comme déroulement. Même si objectivement, le récit est plutôt bien construit. Mais tellement lisse et convenu...

Et finalement, on voit arriver le coupable et...c'est une déception.


Les enfants, c'est toujours un sujet sensible, et c'est bien dommage de devoir à ce point diaboliser les personnes qui s'en prennent à eux. Pas de nuance, aucun éclairement sur la psychologie du bourreau. C'est juste un pédophile monstrueux, qui est juste horrible et sans remords. Pourquoi il est comme ça ? Qu'est-ce qui peut lui passer par la tête ? Et son comportement est juste ridicule et très comparable aux méchants psychopathes des films : il est dans la provocation, il se trahit de façon stupide en avouant une chose qu'il n'était pas censé savoir, il se met à tout avouer... Mouais, bof, difficilement crédible ce genre de "méchants" et ça ne reflète pas la complexité du sujet.

Inconditionnelles débute par une enquête qui s'achève dans la confusion et la perplexité. Trois fillettes disparues, séquestrées et violentées sont retrouvées et leur tortionnaire abattu pendant l'assaut. Rapidement, Silke la capitaine de police chargée de l'affaire, doute que l'homme éliminé sur les lieux soit le principal instigateur et qu'il n'a été qu'un pion au service du véritable monstre. Une histoire à l'ambiance aussi pesante qu'oppressante, portée par quatre femmes aux personnalités complètement différentes mais qui pourtant ont toutes un objectif commun, comprendre et découvrir la vérité. Par le biais de chapitres courts et intenses, le récit alterne le point de vue des mères, meurtries par l'enlèvement de leurs fillettes et celui de policiers enclins au doute et qui tergiversent pour clore l'enquête. le rythme est quelque peu inégal, mêlant opportunément les thèmes de l'éthique et de la morale, de l'amour inconditionnel et sans réserves d'une mère à celui de la vengeance et de la résilience face au pire des cauchemars. le suspense est parfaitement dosé, le récit bien construit dans un style irréprochable mais, on est plus dans une romance dramatique, voir une étude comportemental que dans un véritable thriller. Si la lecture est intéressante, elle est en revanche peu prenante. L'enquête policière n'est qu'une justification pour développer en profondeur ces portraits de femmes éprouvées par un destin funeste et explorer leurs sentiments et leur conscience. Par rapport à ses deux précédents ouvrages, par ailleurs excellents, Marlène Charine a radicalement changé de genre et même si son roman est loin d'être déplaisant, il ne répond pas à l'attente suscitée par la présentation de l'éditeur qui se révèle en l'occurrence des plus inadéquate. Inconditionnelles ravira certainement les amateurs de drames psychologiques et sociétaux mais, laissera perplexes ceux que Tombent les anges ou le projet Alice avait passionnés.