Un beau matin d'été

Les kidnappers n’ont rien à perdre. Le seul fait d’enlever quelqu’un les rend automatiquement passibles de la peine de mort. Ils n’hésiteraient donc pas à le tuer et à décamper ensuite.

Il ne connaît pas sa force. Il prend ce qu’il désire… brutalement… merveilleusement.

Elle savait qu’elle ne rajeunissait pas, et qu’elle s’empâtait. En examinant son visage chaque matin dans la glace, elle se désespérait de le voir se faner. Kramer, lui, à soixante ans était encore vigoureux et porté sur la bagatelle. Jusque-là il n’avait pas regardé d’autre femme, mais elle craignait de plus en plus de le voir chercher ailleurs si elle ne se montrait pas assez adroite.

Il avait peut-être été assez faible pour se laisser mener par sa mère, mais dans une situation critique il pouvait se révéler aussi dangereux qu’un serpent à sonnettes.

Il est merveilleux ! Et tellement… tellement primitif ! Carrie ! Je suis amoureuse de lui ! C’est le premier homme qui compte vraiment pour moi ! Je vais l’épouser !

Elle avait la poitrine plate comme une galette, ce qui faisait son désespoir car elle admirait beaucoup les stars au buste opulent. Elle était affligée de larges hanches de matrone qu’elle comprimait tant bien que mal dans les gaines les plus cruelles qu’elle pût trouver. Seules ses jambes longues et minces lui apportaient une certaine consolation.

Il est toujours difficile d’admettre qu’un être n’ait pas une qualité compensant ses défauts, mais il eût été difficile d’en trouver une seule chez les Crâne. Tous deux étaient naturellement menteurs, fourbes et malhonnêtes, égoïstes, mesquins et totalement antisociaux. La seule qualité – si l’on pouvait appeler cela ainsi – qu’on aurait peut-être pu leur reconnaître, c’était leur amour mutuel absolument extraordinaire. Comme ils étaient jumeaux, il existait entre eux un lien qui résistait à toutes leurs querelles et à leurs perpétuelles bagarres, car ils se battaient souvent ensemble comme des bêtes, Chita rendant coup pour coup. Mais si l’un d’eux tombait malade, ce qui arrivait rarement, ou avait des ennuis, ce qui était plus fréquent, l’autre se trouvait toujours là, prêt à le soutenir, sans se soucier des risques courus. Ils comptaient entièrement l’un sur l’autre, partageaient le meilleur et le pire et, si l’un d’eux avait un dollar, il allait de soi qu’ils le partagent.

Enfin, c’est du passé. C’est comme ça qu’il faut le voir… du passé.

A soixante ans, on ne marche plus comme un jeune homme.